Touriste et méchoui
Je suis toujours étonné de voir comment les standards de confort peuvent changer d’un lieu à un autre. Je prends pour exemple les terrains de camping. Jusqu’à maintenant, à deux reprises j’ai opté pour un arrêt de deux jours sur des campings. Le premier, à Brandon, MB, avait pour nom Meadowlark et le second, en banlieue de Regina, SK. Pour chacun, utiliser le qualificatif luxueux aurait été mensonger.
Les deux donnaient en effet l’impression que leur propriétaire était en mode pourquoi me forcer à rehausser les lieux si, de toute façon, la clientèle est au rendez-vous? Passe encore pour la vétusté des installations, mais ce laisser-faire se traduisait également dans l’absence de propreté des lieux.
Au premier, l’emplacement que l’on nous avait assigné n’avait pas été nettoyé depuis longtemps. Des boites de carton en décomposition, souvenirs laissés par un campeur précédent, trainaient de toute évidence sur le sol depuis plusieurs jours. Les sanitaires étaient dans les mêmes tonalités: vieillots et malpropres.
Du côté des douches, la faible ventilation combinée à un haut taux d’humidité représentait un paradis pour les moisissures qui s’en donnaient à coeur joie dans les recoins. Fallait vraiment faire preuve d’une grande foi pour penser en ressortir plus propre qu’à l’entrée. La qualité du Wi-Fi gratuit était telle qu’il était plus rapide d’utiliser mon téléphone pour accéder à l’internet, Que voulez-vous, lorsque l’on est le seul camping à des kilomètres à la ronde, pourquoi en donner plus ?
À la différence du Wi-Fi, j’étais à moins de 20 mètres du relais, celui de Regina donnait dans la même gamme. En plus de facturer 43 $ la nuitée, il fallait débourser 2 $, pour chaque douche. Décidément, il faut sortir du Québec pour se rendre compte que chez nous, les propriétaires de camping se soucient davantage de leur entreprise. En fait, l’impression générale que m’ont laissée ces deux terrains fut de remonter le temps pour retrouver dans un camping comme ils étaient au Québec, il y a plus de trente ans. Il faut dire que ces derniers jours je n’étais pas particulièrement d’humeur agréable, sauf avec Michelle, bien sûr. Au pays de la Saskatchewan, on ne tarit pas de faire l’éloge de la beauté du ciel. Normal, le terrain y tellement plat que le ciel prend toute la place. Pourtant, malgré tous les écriteaux sur le bord des routes, je n’ai pas vu le ciel une seule fois. Une épaisse fumée provoquée par quelque 116 feux de forêt hors de contrôle dans le nord de la province remplissait complètement l’atmosphère. Sur mon téléphone, l’appli de Météo Média n’arrêtait pas de m’expédier des textos pour me mettre en garde contre la piètre qualité de l’air. Comme si je ne le savais pas alors que les yeux me démangeaient sans arrêt, que ma gorge irritée ne cessait de gratter. Et, moi je râlais contre la situation. La perspective de finir mes jours en méchoui ou en smoke meat ne me plaisait guère.
Profitant de ces quelques jours en Saskatchewan, Michelle et moi avons décidé de jouer les touristes et de visiter quelques lieux en rapport avec notre intérêt pour l’histoire. C’est ainsi que nous nous sommes dirigés vers Willow Bunch, une bourgade fondée par Jean-Louis Légaré, un intrépide Québécois qui a pratiquement sombré dans l’oubli, malgré un apport immense au développement de l’Ouest.
À sa fondation, aux alentours de 1880, ce village se nommait Talle de Saules et, comme son nom en fait foi, était peuplé d’explorateurs et de métis d’expression française. Par la suite, notre langue y perdit de son importance et le village devint Willow Bunch une traduction littérale de son nom original.
C’est également à la Talle de saules qu’est né le géant Beaupré, un colosse de 8 pieds 3 pouces, devenu rapidement une attraction de cirque. Une histoire fort triste, que la sienne. Willow Bunch ne compte aujourd’hui que 286 habitants, mais il abrite un musée rappelant ses deux géants: Légaré et Beaupré.
Le guide touristique de la Saskatchewan en parle de cette ville comme un centre où les fermiers de la région viennent s’approvisionner. Quelle enflure verbale! Pour s’y rendre, il faut, à partir de Regina, rouler sur presque 200 kilomètres et, lorsqu’on en approche, il ne faut surtout pas cligner des yeux, même et surtout dans la fumée, au risque de passer tout droit.
Je m’en voudrais de vous laisser sur ce ton et vous laisser croire que je suis un vieux grincheux qui n’ai rien aimé de la Saskatchewan. À preuve, Wascana, un parc urbain magnifique en plein coeur de Regina. Un délicieux mélange de pelouse et d’étangs, quartiers d’été de nombreuses bernaches, sillonné de plusieurs kilomètre de pistes cyclables, le tout en terrain plat. À lui seul, il justifie amplement un arrêt dans la capitale de cette province.
Des campings sans allures, il y en a partout, même au Québec. Voilà pourquoi je prépare mes voyages. C’est justement pour les éviter. Voyez-vous, moi j’ai bien aimé la Saskatchewan. Regina est une belle petite ville, ensuite que dire de Moose Jaw et ses tunnels sous la ville et camping à distance de vélo ( Battleford Eiling Kramer),
Le Saskatchewan Landing Provincial Park sur le bord du Lac Dieffenbaker,
Swift Current et le Kinetic Park et Menonite Heritage village,
le lac de sel Chaplin.
Saskatoon et le très beau Gordon Howe Campground avec piste cyclable qui fait partie d’un immense parc qui longe les 2 côtés de la très belle rivière Saskatchewan et nous conduit directement au centre-ville .
J’espère que vous aimeriez mieux l’Alberta qui est une très magnifique province.
Vous auriez sans doute aimé plus l’accueil d’Indian Head SK et son beau camping (un GoodSam). Il est vrai comme dit Estelle, qu’on trouve partout des trous, mais en y regardant un peu plus, on voit également des petits paradis.
En route pour le Texas ou la Floride, on fréquentait les KOAs, un peu plus dispendieux mais répondant à un certain standard. Jamais eu de mauvaises surprises et peu éloignés des autoroutes – parfois bruyant mais ça se calmait le soir…