Un pensez-y bien
Il y a près de trois semaines, un membre de la FQCC m’a contacté pour m’inciter à produire un article pour dénoncer la piètre qualité des VR et le « je m’en foutisme » des fabricants et vendeurs envers leurs clients.
Ayant, en mars 2019, acheté une autocaravane neuve aux États-Unis, deux ans plus tard, celui que je nommerai Dan constatait que la surface des sièges de la banquette présentait des signes de vieillissement prématuré se traduisant non pas par des rides, mais principalement par une délamination. Chaque jour, le pelage de la couche supérieure du revêtement se répandait comme covid-19.

Dans un premier temps, il contacta le commerçant, de qui il reçut une réponse négative sous prétexte que la garantie valide pour un an était expirée. Selon le concessionnaire, il était donc libéré de toute responsabilité légale à cet égard. Boujour, merci !
Toutefois, cherchant à se débarrasser du problème, le commerçant suggéra à Dan de s’adresser directement au manufacturier du revêtement, en l’occurrence Lippert. Considérant l’importance du coût d’un nouveau recouvrement, notre compatriote n’hésita pas un instant et s’exécuta.
Le fabricant du tissu proposa de remplacer les deux sièges de la banquette pour la moitié du coût. Par contre, en plus d’assumer 50 % du prix, Dan devrait prendre à ses frais le transport payer de sa poche pour l’installation. Comme on peut l’imaginer, cette proposition fut immédiatement qualifiée d’inacceptable.
Pendant ce temps, le pelage se propageait toujours à la vitesse de la covid-19, s’attaquant maintenant aux fauteuils conducteur et passager ainsi qu’au sofa. Début janvier, nouveau courriel à la personne qui, chez le commerçant, lui avait répondu la première fois. Suivit, le jour même, une réponse laconique l’informant que la dame ne travaillait plus au service à la clientèle et l’invitant à communiquer directement avec le fabricant du VR. Dans un grand élan de générosité, elle annexa à sa réponse un numéro de téléphone et l’adresse courriel de la compagnie à contacter.
Pour Dan, il était hors de question d’abandonner et de tout laisser tomber. Il contacta donc le fabricant, tout en faisant monter la pression d’un cran, sommant la compagnie de répondre dans les quatorze jours. À défaut, il allait entreprendre des procédures légales pour obtenir satisfaction.
Dans une première réponse, la compagnie lui expliqua que le revêtement de ses fauteuils était constitué de plusieurs couches fines de polyester collées ensemble pour faire en sorte de recréer l’aspect du cuir tout en étant beaucoup moins dispendieuses à produire.
Selon la compagnie, le délaminage du tissu aurait pu être provoqué par un remisage prolongé dans un lieu au niveau d’humidité élevée. On évoquait une réaction chimique d’hydrolyse où la trop grande humidité aurait provoqué la séparation des couches composant le tissu et particulièrement celle de la surface.
Obstiné, Dan leur rétorqua que l’hypothèse ne tenait pas la route puisqu’il était caravanier à plein temps. Six mois par année, alors qu’il était en Floride, l’air climatisé de son VR, fonctionnant en quasi-permanence non seulement en refroidissait l’intérieur, mais que l’appareil contribuait aussi à régulariser le niveau d’humidité. Les six autres mois, Dan, toujours à bord de son VR, se retrouvait au Québec, où le niveau d’humidité était nettement moins élevé qu’en Floride.
Les discussions entre les parties ne sont toujours pas terminées. Dans son dernier courriel, daté du 9 février, la compagnie a promis une réponse dans une semaine. J’aurai donc l’occasion de vous revenir lorsque de nouveaux développements se pointeront à l’horizon.
Au cours de mes conversations avec Dan, je lui ai signifié que sa mésaventure aurait sans doute plus facile à gérer s’il s’était procuré son VR au Québec. Ce à quoi, il me rétorqua avoir obtenu un bien meilleur prix en Floride. Sur ce point précis, il avait raison.
J’ai souvent expliqué que plusieurs vendeurs des États-Unis, conscients qu’ils ne reverront sans doute pas le client québécois à leur département de service, diminuent sensiblement le prix demandé pour le véhicule récréatif. Il faut garder à l’esprit que tous les revendeurs de VR corrigent, ajustent ou réparent des points faibles sur les VR pour lesquels le fabricant refusera de les dédommager. Dans certains cas, ce service à la clientèle non remboursé peut occasionner une perte sèche pour le vendeur qui doit le fournir pour se créer une bonne réputation et se fidéliser une clientèle de plus en plus volatile.
