Sur la Transcanadienne
Notre voyage au nord du lac Supérieur, en Ontario, se déroule essentiellement sur la route Transcanadienne. Un symbole fondateur pour ce pays qu’un chemin de fer a unifié au XIXe siècle.
Les grands mythes nationaux liés aux transports sont nourris par les rêves d’aventuriers, de businessmen calculateurs et de politiciens en mal de promesses. C’est le cas de la route pancanadienne.
Voici un petit écart du récit de notre voyage dans le Nord-Ontario pour faire le point sur le réseau routier transcanadien qui représente une portion incontournable de l’expérience.
La première traversée du Canada en voiture est réalisée en 1912 par Thomas Wilby qui met deux mois pour franchir la distance entre Halifax et Victoria, très souvent en bateau ou en train en grande partie. Quant à la route Transcanadienne, le projet de loi lançant le projet est promulgué en 1949. On l’inaugure en 1962 et elle est achevée en 1971, après que les tronçons les plus complexes à réaliser (dans les Rocheuses naturellement) furent complétés.

Cette voie de communication, dont la distance totale est difficile à évaluer, n’a pas été tracée d’un trait sur une carte du pays puis on n’a pas déroulé l’asphalte d’un bout à l’autre. Très souvent, on a relié entre elles des routes existantes. Ailleurs, on observe deux ou trois tracés parallèles qui affichent le statut de Transcanadienne. Cette duplicité est observable à partir de Montréal jusqu’au Pacifique, à quelques centaines de kilomètres près dans les secteurs de Thunder Bay et Winnipeg. Encore aujourd’hui, elle continue d’évoluer comme c’est le cas dans le Bas-Saint-Laurent par exemple où on a ajouté de nouvelles sections.
Notre Road Trip
En ce qui concerne le circuit qui nous intéresse, on constate que trois voies de communication « transcanadiennes » se superposent du sud au nord, à la hauteur de Peterborough (7), North Bay (17) et Val-d’Or (117). La 117 se poursuit sur la continuité de la 11 qui, venant de North Bay, traverse le Nord Ontario francophone jusqu’à Thunder Bay et un peu plus loin.
Tout cela semble bien compliqué, mais ça signifie, pour faire plus court, que le road trip vers le lac Supérieur peut se faire en boucle. Ou bien à partir de Montréal en passant par l’Abitibi. Ou bien d’Ottawa vers North Bay et Sudbury. C’est d’ailleurs ce que je vous recommande si vous ne connaissez pas cette vaste région de plus de 800 000 km² avec moins de 7% de la population. Vous découvrirez les nombreuses communautés franco-ontariennes dispersées le long de la route 11 et pourrez revenir par la Transcanadienne 17 qui longe le lac Supérieur. À cela, il vous sera possible d’ajouter éventuellement la sublime région de la Baie-Georgienne et d’y improviser la suite à votre goût. J’aurai d’ailleurs l’occasion de vous en reparler.

Comme je l’ai mentionné dans les blogues précédents, nous n’avons pas fait ce grand tour décrit ci-haut puisque j’ai souvent eu l’occasion de me rendre dans le Nord-Ontario et que mon intérêt s’est vraiment concentré sur le lac Supérieur.
Je le répète donc. Nous avons fait l’aller-retour de Sault-Sainte-Marie à Thunder Bay. Quand même près de 2000 km pour cette seule partie du voyage. Comme disait Joanne : « Deux-mille kilomètres de parc des Laurentides. » À cela j’ajouterais : « Sur une route aux paysages parfois spectaculaires, mais pas mal moins spacieuse que notre légendaire boulevard Talbot. Après cet aparté, reprenons la route où nous l’avons laissée la dernière fois.
Marathon
Après un arrêt à Sault-Sainte-Marie suivi d’un autre au parc provincial de Pancake Bay, le mauvais temps ne nous permet pas de faire escale dans le parc Lake Superior, sans doute le plus grand de la région. Ce n’est que partie remise dans notre esprit puisque notre prochain passage devrait, au retour, nous permettre de corriger cette situation.
Comme chaque fois que la météo nous décourage d’envisager la pratique d’activités de plein air, nous préférons rouler et, cette fois, nous ferons plus qu’un saut de puce (335 km) km en courant après le soleil jusqu’à l’ouest de la côte du lac Supérieur.

Nous roulons jusqu’à la petite ville bilingue de Marathon (3 300 habitants et une école française) pour trouver enfin l’endroit qui redonnera le sourire à Joanne. Voisine des gigantesques mines d’or Hemlo, découverte au début des années 1980, on constate sans peine que la situation économique de cette communauté née de la construction du chemin de fer après la Première Guerre mondiale est passablement plus glorieuse que celle des endroits traversés jusqu’ici. On trouve également à Marathon une usine de la papetière Tembec. Les résidences sont propres et bien entretenues, comme les rues des quartiers et les édifices publics.

Géographiquement et géologiquement, nous sommes ici sur une péninsule du lac Supérieur et, comme une grande partie du Nord-Ontario, dans la continuité ouest des grandes veines d’or de l’Abitibi. C’est d’ailleurs en suivant ces veines de minéraux que bon nombre de francophones de l’Abitibi-Témiscamingue ont traversé la frontière québécoise pour aller s’installer là où ouvraient de nouvelles exploitations minières. C’est aussi ce qui explique que plusieurs Franco-Ontariens du Nord aient de la famille au Québec puisque cette migration est quand même relativement récente.

Le petit camping municipal Peer Lake Park s’ajoute au très agréable parc et à la plage municipale sur le bord du lac. Un endroit vraiment exceptionnel avec seulement 26 emplacements diversifiés dotés de tous les services ou sans, sur la rive du lac Peer. L’endroit est hyper propre et bien entretenu, calme, douches gratuites, buanderie. Une rareté ! On peut réserver à l’édifice municipal par téléphone ou sur Internet. Il y a aussi quelqu’un sur place qui s’occupe de l’entretien et qui peut vous enregistrer. On s’y installerait, mais, malheureusement, il n’y a pas grand-chose à faire à Marathon qui se trouve cependant aux portes de ce que je crois être la région la plus intéressante de la section canadienne du lac Supérieur. Nous verrons bien !

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