Un astronouille chez les astronautes
J’avais 16 ans quand le président Kennedy a promis la Lune à ses concitoyens et du coup au monde entier. Mais la conquête de l’espace m’a peu passionné à cette époque. Manque d’intérêt sans doute pour la science, comme en témoignaient mes résultats médiocres en chimie et en physique.
Il faut dire que pour être astronaute, comme on le voit dans le film L’étoffe des héros (The Right Stuff), il ne faut avoir peur ni des endroits clos, ni du noir, ni de l’eau, ni des hauteurs, ni du vide, ni de la mort. Il faut n’avoir peur de rien, en fait. Tout le contraire de moi. Je m’identifiais plus au personnage de Proust qui ne pouvait s’endormir sans que sa mère vienne lui dire bonsoir, qu’à John Glenn ou à Neil Armstrong. Comment rêver d’être astronaute quand j’étais à ce point astronouille?
Depuis cependant j’ai commencé à m’intéresser à la grande aventure spatiale. Aussi ai-je volontiers accompagné Lise au Cap Canaveral, où la Nasa a établi un imposant complexe touristique, qui retrace les grandes étapes de la conquête américaine de l’espace. Deux programmes sont en vedette : Apollo et Atlantis, qui ont droit aux deux principaux bâtiments.
La Nasa, il faut bien le dire, a fait les choses en grand. Le Centre spatial Kennedy est impressionnant, voire grandiose. On dira que c’est un gros show à l’américaine. C’est vrai, mais il est touchant comme le sont les meilleurs films américains. Nous avons été tous les deux émus à plusieurs reprises en visitant cet immense complexe (prévoyez une bonne journée pour le visiter), qui rend hommage aux milliers d’hommes et de femmes qui ont rendu possibles ces grandes réalisations.
Devant ces beaux exemples de courage et d’ingéniosité, je me suis dit que si nous décidions de consacrer aux changements climatiques les efforts nécessaires, il serait possible de trouver des solutions. Mais c’est naïf sans doute, car le grand bouleversement du climat fera des perdants économiques, à commencer par nos sables bitumineux.
Quelques heures plus tard, c’était l’horreur à Paris, frappé par de multiples attentats. En tant qu’espèce nous sommes vraiment capables du meilleur et du pire. Nous vivons à la fois les Lumières et la Grande Noirceur. Leur cohabitation est bien explosive.
On gèle sous la clim
La météo prévoyait 29 degrés le jour où nous sommes rendus au centre spatial. Lise craignait d’avoir trop chaud, mais en fait nous avons eu froid. C’est que tout ou presque se passe à l’intérieur. Or les Américains confondent climatisation et réfrigération, comme nous le faisions au Québec quand est apparue la clim. Depuis nous avons compris que ce n’était pas nécessaire de claquer des dents. Nos voisins, non. Dans l’autobus qui nous fait faire le tour de la base, il faisait si froid qu’on se serait cru dans un camion réfrigéré.
Un peu de tourisme à St Augustine
La veille, nous avions joué aux touristes à St Augustine, la plus vieille ville d’Amérique. Eh oui, avant même Québec quoiqu’en dise le maire Labeaume. Les Espagnols, qui avaient commencé à fréquenter le site dès 1513, s’y sont installés à demeure à partir de 1565. Il ne reste évidemment rien des débuts de la colonie. La construction la plus ancienne, et sans doute la plus intéressante, est une solide et imposante forteresse, le Castillo de San Marcos, dont la construction a été entreprise en 1672.
Les maisons du quartier historique, qui est attenant, datent quant à elles du XIXe siècle. Ce quartier ne vit que par et pour le tourisme. N’y cherchez pas une vie locale ; il n’y a pour ainsi dire que des boutiques, des cafés et des restaurants. Mais si vous acceptez de porter votre chapeau de touriste pour quelques heures, les lieux sont plutôt agréables, les demeures sont coquettes et les boutiques sont de bon goût. Ce qui est un peu agaçant par contre, c’est qu’on essaie constamment de vous vendre quelque chose rue St George. Ici, des tours de ville, là des parfums, ailleurs des frites. Partout, les commerçants vous attendent comme les moustiques dans un parc de Floride.
Lise vous fait ses amitiés. On se revoit samedi prochain.
P.-S. Vous pouvez laisser un commentaire ci-dessous ou m’écrire à paul.roux@live.ca. Je n’ai pas toujours le temps de répondre, mais je prends toujours le temps de vous lire.
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