Route 12 vers Torrey – Utah : LA route à découvrir
Départ de Bryce Canyon et du camping pour nous engager sur une route dont nous avions lu qu’il s’agit de l’une des routes double (Byway) les plus spectaculaires des USA.

La Route 12 débute sur la 89, entre Panguitch et Hatch pour se terminer à Torrey, toujours en Utah, qui était notre destination du jour. Nous en avions déjà fait un bout jusqu’à Bryce Canyon City, que nous avions trouvé magnifique avec ses monolithes et ses rochers rouges dans la forêt nationale Dixie. Sur les 17 000 km que nous avons parcourus dans tout ce voyage, cette section de route se démarque radicalement par son magnifique environnement forestier caractéristique des forêts en altitude.
Depuis Bryce, le décor demeure semblable à l’environnement du parc avec ses grandioses formations rocheuses ocre, percées de fenêtres et parsemées de « hoodoos », ces hauts rochers filigranes éternellement au garde-à-vous.
Le souvenir de Tropic

Un des arrêts les plus populaires et les plus visuellement intéressants sur la 12 est ce canal creusé par les mormons du village de Tropic, le Water Canyon, à la fin du 19e siècle. Il irriguait leur vaste prairie, coulant en cascade et tombant d’une belle chute d’eau au creux d’un petit canyon finement ciselé. Autrefois, la rivière restait à sec en dehors de la crue printanière et des périodes de fortes pluies. Aujourd’hui, son cours s’écoule se mai à octobre.
De Tropic à Henrieville et jusqu’à Escalante, l’environnement demeure plus bucolique que grandiose avec la vallée luxuriante toujours encadrée de grandes murailles. Mais on en vient à se demander ce que cette route a de si extraordinaire pour qu’on lui voue des propos aussi dithyrambiques dans les guides. Mais, tout change de façon dramatique à partir du village d’Escalante où nous arrêtons faire l’épicerie dans un véritable magasin général on ne peut plus pittoresque.
L’héritage de la Crise économique
Nous atteignons ici la grande muraille de pierre qui a arrêté l’avancé des explorateurs et des colons du 19e siècle, faisant de cette région la dernière « terra incognita » à être cartographiée au pays. Du haut de cet escalier titanesque, on reste ébahi devant le paysage qui définit à leur paroxysme les mots « immensité », « vastitude », « infini »…
Ce n’est que lors de la crise économique de l’entre-deux-guerres que la réalisation de travaux publics mis sur pied par le Président Roosevelt (1933 – 1942) a permis la construction héroïque de la Route 12 qui dévale cette paroi vertigineuse comme on en voit rarement. À l’époque, cette route était ardemment réclamée par les producteurs laitiers locaux qui arrivaient difficilement à livrer leur crème fraîche à Boulder à l’aide de mules. Ouverte à la circulation automobile en 1940, on lui a attribué le surnom de « Million Dollar Road », un coût jugé faramineux à ce moment.
Le panorama nous éblouit à chaque boucle en lacet, toujours ouvert sur un horizon de pierre et un champ de perpétuité. Du belvédère Larb Hollow qui surplombe la longue descente en lacet, on admire plusieurs massifs montagneux dont les fameuses « Henry Mountains », au centre, qui furent les dernières cartographiées et nommées sur le territoire américain. La Navaho Mountain, à droite, s’élève à près de 3 200 mètres d’altitude sur la frontière de l’Utah et de l’Arizona.

De la rivière Escalante, qui a creusé son corridor au bas de la falaise, il est possible de suivre deux sentiers pédestres qui conduisent au village, avec la remontée qu’on imagine, ou vers Lake Powell, à 110 km environ, où nous étions la semaine dernière. D’ailleurs les opportunités de randonnée sont multiples sur ce territoire sauvage. Nous regrettons déjà amèrement de ne pas avoir prévu plus de temps pour nous aventurer sur ces pistes qui serpentent vers les canyons profonds ou au pied des parois abruptes.

On ne peut s’empêcher d’arrêter à toutes les haltes où je dois obligatoirement me servir de l’option panorama sur mon appareil puisque le seul cadre photo conventionnel ne suffit pas ici. Un petit café à flanc de falaise, le Kiva, se confond totalement au paysage. Mais, le plus extraordinaire vient avec l’ascension de la montagne Boulder qui nous fait grimper à tout près de 3000 mètres, là où la neige, en ce début juin, couvre toujours le sol des boisés qui bordent le chemin.
Tourne et tourne encore…
Quand on parle de route étourdissante, la 12 ne donne pas sa place. Les sections les plus marquantes empruntent la crête de la montagne où le vide tient lieu de fossé des deux côtés de la route. Les montées sont laborieuses et les descentes qui n’en finissent plus sollicitent durement les freins et exigent qu’on se serve autant que possible de la compression. Hallucinant ! Et notre vieux Roadtreck qui roule comme un neuf, mais qui fait un peu de fièvre dans les montées. C’est son premier 3000 mètres en 28 ans quand même ! Je pense bien, et je suis même certain que ce segment routier demeurera à jamais gravé dans nos souvenirs et que nous aimerons le raconter quand nous serons vieux… Dans plusieurs années quoi ! Route 12 en Utah, sur le chemin du parc national Capitol Reef. Un impressionnante surprise !

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