Notre pèlerinage presque annuel en Gaspésie a pris fin cet après-midi. Fidèles à nos habitudes, nous avons parcouru la péninsule en roulant dans le sens des aiguilles d’une montre. Est-ce parce que la première fois que nous l’avions fait, c’était en ce sens ? Cela est possible.
Alors que je conduisais sur la route sinueuse longeant la Baie-des-Chaleurs, je me pris à jongler aux différences entre la partie nord de la Gaspésie et la partie sud. Ici, sur la 132 qui traverse plusieurs villages et petites villes, il est facile de penser à tout ou à rien, tellement la circulation n’a rien en commun avec une heure de pointe montréalaise.
Contrairement à la partie nord de la Gaspésie, escarpée et étendant son ruban pour séparer le Saint-Laurent des montagnes, la partie sud n’est que vallons et douceur. Même l’eau semble s’imprégner du calme de la baie. Fini les grosses roches dures et sombres, seulement des plages de petits cailloux ou de sable rougeâtre.
C’est à ce moment que j’ai compris pourquoi j’avais toujours tendance à refaire ce circuit dans le même sens. Chaque fois que débute notre voyage, nous partons de la région métropolitaine, la zone du Québec affichant la plus haute densité de population et le plus fort débit de circulation.
Chaque kilomètre parcouru éloigne de cette tourmente. Au fur et à mesure que nous avançons, les villes deviennent moins grosses, la circulation moins intense. Progressivement, l’agitation des grands centres cède la place au calme. En ce sens, les côtes de la partie nord de la Gaspésie représentent le dernier obstacle vers la paix de la Baie-des-Chaleurs. Ainsi parcourue, la route devient partie d’un véritable processus de décompression mentale progressive
Je vous avais prévenu. C’est fou ce que l’esprit peut battre la campagne lorsqu’il est libéré du stress quotidien ! Au rythme des méandres de la route, la divagation s’installe et l’humain se ressource. Bon, OK, j’ai compris, je reviens sur terre.
Rouler à vitesse réduite présente comme avantage que le conducteur peut mieux observer les caractéristiques du paysage. Je crois que jamais je n’avais autant remarqué la multitude de terrains de camping s’échelonnant tout au long de la baie. Des dizaines dont plusieurs ne sont même pas répertoriés dans le Guide du Camping. Chacun donne le gout de s’y arrêter pour savourer la beauté du paysage et la tranquillité des lieux.
Les propriétaires de ces terrains sont bien loin de se soucier de la guerre sainte que mènent d’autres exploitants hargneux jaloux des Walmart et autres stationnements hospitaliers. En discutant avec eux, on comprend vite qu’à leurs yeux, les caravaniers sont avant tout des personnes qui, en venant les visiter, leur démontrent combien ils habitent une région attirante et magnifique. L’ouverture dont ils font preuve et leur attitude accueillante tranchent avec la mentalité de certains campings considérant les caravaniers comme des citrons qu’il faut presser au maximum. Les gens d’ici ont compris que gentillesse, service et compréhension représentent la meilleure stratégie de marketing pour nous donner le gout de revenir. Et ça marche !
En milieu d’après-midi, nous avons traversé la frontière séparant le Québec de la côte acadienne. Nous y avons retrouvé la même ouverture et la même chaleur dans l’accueil. Les Acadiens nous ressemblent beaucoup. Pour peu, on aurait l’impression de visiter des membres de la famille.
Quel beau descriptif, et seulement de grandes vérités…
100% d’accord avec vous.