Samedi 16 octobre, 14h. Ça y est, nous partirons enfin pour notre grande migration dès que j’aurais terminé ce court carnet.
Les derniers jours ont été plus qu’occupés, comme avant chacun de nos départs. Après avoir couché chez Capucine, une de nos filles, à la Pointe aux Anglais, sur bord du lac des Deux-Montagne à Oka, la veille, la journée de mardi fut consacrée à l’essai comparé de trois systèmes d’assistance au freinage pour youyou fabriqués au Québec. Ces essais eurent lieu à Mirabel. Monaco Montréal avait mis ses ateliers à notre disposition pour la journée. Par la suite, nous sommes allés coucher dans l’entrée de notre fille cadette, Marie-Soleil, à Beloeil. Mercredi, après quelques achats de dernière minute et la vérification des bagages à emporter, je décide quel système de freinage assisté convient le mieux à mon type de véhicule et court me le procurer. Par la suite, nous prenons la direction de Danville où notre fille Geneviève et son conjoint Dominique nous attendent pour souper.
Jeudi, visite au dentiste et rendez-vous chez Imatec-Moore, à Victo. Cette entreprise m’avait contacté dans les semaines précédentes pour l’essai, sur plusieurs mois, d’un prototype de pare-pierre placé entre le VR et le youyou. Malheureusement, certaines pièces des pièces coupées au laser manquaient à l’appel. Pour contrer cet inconvénient, le camping Walmart de Victo nous hébergea pour la nuit. Nous n’étions que deux VR sur ce terrain immense, preuve que la saison de caravaning tire bien à sa fin.
Vendredi matin, l’horloge se met à accélérer. À 13h, j’avais rendez-vous à Laval, chez VJB, pour installer le pare-pierre du genre bouclier ainsi que le système de freinage assisté. Auparavant, il fallait retourner chez Imatec-Moore où les pièces manquantes devaient fait leur entrée en tout début de matinée. 10 h 15, le bouclier est enfin prêt et placé dans la valise de l’auto.
Stressé par le sablier qui s’égrène trop vite, je m’installe au volant du Sprinter et Michelle me suit docilement derrière dans le youyou. Pas question de le tracter sans que le système d’assistance au freinage et le bouclier protecteur ne soient installés. Michelle a une peur bleue qu’une vilaine pierre ne vienne endommager la peinture de la voiture.
De Victo à Trois-Rivières, sur la route 55, nous devons composer avec de fortes rafales de travers et une pluie battante. Difficile de dépasser les poids lourds qui soulèvent une opaque brume de crachin. Avant d’arriver à Laval, il me faut arrêter chez Elkel, à Trois-Rivières, car je suis persuadé qu’il manque un fil d’antenne à mon GPS. Engagé sur le boulevard Saint-Joseph, à trois cents mètres du magasin, préoccupé par le chronomètre, je vois trop tard un arrêt nouvellement placé pour ralentir la circulation.
Une voiture de police, tel un arbre de Noël avec toutes ses lumières allumées, me force à me ranger. Selon l’officier, je ne m’étais pas immobilisé complètement à l’arrêt. Lui conter ma vie, tenter de l’émouvoir risquait de me retarder encore davantage. Résultat: 110 $ pour la contravention et 44 $ pour le formulaire et l’usure du stylo.
Rendu chez Elkel, Danny m’explique que j’ai fait erreur et que l’antenne intégrée dans le cordon d’alimentation de mon GPS est nettement suffisante pour me relayer l’information sur l’état de la circulation.
Intérieurement, je fulminais. Si seulement j’avais pris la peine de réfléchir un peu plus au lieu de paniquer, j’aurais compris par moi-même que ce maudit fil n’était pas nécessaire. J’aurais également évité une contravention et gagné de précieuses minutes dans mon trajet vers Laval.
Malgré tout, cette épopée s’est bien terminée. Je suis arrivé à l’heure chez VJB et, à la fin de la journée, je pouvais quitter en toute sécurité avec un youyou derrière.
Deux ajouts de dernière heure. Tout d’abord, la frontière, traversée à Lacolle, fut d’une facilité déconcertante. L’officier en service était de bien belle humeur. M’ayant demandé si nous avions des fruits, je lui montrai un petit emballage-cadeau de huit pruneaux que Michelle avait reçu dans la matinée d’un commerçant. Bon prince, il me fit signe de les ranger et de les emporter. Dix minutes après nous être placés dans la file d’attente, nous étions en territoire états-unien.
Ce soir, nous sommes toujours dans l’État de New York, à Oneonta, profitant une fois de plus de l’hospitalité d’un Walmart. Si tout continue à aussi bien se dérouler, lundi, en fin de journée, nous aurons franchi les 1 800 km qui nous séparent de St. Augustine, de la chaleur et du soleil. Il me tarde de retrouver mes sandales et mon pantalon bermuda.
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