À Death Valley se succèdent déserts torrides et sommets enneigés. Canyons étroits et dunes à perte de vue. Soleil aveuglant et nuits étoilées. Et c’est lorsque la fraicheur de l’automne chasse la chaleur mortelle de l’été qu’il faut profiter de cette étonnante terre de contrastes.

La boucle panoramique Artists Drive

Le ranger descend de son imposant VUS, avec un air grave, pour s’approcher de notre table de piquenique à Furnace Creek, le point central du parc. Un café à la main, nous profitions tranquillement des relents d’une nuit agréablement tiède.

« Avez-vous pris connaissance de l’avertissement météo ? » demande-t-il avant de nous informer que des vents de 90 km/h sont attendus en fin d’avantmidi. « Vous ne serez pas en sécurité ici, même dans votre autocaravane », dit-il en pointant notre classe C, louée à Las Vegas, à moins de trois heures de route.

« Vous ne serez pas en sécurité ici, même dans votre autocaravane »

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Le café rapidement avalé, nous mettons donc le cap sur un camping rustique, bien protégé dans un creux de montagnes. En moins de 90 kilomètres ponctués d’épingles à cheveux bien serrées, nous aurons quitté un désert situé sous le niveau de la mer pour grimper dans un canyon situé à plus de 1 220 m (4 000 pi) d’altitude.

Image Camping Caravaning Les anciennes installations minières Harmony Borax Works
Image Camping Caravaning La randonnée jusqu’à Red Cathedral est l’une des incontournables à faire dans le parc national.
Image Camping Caravaning Ces ânes seraient la progéniture de ceux qui travaillaient dans les mines de la vallée de la Mort et des environs.

À cette hauteur, plus de trace de l’aride horizon sablonneux. Tout autour se dressent des montagnes verdoyantes qu’on croirait coupées au rasoir. Les conifères, tordus par le vent, remplacent les élégants mesquites de la vallée. Le hurlement mélodieux des coyotes fait place aux braiments ridicules des ânes sauvages, vestiges du passé minier de la région. Et un froid nocturne sous les 10 °C nous fait regretter la chaleur de Furnace Creek.

C’est exactement cela, le charme de Death Valley. Cette ancienne mer devenue un désert enchâssé entre deux chaines de montagnes, notamment la plus haute de la Californie, est un amalgame étonnant de décors et de paysages diamétralement opposés. Villages fantômes et histoires scabreuses en prime.

Image Camping Caravaning Les dunes de sable de Mesquite Flat

Des décors caméléons

Ainsi, dans le canyon de Red Cathedral, un goulot étroit qui s’ouvre sur un vaste espace emmuré par des falaises ocre nous donne l’impression d’entrer dans une cité interdite. À peine un peu plus loin, sous un soleil de plomb, nous marchons sur le sol salé de Badwater Basin, d’une blancheur immaculée. On croirait entendre une mélodie d’Ennio Morricone en trame de fond.

Pas étonnant que les réalisateurs d’Hollywood et d’ailleurs aiment y planter leurs caméras depuis plus d’un siècle. La liste de films en tout genre tournés ici, dès 1923, est longue. Il suffit de se déplacer de quelques dizaines de kilomètres pour changer complètement de décor… ou carrément de galaxie.

Ainsi, pour Star Wars, George Lucas a emprunté plusieurs dunes et canyons de Death Valley pour créer Tatouine, la planète d’origine du héros Luke Skywalker. Le paysage desséché de Zabriskie Point, lui, a incarné la Sicile dans le Spartacus de Stanley Kubrick. Et Badwater Basin, avec sa blancheur éblouissante, a évoqué un paisible et lumineux univers parallèle dans Tree of Life de Terence Malick.

La lumière, si pure, est d’ailleurs l’un des plus beaux attraits de la région. Au fil des heures, la course du soleil modifie sans cesse les formes et les couleurs. Il fait étinceler une paroi colorée, il accentue un passage taillé dans le roc ou il magnifie un massif rocheux au détour d’un sentier.

Image Camping Caravaning En voilà un qui semble à l’aise dans un environnement aride

CETTE ANCIENNE MER DEVENUE UN DÉSERT ENCHÂSSÉ ENTRE DEUX CHAINES DE MONTAGNES EST UN AMALGAME ÉTONNANT DE DÉCORS ET DE PAYSAGES DIAMÉTRALEMENT OPPOSÉS.

Prendre rendez-vous avec la splendeur

« Avez-vous descendu le Golden Canyon à la fin de la journée ? » nous demande une photographe de l’Oregon à la retraite, qui fait son pèlerinage à Death Valley chaque année. « C’est à ce moment-là qu’il faut faire ce sentier. »

Dans un stationnement d’une route panoramique bien nommée Artists Drive, des habitués s’installent chaque jour, calés dans leurs chaises de camping, bière à la main. Ils attendent le moment critique où, sous le soleil de fin de journée, la montagne devient une palette de peintre, toute en vert, rose, jaune, violet et rouge.

L’absence de lumière est aussi une attraction majeure de Death Valley puisqu’elle est une réserve de ciel étoilé. Tous les soirs, dans les campings, des amateurs d’astronomie se regroupent autour de télescopes assez puissants pour admirer planètes et étoiles. Il est de mise, à ce moment, d’éteindre l’éclairage d’ambiance de son véhicule récréatif.

Il est aussi possible, simplement, de lever la tête pour se sentir tout petit sous la Voie lactée, tout en prêtant l’oreille au chant des coyotes au loin. Mais pas si loin.

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Image Camping Caravaning Le bassin Badwater est l’endroit le plus bas des États-Unis, à 85,5 mètres sous le niveau de la mer.

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