Après avoir consacré les deux billets précédents à discuter technique, j’avais le gout de redonner un peu de couleur de vacances à ce blogue. Cela, d’autant plus que mon périple hivernal tire à sa fin et que la pensée d’un retour au bercail à la mi-avril devient chaque jour de plus en plus agréable.

Je m’attarde donc aujourd’hui, à trois lieux visités ces dernières semaines. Le premier, un parc de la chaîne Carefree, le Red Oaks, situé à Bushnell, une petite ville d’environ 2 000 habitants et 14 temples religieux, aux deux tiers nord de la Floride et à mi-chemin entre l’Atlantique et le golfe du Mexique.

Avec ses 1 800 emplacements, ce parc, où les maisons préfabriquées partagent le terrain avec des véhicules récréatifs, constitue une destination peu connue des Québécois, mais oh combien appréciée de nos voisins Ontariens. Lieu idéal pour qui recherche la tranquillité et une température clémente aux écarts chaud-froid peu prononcés, il ne faut pas se surprendre que plusieurs semi-sédentaires y établissent leurs quartiers d’hiver. On y trouve pas moins de trois piscines dont la répartition minimise les pas pour s’y rendre. À deux kilomètres, une voie ferrée et ses convois se fait discrète et le klaxon lointain des locomotives contribue à accentuer une impression de campagne. Même l’Interstate 75, pourtant adjacente au camping, joue en sourdine grâce notamment à la présence d’arbres pour en amortir le son.

Les emplacements y sont vastes et certains longent un champ où des vaches broutent tranquillement. Indubitablement, nous sommes dans la partie campagne profonde de la Floride. Sur le terrain, les résidents ont adopté un rythme à l’avenant, respectueux envers leurs voisins et contribuant à la tranquillité. On pourrait facilement qualifier l’endroit de camping banlieusard. Ce même rythme prévaut aussi dans rues de Bushnell qu’il est agréable de découvrir à vélo.

Après cette halte, nous avons parcouru quelques dizaines de kilomètres, toujours en direction nord pour établir notre campement au Lake Griffin State Park à Fruitland Park. Petit camping ombragé de seulement 40 emplacements, il est difficile d’y entrer à moins de réserver plusieurs mois à l’avance. Nous étant pris sur le tard, nous fûmes privilégiés de pouvoir y passer six jours, sur un emplacement à deux services des plus intimes. Je précise ici que sept emplacements sont à entrée directe et autant offrent une connexion à l’égout.

Ce parc, qui longe le lac Griffin, huitième en superficie de la Floride, cache le deuxième plus vieux chêne de l’état dont l’âge se situe dans une fourchette de 300 à 500 ans. Un petit canal doté d’une rampe de mise à l’eau, situé près du camping, permet l’accès au lac en bateau ou en kayaks et canoés offerts en location. Un ponton offre aussi des tours commentés aux visiteurs certains jours de la semaine.

Ce parc est situé à une quinzaine de kilomètres de The Villages, un regroupement de communautés destinés aux personnes de 55 ans et plus et dont la particularité est de mettre à la disposition des résidents et de leurs invités plus de 40 terrains de golf, la plupart accessible gratuitement.

Inutile de dire que The Villages est le paradis des voiturettes de golf. Par dizaines de milliers, elles arpentent les voies réservées et empruntent des tunnels pour traverser les rues. Les plans d’aménagement urbain n’ont rien épargné pour en faciliter leur utilisation. À l’intérieur de la ville, il est possible de se rendre partout, que ce soit à l’épicerie, chez le quincailler, le médecin, la pharmacie ou au restaurant, en cart de golf. Voilà qui explique que l’on y croise plus de voiturettes de golf que d’automobiles.

À cause de cela et pour mieux avoir une idée de The Villages, nous avons loué une de ces voiturettes pour s’y promener toute une journée. Imaginez, seulement 18,50 $, essence fournie, pour se balader de 9 h à 20 h sur des dizaines de kilomètres et visiter à loisir. Adopter pour une journée les habitudes de vie de plusieurs campeurs saisonniers, de l’inhabituel pour nous. En fin d’après-midi, nous avons mangé sur la terrasse du Red Sauce, à quelques mètres du lac Sumter et d’une des places publiques où se tiennent chaque jour des spectacles musicaux en plein air gratuits.

Du Lake Griffin State Park, nous avons repris la route vers le nord du Golfe du Mexique, que l’on nomme ici le Panhandle. Pour ceux qui l’ignorent encore, ce nom vient de la forme de l’état de la Floride qui ressemble à un poêlon et dont le Nord-Ouest constituerait la poignée.

Deux jours seulement disponibles au St. Georges Island State Park alors que nous en aurions facilement pris quelques-uns de plus.

L’accès à cette île se fait par un pont de plusieurs kilomètres qui n’est pas sans rappeler le Seven Mile Bridge après l’île de Marathon dans les Keys. Rendu sur place, des deux côtés la mer et d’interminables plages de sable. Une fois passée la guérite à l’entrée du parc, il faut encore rouler sept kilomètres pour atteindre le camping. Grands emplacements, blocs sanitaires impeccables, les parcs étatiques de la Floride sont vraiment de grande qualité.

Peu à faire cependant sur les lieux, si ce n’est de la marche, du vélo ou de la plage. Vaut mieux également avoir fait le plein de provisions avant d’arriver parce que l’épicerie la plus près est à une vingtaine de kilomètres. Heureusement les ondes cellulaires y étaient de bonne puissance, il y fut donc facile de garder le contact avec les nôtres et l’internet.

Après quelques jours au Rustic Sands de Mexico Beach, un camping membre de Passport America qui avait encore quelques places disponibles, nous reprenons la route ce matin en direction de deux autres parcs d’état, celui de Grayton Beach, un de nos préférés, et un autre en découverte, le Big Lagoon, toujours sur le golfe, mais tout juste avant la frontière de l’Alabama.