Rien ne vient plus gâcher une sortie de camping qu’une situation d’urgence médicale. Si certaines situations nécessitent absolument les soins d’un professionnel de la santé immédiatement, force est d’admettre que, fort heureusement, la majorité des situations peuvent être gérées sur le lieu même et par les personnes présentes. En ce sens, l’expression anglophone « une once de prévention vaut mieux qu’une livre de soins » prend toute son importance, car pour gérer une telle situation, faut-il encore être prêt (comme un scout ?) !
Si vous faites du camping et des activités de plein air depuis quelques temps déjà, il vous est certainement arrivé de faire face à des problèmes de santé. Un rapide sondage sur les réseaux sociaux de la Fédération québécoise de camping et de caravaning (FQCC) révélerait certainement une tonne d’anecdotes intéressantes et espérons-le, au dénouement heureux. De mon côté, j’ai cessé de compter le nombre de situations, tellement la liste est longue…
Prenez la fois où, alors que je guidais un groupe de kayakistes le long de la côte du Cap-Breton, un client s’est disloqué l’épaule en accostant. L’évacuation à travers les bois a pris une bonne journée, et le pauvre diable grimaçait tout le long en souffrant en silence. Cependant, le support de fortune fait avec un bandage triangulaire a grandement contribué à soulager la douleur en supportant son bras. Et que dire de cette fois où un feu de camp s’est emballé (à moins que ce soit la personne y ayant mis des branches de sapin qui y soit allé un peu fort) et que des brûlures superficielles au visage et aux avant-bras ont été le résultat de ce feu de joie exubérant. Une autre fois, en revenant d’un voyage dans le sud de la Floride, je note que mon fils se tortille et n’arrive pas à dormir alors que l’on roule aux petites heures du matin. Une rapide inspection révèle la présence d’une tique dans son dos. Et que dire de cet ami qui, en vacances dans le sud, a appris avec étonnement qu’il était fortement allergique aux morsures de fourmis rouges. C’est à l’hôpital le plus près qu’il a pu obtenir le soulagement nécessaire. Et…la liste est longue, je vous disais. Tout ceci pour dire que les situations où une intervention rapide est nécessaire sont fréquentes et variées et que dans ces circonstances, être prêt à réagir vaut son pesant d’or.
Des facteurs à prendre en considération
Se précipiter pour acheter un ensemble de premiers soins déjà monté n’est pas une panacée. Ce serait se créer un faux sentiment de sécurité que de ranger ainsi cette trousse au fin fond des bagages et ensuite l’oublier, pensant que l’on est couvert pour toutes éventualités. Quand on pense à se préparer afin de mieux réagir face à un incident de nature médicale, il faut prendre en considération plusieurs facteurs dont en voici une courte liste, dans aucun ordre précis.
Le nombre de personnes dans le groupe. Cela a tout particulièrement un impact sur le nombre d’articles de chaque sorte que doit contenir le l’ensemble. Ainsi doit-on prévoir 10 bandages adhésifs ou plus? Le type d’activité pratiquée. Allumer des feux de camp régulièrement augmente le risque de brûlures alors que des activités sportives comme le vélo de montagne apporte son lot d’éraflures et que la pratique du kayak est propice aux dislocations d’épaule. La randonnée, une activité des plus populaires, nous place quant à elle plus à risque de développer des ampoules au talon, par exemple. Il faudra donc prévoir ajuster le contenu en fonction des risques potentiels. L’éloignement. Plus on s’éloigne de la civilisation et plus les risques augmentent. Souffrir d’un choc anaphylactique alors que l’on est à 300 km de chemin forestier du premier centre hospitalier n’a pas les mêmes conséquences que si l’on campe au parc des îles de Boucherville. L’isolement et les routes d’évacuation possibles ont donc un impact non seulement sur la nature des items à considérer mais aussi leur quantité.
L’état de santé des participants. Une maladie connue, comme le diabète, l’asthme, un problème cardiaque ou des allergies implique évidemment de se munir des médicaments (prescris ou non) adéquats. L’âge des membres du groupe. Si les jeunes enfants sont plus à risque d’avoir des éraflures, coupures et brûlures compte-tenu de la nature de leurs activités mais aussi de leur insouciance naturelle, les personnes plus âgées, malgré leur sagesse (!), sont plus sujettes à des problèmes liés aux articulations, à de l’insuffisance respiratoire et certainement, car c’est inéluctable, aux problèmes de vision de près (une paire de lunettes supplémentaire, peut-être?). Le niveau de compétence. Il est clair que le campeur qui est un professionnel de la santé a les connaissances pour poser un diagnostic adéquat et ensuite choisir et appliquer le traitement de la bonne façon. Ainsi, il est inutile de se procurer des outils ou des médicaments dont on ne connaît pas l’usage (vous avez déjà fait des points de sutures, vous?). C’est même carrément dangereux. Qui plus est, suivre un cours de premiers soins et de RCR (et renouveler ses cartes régulièrement) est un must pour quiconque veut se préparer à toute éventualité. Le lieu et le pays visité. Dans un premier temps, l’endroit où l’on campe a un impact en raison de la nature même du système de soins disponible. Si en Amérique du Nord et en Europe, les normes sanitaires et les services sont généralement de haut niveau, il peut en être autrement dans les pays du sud et en Afrique, notamment. Les cliniques peuvent se faire rares, le personnel qualifié encore plus rare et les médicaments… peu disponibles. Dans un deuxième temps, avec le pays vient le climat. Et qui dit climat dit température, humidité mais aussi faune et flore variées. Si les risques de coups de soleil sont importants dans le Sud, les engelures sont le propre du Nord. Les morsures de serpents ou de scorpions et les brûlures dues au contact avec les méduses (jellyfish) sont à considérer dans les pays chauds alors que les réactions cutanées suite au contact avec des plantes comme l’herbe à puce ou la berce du Caucase sont fréquentes chez nous. Ouf…ça fait bien des choses à considérer! Et surtout les variables sont si nombreuses qu’il est impossible qu’une trousse commerciale à usage général puisse satisfaire à toutes vos exigences. C’est toutefois un excellent point de départ qu’il vous suffira de compléter selon vos goûts. Si vous avez un peu de temps et d’intérêt, il est aussi souvent moins dispendieux de monter soi-même de A à Z son kit de premiers soins.
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Texte et photos : Dany Coulombe
Camper au Québec 2022
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