L’acheteur qui ramène au pays un véhicule acheté aux États-Unis doit également, s’il souhaite régulariser sa situation en l’immatriculant au Québec, s’occuper de la paperasse liée à l’importation, procéder à une inspection de conformité de la machine, suivi d’une autre d’ordre mécanique avant de procéder à l’immatriculation. Il perd également la possibilité d’appliquer à son achat un crédit pour les taxes tps-tvq, correspondant à la valeur du véhicule laissé en échange. Sur un VR d’une valeur de 200 000 $ pour lequel on laisse en reprise son ancien valant encore par exemple, 100 000 $, cela représente 15 000 en taxes en moins à débourser.
Cependant, le plus important, et sans doute ce qui a rendu la vie plus compliquée à Dan, c’est le fait que son achat n’ayant pas été fait au Québec, les recours prévus par la loi sur la Protection du consommateur lui sont interdits. Il se retrouve donc sans protection, seul sur la glace contre des compagnies bardées d’avocats dont la mission est de complexifier les procédures et de laisser traîner en longueur les démarches de remboursement formulées par des clients insatisfaits, jusqu’à ce que, de guerre lasse, ils abandonnent. Et tout ça en anglais !
On pense faire des économies en faisant affaires aux États-Unis. Oui, si on a la chance de ne pas avoir de troubles avec notre VR. Or, existe-t-il des VR sans problèmes? Quant à moi, je préfère payer un peu plus cher ici au Québec et avoir un endroit pour faire réparer les problèmes sous garantie et si les problèmes ne se règlent pas, alors, on a un recours.
Combien de fois avons-nous entendu des plaintes concernant les réparations sous garantie que les concessionnaires d’ici ne voulaient pas honorer ou retardaient indument les réparations car ce ne sont pas eux qui ont vendu le VR acheté aux États. Les concessionnaires savent qu’ils ne peuvent tout réclamer du manufacturier.
L’expérience déplorable que vit Dan devrait être une sonnette d’alarme pour tous ceux/celles qui rêvent de Liberté en VR. Trop souvent la qualité douteuse des matériaux ne correspond pas au prix demandé. Entre usure normale et usure prématurée les opinions divergent. Le plus petit marché du VR au Québec incite sans doute les détaillants et manufacturiers à mieux servir leur clientèle s’ils comptent sur le retour d’un client satisfait qui veut remplacer son véhicule.
J’apporte une nuance au commentaire d’Estelle. Certains VR, et cela vaut également pour des automobiles, sont assortis d’une garantie qui spécifique au pays au marché auquel ils sont destinés. Dès que l’on se retrouve dans un pays différent de celui où on se l’est procuré, la garantie ne s’applique plus.
J’ai personnellement vécu cette expérience sur ma Mercedes GLK 250 alors qu’un capteur d’azote ayant fait défaut, il m’en avait coûté près de 10 000 $ pour le faire réparer alors que j’étais à Miami. La couverture de ma garantie ne s’appliquant pas chez les revendeurs MB des États-Unis, j’avais donc été contraint formuler une réclamation à MB Canada à mon retour au pays, quelques semaines plus tard. Évidemment. Mercedes Benz m’avait remboursé.
Je peux donc comprendre que certains certains concessionnaires de VR québécois ne puissent honorer la garantie du fabricant pour un VR destiné aux États-Unis, cela même si un modèle similaire est disponible sur le marché canadien. À territoires différents, garanties différentes.
D’une importance moindre, j’ai vécu une histoire semblable avec le fabricant. Étant sur le coup d’un rappel d’une pièce pouvant être dangeureuse et étant en déplacement, j’ai dû la remplacer moi-même. Pas de problème jusque là, le formulaire de rappel permet la réclamation de la dite pièce en fournissant la facture, le numéro du rappel et celui de la série de la caravane en question en incluant une photo de la vieille pièce et de la nouvelle. Mais le fabricant refuse de me rembourser non pas parceque cela n’est pas conforme, mais il me demande mon numéro d’assurance social… (il en n’ est pas question…)
Pratique bizare pour rembourser une pièce et une façon de ne rien payer… Quand le remboursement vient directement du fabricant américain pour une caravane vendue au canada, ce n’est pas toujours évident.