Un nouveau mot pour votre dictionnaire
Le vocabulaire utilisé pour décrire l’environnement dans lequel nous évoluons, les appareils et outils que nous utilisons ou encore les multiples secteurs de l’activité humaine ne cesse de s’enrichir. Chaque jour, de nouveaux termes apparaissent pour subdiviser ce qui nous entoure avec comme objectif, de mettre en relief des aspects spécifiques de ce dont on veut parler. Des mots, souvent imaginés et popularisés par nos voisins américains dont la langue présente une attirance déconcertante à puiser dans les onomatopées pour en créer de nouveaux.
Pour illustrer ce que je veux dire, prenons le mot « buzzer » (à prononcer bozzeur et non pas bozzé). Faisant fi de toutes les caractéristiques de l’évolution du langage humain, il est directement inspiré du son émis par une lamelle métallique vibrant sous l’influence d’une impulsion électrique « bzzz bzzz ». Ne cherchez pas une quelconque influence grecque ou latine pour comprendre d’où vient ce mot, contentez-vous de l’entendre et vous en devinerez la définition.
Le monde du VR n’échappe pas à cette tendance lourde et encore moins à l’influence américaine. Camping, caravaning, glamping, RV resort, boondocking, vanlife et combien d’autres sont maintenant intégrés dans le langage populaire. Intégrés oui, mais en même temps non. Ainsi, entendre un Québécois prétendre vivre la vanlife alors qu’il voyage dans une roulotte tirée par une automobile a de quoi donner de l’urticaire.
Même chose lorsque certains caravaniers affirment avec condescendance fréquenter des « resorts » et non pas des campings. Pourtant le mot anglais « resort » désigne une station balnéaire destinée à accueillir des vacanciers et des touristes auxquels elle propose une brochette de services et d’activités. Ces « resorts » se déclinent en plusieurs types d’établissements : hôtel, auberge, maisonnettes, club Med, tout inclus à Cuba ou ailleurs… et même un terrain de camping. Alors, lorsque vous entendez un quidam mentionner qu’il passe souvent les mois d’hiver dans un « resort », il n’est pas inapproprié de lui demander de préciser la variante qu’il utilise. On repassera pour la précision !
Non, ce matin, je ne cherche pas à vous donner un cours de linguistique 101. Loin de là ! Dans la foulée de l’annonce de notre retour à la vie nomade, plusieurs amis, connaissances et lecteurs de ce blogue, craignant sans doute que Michelle et moi en soyons réduits à dormir sur le bord d’une route ou dans une rue, se sont manifestés, nous invitant à nous arrêter sur leur terrain, certains offrant même de mettre à notre disposition un branchement à l’électricité et à l’eau. Je les en remercie avec gratitude. Sans le savoir, ils nous proposaient de faire du « moochdocking ». Et voilà, vous comprenez maintenant le lien avec les premiers alinéas de ce billet.
Au même titre que le fut omicron pour le coronavirus d’origine et de triste mémoire, « moochdocking » constitue un variant de « boondocking ». Dérivé de « boondocks » un mot tatalog (une langue parlée aux Philippines dans laquelle des militaires américains avaient puisé ce mot exotique qu’ils ont ramené avec eux à la suite de guerres dans cette région du monde). Sa signification première réfère à des broussailles et, par extension, à de concepts comme hors des sentiers battus ou arrière-pays, tout comme le mot « outback » employé en Australie.
De « boondocking », « moochdocking n’a gardé que la finale et remplacé “boon” par “mooch”. Je n’aime pas particulièrement ce préfixe qui comporte un aspect péjoratif en se rapportant à quelqu’un qui cherche à obtenir sans rien débourser, un service ou un avantage d’un proche, d’un parent ou d’une connaissance. Certains dictionnaires vont encore plus loin et le traduisent ainsi : personne cherchant à vivre aux crochets d’un autre. Devenir parasite, trop peu pour moi ! Mais, trop d’Américains n’ayant jamais ouvert un dictionnaire, ils n’ont que faire de nuances péjoratives.
« Moochdocking » désigne donc le fait d’utiliser son VR pour aller visiter quelqu’un et séjourner chez lui. Cette activité présente plusieurs avantages dont le premier est de minimiser le dérangement imposé à son hôte. S’ajoutent également la tranquillité et l’intimité de pouvoir regagner son environnement personnel après avoir renoué avec des parents, des amis ou même après avoir vécu de bons moments ayant permis de découvrir des personnes intéressantes.
À cause de ces éléments, le « moochdocking » offre à mes yeux l’opportunité d’une rencontre agréable qui efface du coup toute connotation négative que pourrait inspirer son nom. D’ailleurs, ce concept constitue la base même de la philosophie à l’origine du mouvement Boondockers Welcome, où des propriétaires invitent des caravaniers, de parfaits inconnus de passage, à s’arrêter chez eux pour une nuit. Une autre tendance lourde en nette progression qui nous vient des États-Unis.
Bonjour Paul, salutations à Mme Michelle!
Quelle horreur que ce mot que je n’ose pas écrire. Déjà que je me refuse à utiliser le mot «boondocking», employés à toutes les sauces pour décrire plusieurs manières différentes de camper. Je préfère parler de camping urbain ou furtif lorsque je m’installe pour la nuit dans un endroit sécuritaire, qui n’est pas interdit par règlement ou le propriétaire du lieu. Lorsqu’on accepte l’hospitalité d’un site inscrit à Boondockers Welcome, il me semble qu’on est loin de l’arrière-pays, de la broussaille…Est-ce que stationner dans un Cracker Barrrel, un Terego ou avec Nuitée en VR constitue du «boondocking»? De la «Vanlife?…Mes années de cours classique m’ont sans doute tendu trop puriste…
En terminant, Félicitations à vous deux pour votre choix courageux de retourner à
une véritable «Vanlife», qui saura vous garder jeunes encore longtemps, indépendamment du vocabulaire utilisé. L’important, c’est la route! Bon vent!
Intéressant toute cette néologie pour mieux se comprendre….ou pas toujours. J’ai un copain qui m’a invité à aller coucher dans son VR au milieu d’une forêt privée. Quand j’en ai parlé à ma compagne je lui ai dit qu’on ferait du couchsurfing en boondocking en formule moochdocking. Elle m’a répondu d’y aller seul. J’avais pas les bons mots faut croire.
Marc, j’apprécie beaucoup votre sens de l’humour! Meilleure chance avec votre compagne la prochaine fois…🚘🚐🚗
Disons que le 21 mai à 16h15, c’est un autre mot que j’ai appris. En fait, je l’ai appris plus tard, après un vacarme de trois secondes tout au plus.
Et je ne m’en suis pas encore tout à fait remise, même si, au moment d’écrire ces lignes — lundi 6 juin – je visite l’île-du-Prince-Édouard, le paradis des cottages.
C’est le mot « derecho ».