Notre corps est constitué de près de 60 % d’eau. Une eau qui assure des fonctions vitales nombreuses et variées. Une eau essentielle à toute forme de vie. Je n’ai pas à vous dire qu’il vous faut boire de 2,5 à 3,5 litres par jour pour être en santé, ça, vous le saviez déjà. Mais puisqu’il nous faut boire autant et souvent, ça complique parfois les choses quand on est en camping. Je vous explique.
En camping, comme à la maison, on a besoin d’eau pour boire, se laver et cuisiner. Si à la base, de l’eau pure c’est une molécule d’oxyde de d’hydrogène, il faut comprendre que l’eau disponible et nécessaire pour les différentes tâches peut grandement varier dans sa qualité et sa nature. De toute façon, de l’eau pure, c’est rare et pas forcément la meilleure eau à utiliser. L’eau à boire (et pour cuisiner) doit être potable, ce qui, dit ainsi est un pléonasme en soi. C’est-à-dire qu’elle doit avoir certaines caractéristiques associées à sa limpidité, son goût, son odeur mais aussi à son pH, sa concentration en minéraux et être exempte de contaminants chimiques ou bactériologiques pouvant causer des maladies. Autrement dit, une eau distillée, ou pure, n’est pas potable (elle ne contient pas de minéraux)! Toutefois, l’eau de lavage n’a pas forcément à être potable. Une eau avec peu de sédiments, sans odeur forte et sans coloration excessive (pouvant tâcher les accessoires) fera parfaitement l’affaire. Quelle économie d’eau potable, d’argent et de temps!
L’eau en camping
L’eau d’aqueduc des grandes villes nord-américaine est traitée et vérifiée régulièrement. À moins d’exception, on peut donc la boire sans hésitation. Si l’eau à la maison provient d’un puits, il appartient au propriétaire de faire les tests nécessaires (régulièrement!) et de corriger la situation s’il y a lieu. Mais en camping, qu’en est-il? Force est d’admettre que la qualité de l’eau est souvent très variable. Elle provient à l’occasion d’un système d’aqueduc municipal mais plus souvent qu’autrement d’un système de traitement des eaux local (aux performances et inspections parfois questionnables) et même d’un puits, directement, sans aucun traitement. Même si l’eau est potable (on le souhaite mais le doute subsiste parfois), il arrive souvent qu’elle soit tellement chlorée que le goût nous rebute. Sachant qu’une eau impropre à la consommation peut être contaminée par des bactéries comme E. Coli ou la Salmonelle, des protozoaires comme Giardia lamblia ou même des virus comme le Norovirus (qui cause des gastroentérites virales), il y a de quoi s’en inquiéter.
Pour ce qui est l’eau de lavage, comme mentionné, il n’y a généralement aucun problème quant à la qualité de l’eau, on l’utilisera donc telle quelle. Pour ce qui est de l’eau potable, plusieurs solutions s’offrent à nous. Dans les grosses autocaravanes de classe C ou A, des systèmes de traitement à cartouches sont installés en permanence à l’entrée d’eau. Concentrons-nous plutôt sur le camping rustique, en tente ou avec un petit véhicule sans équipement déjà intégré.
Le traitement des eaux consiste généralement à enlever les particules en suspension (minérales ou organiques), corriger le goût (chlore, soufre…) et, idéalement, retirer aussi certains contaminants chimiques et organismes pathogènes (bactéries, protozoaires, virus…). C’est pour cela que certains systèmes ont plusieurs cartouches, ou stages, mais d’autres méthodes sont plutôt du type tout en un. La filtration est la méthode privilégiée pour retirer les particules en suspension. Un filtre à plis ou en céramique aux pores assez petits pour clarifier l’eau mais pas trop pour se boucher rapidement représente la première étape. Une filtration plus fine, comme celle de l’osmose inverse, peut même retirer certains minéraux et protozoaires (mais pas les virus). Ensuite, le passage à travers un filtre au charbon activé corrige souvent le mauvais goût. Enfin, un traitement chimique ou aux rayons ultraviolets a pour but d’éliminer les organismes vivants pathogènes.
Choisir la bonne méthode
Afin de choisir la méthode la mieux adaptée à nos besoins, il nous faut définir…ces besoins ! Le débit et la capacité du réservoir (s’il y a lieu) est fonction du nombre de personnes assoiffées. Les besoins d’une petite famille sont plus grands que ceux du campeur solitaire. La qualité de l’eau, à la source, a aussi un impact majeur sur le système à privilégier. Par exemple, si l’eau est potable mais que l’on veut seulement améliorer le goût, la solution est simple, mais si l’eau est douteuse à tous les points de vue, un traitement plus complet est nécessaire. La durée de vie des cartouches, leur entretien et le coût sont aussi à considérer.
