Sous le chaud tropique du Cancer

Nous avons de nouveau séjourné sur une plage de la Baja California, cette fois à Playa Tecolote, près de La Paz. Ce fut agréable, mais ce ne fut pas magique comme à Playa Santispac, quelques jours plus tôt. Il ventait fort, le ciel était couvert de nuages et le temps était frais. Il était toutefois bien agréable de faire de longues randonnées sur la grève. Il y avait aussi, tout près, un piton rocheux, que nous avons eu le plaisir d’escalader, Lise et moi, en compagnie de nos amis Daniel et Lise. La montée n’était pas particulièrement ardue, mais certains passages demandaient une bonne maîtrise du vertige. J’étais bien fier d’avoir dominé ma peur des hauteurs. La décennie de mes 70 ans commence bien.
Plus tôt, nous avions séjourné à Loreto, jolie petite ville où nous avons pu faire plus ample connaissance avec les Mexicains. Comment sont-ils? Dans l’ensemble, ils nous ont semblé bon enfant, simples et plutôt sympathiques.
Cependant, nombreux sont les commerçants qui nous regardent avec des signes de piastre, ou plutôt de peso, dans les yeux. Dans le centre historique de San José del Cabo, au demeurant plutôt coquet, il était difficile de marcher sans que les boutiquiers ne tentent de nous convaincre d’entrer. Sur les plages de Cabo San Lucas, nous avons rapidement été envahis par une nuée de Mexicains venus vous vendre, qui des bijoux, qui des sculptures, qui des t-shirts, qui des couvertures, qui des plats de service, qui des robes, qui des coffrets, et j’en oublie.
Dans les lieux touristiques d’Italie ou de France, les vendeurs essaient aussi de vous refiler leur camelote, mais ils le font généralement de façon plus discrète. En Baja California, on se montre volontiers envahissant. Sans doute est-ce un trait culturel. Au début, je le trouvais agaçant. Mais je suis plus tolérant depuis que j’ai appris que l’ouragan de l’automne dernier avait fait fuir les touristes par milliers.
L’ennui, en fait, c’est que notre relation avec les Mexicains est trop touristique. Cela tient évidemment au fait que nous parcourons la Baja California en groupe. Mais cela vient aussi de ce que nous ne parlons pas espagnol.
Bien sûr, chaque fois que je peux, je baragouine dans la langue de Cervantès. Je sors sans hésitation les quelques phrases que j’ai apprises et j’y ajoute à l’occasion quelques mots d’italien. C’est de l’italospagnol, un patois assez répandu en Amérique du Sud, me dit-on. Ici, c’est moins connu, mais apparemment, on me comprend.
Le problème, c’est que la clientèle est presque entièrement composée de gringos, de sorte que la plupart des Mexicains vous abordent en anglais, ce que je trouve frustrant. En Italie, il arrive aussi que l’on vous parle english, même quand vous ne le souhaitez pas. Mais j’ai trouvé une parade : je dis que je ne parle pas anglais. J’aimerais bien faire la même chose ici, mais mon espagnol est trop rudimentaire. Malgré tout, je m’entête. D’ici la fin du voyage, ma maîtrise de la langue devrait être meilleure.
Un autre élément éminemment touristique m’irrite : les prix sont souvent des prix de gringos. Leur hauteur ne cesse de me surprendre.
En revanche, j’ai tout à fait perdu la peur de voyager au Mexique. Dans les petites villes et les villages que nous traversons, nous nous sentons en sécurité. On est bien loin de Tijuana, de ses gangs et de sa violence.
Par contre, la réputation de désorganisation des Mexicains me paraît jusqu’ici bien justifiée. Il y a quelques jours, par exemple, nous nous sommes arrêtés dans une station-service ; les pompes ne fonctionnaient pas. C’était pourtant une grande station, tenue par le géant Pemex. Un autre jour, dans un restaurant, nous avons redemandé du vin rouge ; il n’y en avait plus, le patron ayant déjà épuisé les trois bouteilles de rouge de sa cave. Il y avait, par contre, du vin blanc. Cette pénurie inattendue nous a fait sourire.
Quelques jours plus tard, nous avons ri, jaune cette fois, quand il a fallu plus de deux heures à certains d’entre nous pour être servis au Caffe Triunfo. Notre guide nous avait dit : «It’s good food, but it’s not fast food.» Tout de même, deux heures! La commande avait été perdue…
Malgré tout, nous avons décidé de prolonger notre séjour en Baja California. Ce n’est assurément pas un endroit où l’on se fera envoyer le reste de nos valises. Mais en ce mois le plus froid de l’hiver dans l’hémisphère nord, il est bon de se retrouver sous les chauds rayons du tropique du Cancer. Disons les choses franchement : j’aime mieux me retrouver à +27 à Cabo San Lucas qu’à -27 à Montréal.
Lise vous fait ses amitiés. On se revoit samedi en huit, à condition bien entendu qu’un Wi-Fi soit disponible, ce qui reste bien aléatoire dans ce pays.
Je me demandais si l’ouragan de l’automne passé est très apparent?
Vous êtes effectivement mieux là-bas qu’ici côté température!
On ne s’y fera pas envoyer le reste de nos valises, très comique!
J’avais bien hâte de vous lire surtout pour vous entendre parler de la vie en »caravane » … A la queue leu leu… Mais pas un mot… Je sais que vous êtes un peu mal placé… Mais, laissez vous aller … Mais j’y pense, je ne voudrais pas cependant vous faire perdre votre emploi auprès de la FCCQ qui elle fait la promotion de ses voyages en groupe! Donc, je devrai rester sur ma faim….
Vous n’aurez pas à rester sur votre faim, car je parlerai du groupe la semaine prochaine. Disons, pour être bref, que ni Lise ni moi n’avons été enthousiasmés par l’expérience, même si le groupe est sympathique et même si les guides sont très attentionnés.
Les effets de l’ouragan sont surtout visibles dans l’extrême sud de la péninsule, notamment à Cabo San Lucas. De nombreux hôtels sont encore fermés ; ce sont surtout les toitures qui ont souffert. Beaucoup de palmiers ont aussi été étêtés.