Road trip au Labrador et Terre-Neuve – On quitte Manic V vers la côte du Labrador
Manic V ne représente que l’amorce de ce long voyage qui nous amène maintenant vers cette nouvelle destination qu’est le Labrador et, particulièrement, la côte Atlantique.
À un kilomètre du grand barrage, on fait le plein au Motel de l’Énergie, qui accueille également les VR, et où se trouve l’auberge de Jeunesse proposant des excursions de kayak sur le réservoir et des randonnées pédestres sur les monts Groulx. Un autre rêve que nous voulons réaliser. Nous continuons jusqu’à la Station Uapishka, une auberge accueillante qui permet aux petits VR de s’installer près de l’eau, dans un décor paradisiaque, et de partager un délicieux souper avec les villégiateurs. C’est non loin de là que nous entreprenons le lendemain l’ascension des monts Groulx par le sentier du mont Harfang, à la découverte de panoramas éblouissants, d’un environnement arctique étonnant et d’accumulations de neige qui persistent malgré le temps chaud.
Heureux d’en terminer avec les sections de route défoncée, après avoir passé les vestiges énigmatiques de l’ancienne ville de Gagnon, nous atteignons Fermont pour nous ravitailler et séjourner au tout nouveau camping créé et géré par un groupe de bénévoles avec la collaboration de la municipalité. C’est l’occasion d’aller visiter le fameux « Mur de Fermont ». Cette construction singulière, d’inspiration scandinave, fait presque un kilomètre de longueur et abrite des centaines de travailleurs, tous les services publics (piscine, gymnase, quilles, biblio et autres) ainsi que tous les commerces. Elle forme un écran physique qui abrite du vent les maisons regroupées derrière elle. C’est la dernière occasion de faire l’épicerie dans une grande chaîne avant longtemps.
Le jour le plus long
Notre objectif premier au cours de ce voyage, comme je l’ai mentionné précédemment, est de voir des icebergs. C’est pourquoi nous l’amorçons si tôt en saison (début juin), pour maximiser nos chances. Un départ hâtif qui aura aussi une heureuse conséquence. Zéro mouche. Zéro moustique durant tout le voyage, dans une région infestée durant l’été. C’est également cette motivation qui nous fait traverser tout le Labrador d’ouest en est en une seule journée pour atteindre rapidement la mer.

Près de 1000 km, dont plusieurs centaines de kilomètres de gravier. En passant la pseudo frontière du Labrador, nous avançons nos montres d’une heure avant de traverser Labrador City et Wabush puis filons vers Chruchill Falls où l’on peut également faire une visite très intéressante de la centrale électrique. Goose Bay — Happy Valley possède aussi plusieurs attraits, surtout militaires, qui évoquent la présence de l’ancienne base aérienne construite en 1941. Mais nous poursuivons la route après un court arrêt. Le gravier de la 510 nous ralentit à peine jusqu’à l’intersection de Cartwright où je voulais aller afin d’atteindre le point le plus nordique du circuit routier. L’environnement change nous nos yeux, de la forêt mixte aux conifères de la forêt boréale qui rapetissent progressivement, jusqu’à devenir clairsemée et céder la place aux marais, aux lacs, aux rivières. Le retour des montagnes annonce la proximité de la côte.
À Cartwright
La route d’accès de Cartwright est le « Chemin des Métis », ce qui rappelle la composition ethnique des villages du nord de la côte labradorienne : Inuit, Autochtone et Blanche avec tous les mélanges possible. Nous y croisons plus d’orignaux et d’ours que de véhicules. Avant d’arriver, on remarque plusieurs cométiques renversés et des motoneiges abandonnées au bord de la route. C’est qu’ici, on va couper le bois de chauffage durant l’hiver et on le rapporte en traîneau au bord du chemin pour aller le chercher en été avec le quad. Traîneau et motoneige attendent l’hiver prochain.


Pete et George Barrett nous attendent à leur pourvoirie d’aventure, Experience Labrador. Ils seront nos premiers guides et notre premier contact avec la culture originale du Labrador qu’on pourrait qualifier de « société distincte » de Terre-Neuve. Le vent implacable, qui sera notre fidèle compagnon durant tout le voyage, nous interdit l’excursion en kayak de mer jusqu’au nouveau parc national Mealy Mountain et sa plage fabuleuse de 50 km de longueur. Nous randonnerons plutôt sur les sommets environnants de Black Head et du village pour admirer l’immensité de la baie Sandwich dont l’entrée est encore obstruée par les glaces. Pas d’icebergs ici pour le moment.

St Lewis
Nous reprenons la route 510 pour croiser, 70 km plus loin, la magnifique communauté de Fort Hope Simpson, qu’on aperçoit d’abord d’un des belvédères dispersés aux abords de la route et où on peut éventuellement s’arrêter pour la nuit.
Un détour de 29 km nous amène au charmant village de St Lewis ou nous nous installons sans formalité sur le plus beau belvédère possible, au bout de la rue principale, après l’usine de transformation du crabe. De cet endroit grandiose, nous apercevons enfin nos premiers icebergs bien qu’ils soient très loin au large. L’espoir de pouvoir les approcher grandit. Nous craignons quelque peu de déranger en restant près de ce petit parc où les voitures viennent tourner, mais personne ne nous adresse la moindre remarque. Nous devenons la curiosité du jour. Et cela se reproduira très souvent au cours de ce voyage durant lequel nous allons très souvent squatter dans les plus beaux endroits, au vu et au su des résidents locaux qui viennent nous voir. Juste pour sentir la plupart du temps. Parfois pour jaser et nous souhaiter la bienvenue et même nous offrir de nous apporter une table. Le sens de l’hospitalité des gens de la Côte-Est est absolument fantastique et ne se dément jamais.

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