Ça y est, une autre année qui vient de commencer. Habituellement, la bascule de l’une à l’autre représente pour plusieurs un moment privilégié pour faire le point sur sa vie, ses habitudes, ses espoirs, ses rêves ou ses projets. D’autres se limitent à des souhaits conventionnels touchant la santé, le bonheur ou autre choses encore plus éthérée. Pour ma part, je choisis aujourd’hui de m’attarder aux opportunités qui se profilent à l’horizon et qui influenceront notre façon de voyager, même en véhicule récréatif.

Qu’on se le dise, une révolution se prépare et elle va bouleverser à tout jamais le mode de vie dans lequel nous avons baigné depuis notre enfance. Sans tomber dans le jeu de mots facile, on peut dire qu’elle va prendre la forme d’une véritable décharge électrique. Déjà des signes avant-coureurs ont commencé à se manifester. Peu nombreux pour le moment, ils suscitent néanmoins de nombreuses réactions. Étonnement pour certains, incrédulité, doute et même résistance pour d’autres, ils ne laissent personne indifférent.

Vous l’aurez compris, je parle ici de l’émergence des véhicules électriques. Même si, sauf exception, la plupart de ceux actuellement disponibles sur le marché sont davantage conçus pour une utilisation urbaine ou de banlieue, cette situation devrait changer du tout au tout d’ici 18 à 24 mois. Il y a donc de l’espoir pour les caravaniers.

Ainsi, l’automne dernier, j’ai eu l’occasion d’être invité par Jaguar à conduire une des trois premières iPace arrivées en Amérique du Nord, un véhicule impressionnant dont l’autonomie frôle 375 km. Certes, rouler sur telle distance impose une conduite qui n’a rien à voir avec la course automobile et qui exclue le remorquage d’une quelconque caravane, si petite soit-elle. Mais il faut y voir un pas dans la bonne direction.

Toujours dans le même segment des voitures de luxe, Audi nous annonce pour cette année la E-Tron (pour ne pas avoir l’impression qu’il s’agit d’une voiture de « marde », il vaut mieux prononcer ce nom dans sa forme anglaise [ii-tronne] qu’en français [étron]). Soucieux de ne pas concéder trop de terrain dans ce domaine d’avant-garde, Mercedes nous annonce aussi un VUS, le EQC tandis que BMW parle d’un iX3 ou d’une i4 pour 2020. Alors que Mercedes prévoit une autonomie de 400 km, BMW fait rêver avec ses 750 à 800 km. Là, les choses commencent à devenir intéressantes, d’autant plus que la capacité de remorquage serait de l’ordre de 2 000 kg.

Toutefois, la plus belle annonce nous est venue à la fin de novembre, lorsque la compagnie américaine Rivian a présenté un pickup électrique véritablement dopé aux stéroïdes ultras forts. Quatre moteurs [un par roue] pouvant recevoir en une fraction de seconde une puissance différente en fonction du besoin de traction, une suspension indépendante aux quatre roues pouvant soulever le véhicule au besoin, une capacité de rouler dans près d’un mètre d’eau, de grimper un dénivelé de 45 degrés et de passer de 0 à 100 kmh en trois secondes ne sont là que quelques-unes des caractéristiques de ce bijou.

Ce sont cependant d’autres qualités qui pourraient séduire les caravaniers. Trivian annonce aussi que son R1T pourra aisément transporter 800 kg. Côté remorquage, les nombres présentés par la compagnie font état de 5 000 kg. C’est cependant sur le plan de la puissance et du couple que cette camionnette étonne le plus : 750 cv et plus de 14 000 Nm [non je n’ai pas ajouté un ou deux zéros en trop] ou, si vous préférez, 10 325 livres/pieds directement transmises aux quatre roues. Cerise sur le gâteau, l’autonomie en mode solo sera de 650 km. Bien sûr, une caravane réduira de beaucoup cette autonomie, mais l’horizon semble se dégager pour ceux qui attendent de tels véhicules avec impatience.

Il est certain que les véhicules dont je viens de parler seront onéreux à l’achat. Ainsi, le Trivian, est annoncé à un peu plus de 60 000 $ É.U. avec sa batterie la moins puissante. Si l’on désire opter pour celle de 180 kW/h, il faudra allonger quelque 20 000 billets verts supplémentaires, toujours dans leur version Oncle Sam. Allez, nous sommes encore en début d’année, on peut se laisser aller à rêver un peu, la réalité nous rattrapera bien assez vite.

Il est cependant un autre développement intéressant qui est vraiment passé sous le radar en Amérique du Nord. En Allemagne, le constructeur Dethleffs, membre du groupe Hymer qui vient d’être acheté par le géant américain Thor, a présenté au dernier salon de Dusseldörf son camping-car E-Home, doté de multiples panneaux solaires couvrant 31 m2 et capables de produire 3 kW/h. C’est certain que l’autonomie de ce VR tout électrique est pour le moins timide, puisque l’on parle d’environ 160 km par recharge. À ce rythme, se rendre de Montréal à Miami prendrait passablement de temps.

Soucieuse d’aller vers un camping plus vert, Dethleffs développe actuellement une caravane nommée E-Home Coco. Celle-ci a de particulier qu’elle cache sous son plancher une batterie de 80 kWh reliée à deux moteurs [un par roue]. L’objectif de cette caravane est de la rendre tractable par une voiture électrique, sans qu’elle ne devienne un véritable boulet pour celle-ci. Ses moteurs interviendraient au besoin pour diminuer l’effort demandé à l’auto, par exemple dans une montée. L’apport des moteurs ramènerait cet effort à l’équivalent à une centaine de kilogrammes, cela bien que la caravane affiche un poids de 907 kg. Dethleffs doit procéder à des tests sur route dans les prochaines semaines.

Pourrait-on aussi pousser le rêve encore plus loin, par exemple en imaginant une autocaravane nord-américaine entièrement électrique ? La chose n’est pas aussi farfelue qu’on pourrait le croire. Je suis persuadé que la conjoncture est propice pour une telle évolution. La mouvance actuelle incite à une libération de la dépendance aux carburants fossiles. Les mentalités évoluent rapidement et les avancées technologiques se multiplient.

Ainsi, une compagnie de Saint-Jérôme, nommée Lion, propose déjà des autobus entièrement électriques destinés au transport scolaire qui gagnent en popularité. Dans son catalogue figurent également d’autres modèles de camions et d’autobus. Ces coquilles, moyennant quelques ajustements, pourraient sans doute se transformer en autocaravanes. Après tout, on fait bien des VR avec des autocars Prévost.

Bien sûr, plusieurs problèmes techniques majeurs restent encore à résoudre, dont le principal touche à l’autonomie de ces véhicules. Pour vraiment intéresser les caravaniers, cette autonomie devrait au moins atteindre 700 à 800 km par charge. Un défi qui me semble à la mesure du génie québécois, mais surtout qui ouvre sur la possibilité de développer une industrie toute nouvelle qui placerait le Québec au premier rang du caravaning du XXIe siècle.

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