Une petite déprime

Il y a une semaine, j’ai connu un nouveau moment de découragement. Pas à cause du voyage proprement dit. Notre périple se déroule bien. Nous découvrons des lieux exceptionnels et nous rencontrons des gens formidables. Mais les aléas, hélas, restent nombreux.
Prenez ce jour de déprime. Après le petit déjeuner, nous avons skypé avec Étienne, qui venait de recevoir un avis de Revenu Canada accusant Lise d’avoir pris trop de REER. Une belle merde en perspective, même si c’est inexact.
Puis, nous devions faire réparer un stabilisateur cassé avant de pouvoir reprendre la route. À 11h, nous n’avions toujours pas reçu de coup de fil du concessionnaire Leisure de Kelowna. Je décide de me rendre sur place. J’apprends que la pièce est arrivée, mais qu’on n’a pas l’équipement nécessaire pour l’installer. La moutarde commence à nous monter au nez.
La responsable du service fait des démarches pour trouver dans les environs un atelier capable d’effectuer la réparation. Elle finit par en trouver un, où l’on nous reçoit très gentiment. Mais on n’est pas pour autant au bout de nos peines. Leisure a envoyé deux stabilisateurs, même si l’un des deux fonctionne encore très bien. Puisqu’ils sont déjà payés, on nous conseille d’installer les deux pièces.
Je veux bien. Sauf que l’une des deux n’a pas la bonne dimension. Heureusement – et c’est le seul élément positif dans cette affaire –, la pièce trop grande devait remplacer celle qui fonctionne encore bien. Le mécano remplace donc le stabilisateur défectueux, réinstalle le bon et remet dans sa boîte celui qui est trop gros.
Retour chez le concessionnaire, à qui l’on demande de négocier avec Leisure Travel pour nous faire rembourser. On attend des nouvelles.
Bref un bourbier dont j’ai dû me dépêtrer encore une fois en anglais, une langue que je parle, bien sûr, mais que je ne maîtrise pas parfaitement. Quand je parle «english» dans des conditions stressantes, je me sens comme un plongeur qui tente un périlleux arrière avec trois vrilles. Il m’arrive d’amerrir sur le ventre et d’éclabousser les juges au passage.
Ce jour-là, je vous l’avoue, j’ai eu envie de rentrer.
Toutefois, il n’y a pas eu que de mauvaises nouvelles cette semaine. Ainsi, nous avons fini par récupérer les commissions payées en trop à notre agence de location, à la suite du départ inopiné du premier locataire de notre condo. Une grosse somme qui tombe pile au moment où les grosses factures s’accumulent.
Reste à récupérer le coût de la réparation de notre Grande bleue, percutée dans un parking de Bryce Canyon, en avril. Comme le montant est inférieur à notre franchise, il me faut moi-même faire les démarches auprès de l’assureur américain. Mais l’experte en sinistres de La Personnelle me donne un coup de main. Ce dossier devrait débloquer lui aussi.
Le carnet du caravanier
Nous avons passé quelques jours au Canyon Farm RV Park, un petit camping rural très coquet et très propre, à une quinzaine de kilomètres de Kelowna. La proprio élève des poules. En liberté, cela va sans dire, et très affectueuses. Dès que nous nous emmenions près de leur enclos, les poules venaient, que dis-je, se précipitaient à notre rencontre. J’ai été enchanté de voir que j’avais autant de succès auprès des poules.
J’en ai aussi auprès des souris. Mais de cela, vous vous doutez bien, je me passerais volontiers. Toujours est-il qu’une nouvelle souris s’est invitée dans notre autocaravane. Je dis une nouvelle, mais ce n’est pas exact, le précédent rongeur malotru étant plutôt un rat. Cette fois, c’était bien Miquette.
Elle s’est rapidement trahie en bouffant nos pâtes. Des Biotalia, en plus, les meilleures. Ah la vache! Pardon! Ah la souris! Son repas nocturne a fait tellement de bruit que nous l’avons rapidement localisée. Forts de notre expérience et bien armés cette fois, nous avons promptement installé le piège que nous avait laissé l’exterminateur, il y a quelques mois en Floride. Chère cette trappe, mais drôlement efficace. Quelques minutes plus tard, Miquette se retrouvait au paradis des souris.
Lise vous fait ses amitiés. À samedi prochain dans les Rocheuses, où nous visiterons le lac Louise, Banff et Jasper.
C’est certain qu’on s’imagine souvent que les voyages, c’est tout du bonbon. La preuve, quelques mois après notre retour, on ne se rappelle que les bons souvenirs. Les mésaventures deviennent des anecdotes.
Mais quand on part plusieurs mois comme vous, finalement les journées peuvent ressembler à celles qu’on passe » à la maison » avec des hauts et des bas, des problèmes à régler, des humeurs à affronter, des relations à entretenir…
Et « comme à la maison », le sourire revient en regardant un paysage, en apercevant un oiseau ou une fleur rare. Bonne continuité.