Des pistes de solutions
En camping rustique, alors que l’on fait du camping en tente loin de toute civilisation, trois options s’offrent à nous. Faire bouillir l’eau pendant quelques minutes demeure un moyen simple d’éliminer la très grande majorité des organismes pathogènes. Il faudra vraisemblablement puiser de l’eau la plus propre possible, ou la filtrer à travers un bandana, et attendre qu’elle refroidisse pour la consommer. C’est une méthode simple, mais qui nécessite beaucoup d’énergie (bois ou propane/butane), de temps et ne corrige ni le goût ni l’apparence de l’eau. Un traitement chimique est une méthode plus rapide, peu coûteuse et compacte de purifier l’eau. Encore une fois, filtrer l’eau trouble avant le traitement est souhaitable. On a tendance maintenant à éviter les pastilles et les gouttes d’iode en raison de leur danger pour la santé (sans parler du mauvais goût qu’ils donnent à l’eau traitée) et on se tourne plutôt vers des comprimés de dioxyde de chlore, comme Pristine.
Toutefois, la température de l’eau et sa turbidité affectent grandement l’efficacité du traitement. Il faudra aussi bien lire l’information technique, car certains traitements ne tuent pas les protozoaires comme giardia et cryptosporidium. Enfin, une alternative non chimique aux systèmes de purification est l’utilisation de rayons ultra-violets. Exposer l’eau à une dose de ces rayons tue tout ce qui est vivant dans l’eau mais n’enlève ni le goût, ni les sédiments ni les contaminants chimiques. On ne pourra traiter ainsi que de petites quantités d’eau limpide à la fois. Des petits appareils comme le SteriPen se range aisément dans une poche! Enfin, plus dispendieux, il y a des filtres portatifs tout en un qui filtrent et tue les organismes vivants comme ceux de la très connue et renommée marque Kathadyn.
Pour ce qui est du camping en tente près de l’automobile ou en petit véhicule récréatif, plusieurs options intéressantes s’ajoutent à celles déjà mentionnées. Évidemment, une option peu coûteuse est d’apporter de la maison des contenants d’eau en quantité suffisante pour le séjour. Ça fonctionne bien pour un séjour de quelques jours, mais compte-tenu du poids et de l’espace occupé par les bidons, c’est à proscrire pour les sorties de longue durée. On peut toujours acheter des cruches d’eau à l’épicerie ou au dépanneur, mais c’est là une option qui nous rebute en raison du coût écologique élevé de cette pratique. Si l’emplacement de camping est alimenté en eau, on peut facilement fixer à la sortie d’eau un filtre à cartouche. Les modèles, types, performances et prix sont trop nombreux pour en dresser une liste détaillée! On peut penser, par exemple, à la cartouche EVO de Camco (qui enlève non seulement les mauvais goûts et odeurs mais aussi les sédiments, bactéries et le chlore). Enfin, une autre option à considérer sont les cruches et réservoirs filtrants. Le nom de Brita est souvent associé à ce type de contenant. Les nouveaux systèmes utilisent une matrice de noix de coco et charbon activé avec échange d’ions qui permet de retirer le goût du chlore, les mauvaises odeurs et quelques métaux comme le cuivre, le cadmium et le mercure, par exemple. Ils ne retirent ni ne tuent les micro-organismes, toutefois. D’autres modèles, comme ceux de la compagnie PUR font tout ça et retirent en plus certains herbicides, pesticides et polluants industriels (benzène, amiante…).
En terminant, je crois qu’il est bon de mentionner mon système de traitement des eaux « coup de coeur ». Pour avoir utilisé la plupart des systèmes mentionnés plus hauts, au fil des ans et selon les besoins, je peux attester de leur efficacité, compte-tenu des attentes du moment. Mais un système que j’utilise à TOUS les jours et que j’apporte avec moi en camping (mis à part le canot-camping et la randonnée!) c’est le filtre Berkey. Leur réservoir d’acier inoxydable est non seulement solide, durable, sain (pas de BPA ici), facile à nettoyer…mais il est aussi joli. Le réservoir supérieur s’enlève facilement et se retourne sur celui inférieur pour le transport et la valve rend aisé son utilisation. Il est très facile de remplir le réservoir supérieur avec un seau ou même au robinet. Les cartouches filtrantes sont dispendieuses mais lavables et très durables. Qui plus est, le système peut traiter des volumes d’eau relativement élevé et surtout, offre un traitement complet. Selon les dires de la compagnie, appuyés par des tests indépendants, le filtre noir Berkey retire pas moins de 200 contaminants de l’eau. Parmi les plus intéressants à nommer, il retire 99.9% des bactéries, virus et protozoaires, le chrome, l’arsenic, le glyphosate (ingrédient actif du RoundUp), les métaux lourds et j’en passe.
Voilà de quoi alimenter vos réflexions! En espérant que ces informations vous amèneront à boire plus, plus souvent et en toute sécurité, je lève mon verre à votre santé! Chin.
Texte et photos : Dany Coulombe
Camper au Québec 2022
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