S’il y a une composante pas facile à prévoir en camping, c’est bien la météo. Une petite journée de pluie ou deux, ça va. Mais qu’arrive-t-il lorsque la tempête tropicale, voire l’ouragan, vient jouer les trouble-fêtes au beau milieu des vacances ? Quatre caravanières nous racontent leur expérience.
Déjà qu’une tempête tropicale fournit son lot d’émotions, imaginez lorsque deux phénomènes météorologiques surviennent lors du même séjour de camping. La famille Turcotte-Fleury, de Sherbrooke, peut en témoigner. L’ouragan Dolly et la tempête tropicale Edouard ont marqué les vacances de cette famille à l’été 2008.
Remarquez, le terrain de camping T.H. Stone Memorial St. Joseph Peninsula State Park, où séjournait la famille, sur le golfe du Mexique en Floride, s’est heureusement trouvé hors de la trajectoire des deux tempêtes. Ce qui explique pourquoi la famille n’a pas quitté les lieux. Mais le mauvais temps, dû à la proximité de ces perturbations atmosphériques majeures, a ébranlé les deux enfants du couple (âgés alors de 5 et 7 ans). « Mes deux garçons me parlent encore de cette journée d’averses diluviennes où il pleuvait à l’horizontale tellement il ventait. Et on a bien cru que le toit de la tente-caravane s’envolerait au cours de la nuit où Dolly est passée. Le lendemain, on comptait par dizaines le nombre d’auvents jetés dans les poubelles du parc », rapporte France Fleury.
Malgré l’approche de ces tempêtes, aucun ranger du parc n’est venu avertirla famille Turcotte-Fleury.Le couple devait aller s’enquérir lui-même de la situation au bureau des rangers, où un bulletin météo était publié à toutes les heures. « S’il y avait eu évacuation d’urgence, là, les rangers seraient venus nous voir. Dans ce cas, il n’y aurait eu aucun remboursement possible », soulignela caravanière Fleury.
Il faut savoir que chaque établissement émet ses propres règles. « La plupart offre des cartes cadeaux ou un crédit sur la prochaine visite s’il survient une évacuation d’urgence », nous indique Marcia Galvin, directrice des ressources humaines du Normandy Farms Campground, à Foxboro, au Massachusetts. Mme Galvin siège au conseil d’administration dela National Associationof RV Parks and Campgrounds (ARVC). L’organisme a d’ailleurs publié des recommandations en cas d’ouragan juste avant le passage d’Irène en aout dernier (voir encadré).
Elle s’appelait Irène
À propos d’Irène, de nombreux campeurs québécois ont vu leurs vacances gâchées par cette tempête tropicale. Considéré comme l’un des ouragans les plus couteux à passer sur la côte est d’Amérique du Nord, Irène s’est soldée par des dommages de plus de 7 milliards de dollars et 47 décès aux États-Unis. On se rappellera que l’ouragan a provoqué l’état d’urgence de Caroline du Nord jusqu’en Nouvelle-Angleterre. Nos voisins du Vermont commencent à peine à s’en remettre.
La famille de Nancy Arpin, de Val-d’Or, se trouvait au Travel Park, à Virginia Beach, alors quela tempête Irènemenaçait les côtes de la Virginie. « Personne de la direction n’est venue nous avertir, mais la fébrilité était palpable sur le terrain. Tous les campeurs ne parlaient que de la tempête qui s’en venait », raconte-t-elle. L’administration du terrain de camping a fortement recommandé à la famille Arpinde plier bagage, de se diriger à l’intérieur des terres et de revenir lorsque le temps serait plus calme. « On a plutôt décidé d’écourter notre séjour de moitié. Le camping nous a même remboursés», souligne Nancy Arpin qui a séjourné trois jours plutôt que six en Virginie.
Loin de la nuit de noces
Mireille Côté et son conjoint, de passage au camping Eastham, à Cape Cod, ont pour leur part suivi la recommandation de s’éloigner le plus possible de la mer à l’approche d’Irène. « Puisqu’on se dirigeait déjà vers la Floride, on s’est rendu jusqu’aux monts Pocono, en Pennsylvanie, à plus de 500 kilomètres à l’ouest », dit cette campeuse de Granby qui pensait bien s’en sauver. Malheureusement, leur détour au coeur de la célèbre destination « lune de miel » n’a ressemblé en rien à une nuit de noces. « On s’est retrouvé en plein centre de la trajectoire de la tempête tropicale », ajoute la caravanière. Sous le toit de leur autocaravane de 13,4 m (44 pi), le couple a vécu pour la première fois des pointes de vent de 117 km/h et des pluies diluviennes qui ont déversé 180 mm d’eau en quelques heures.
Le couple Côté s’en est bien sorti. Y compris leur VR. « Mais beaucoup d’endroits autour du camping ont été inondés », fait remarquer Mireille qui a eu une bonne frousse sans pour autant mettre un « X » sur la côte est pendant la saison des ouragans. « Au moins, avec les ouragans, on voit venir la tempête. Les tornades, elles, ne laissent pratiquement aucune chance. Les campeurs ont en général seulement quelques heures d’avis pour réagir », compare la caravanière qui a traversé à plusieurs reprises la zone des tornades au coeur des États-Unis. Le couple n’a heureusement jamais été surpris par ce tourbillon de vent trop souvent meurtrier.
Chat échaudé craint l’eau froide…
Enfin, certains caravaniers réfléchissent désormais deux fois plutôt qu’une avant de partir en direction de la côte est. Parlez-en àClaude Lamarchequi étudie méticuleusement la météo et les conditions de vent avant chaque départ. Claude et son ami se sont faits surprendre par la tempête tropicale Floyd en 1999. Le couple campait au Nickerson State Park, à Cape Cod. « Les Américains ont le tour de nous alarmer à la radio, à la télé… et maintenant par internet. Tout le monde nous disait de partir vers l’ouest pour nous mettre à l’abri de la pluie et du vent », rapporte cette campeuse de la Petite-Nation, en Outaouais.
Le couple a finalement loué une chambre dans un hôtel de Marlborough, à 175 kilomètres au nord-ouest du camping. Bien qu’il ait pris soin de stationner la camionnette et la caravane portée le plus près possible d’un bâtiment pour protéger l’équipement du vent, la pluie, elle, s’est infiltrée par les fenêtres. « Il est difficile de changer nos dates de vacances et ce serait bête de se priver d’une belle destination sur la côte est », soulève la caravanière qui voyage maintenant en classe B. Bien que les ouragans n’aient plus jamais gâché ses séjours de vacances, Claude Lamarche ne part plus sans prendre quelques précautions. Elle réserve désormais des emplacements de camping loin des gros arbres et situés tout près d’un bâtiment principal… juste au cas où la météo lui jouerait de nouveau un tour.
Par Claudine Hébert
Magazine Camping Caravaning, vol. 18/no 2, mai 2012.
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