Road trip au Labrador, Basse-Côte-Nord et Terre-Neuve – Un moment de réflexion avant le départ…
Avouons-le tout de go, la route du Labrador n’est pas classée grand public. Elle nourrit les rêves et les fantasmes des aventuriers, surtout en VR, mais certains en voiture, en moto et même à vélo. Une faune de voyageurs avisés, expérimentés, qui comprennent bien le sens du mot « autonomie » et qui sont conscients de ce que peut représenter une panne ou une crevaison au milieu de la taïga, à plusieurs centaines de kilomètres du premier garage, au milieu des ours noirs et des mouches noires. Si vous ne vous reconnaissez pas dans cette description, ce circuit n’est peut-être pas pour vous ?
On pourrait trouver ces bourlingueurs un peu masos… ? C’est possible ! Toutefois, plusieurs envieront leur intrépidité. Curieusement, l’expérience m’a démontré qu’il s’agit souvent de personnes qu’on qualifierait « d’aînés », dont l’expérience permet de relativiser les risques de l’inconnu en maximisant les plaisirs de la découverte. Ce sont aussi des gens qui ont du temps. Beaucoup de temps. De la curiosité et de l’ouverture d’esprit. Ils sont plus avides de trouvailles que de confort et de beau temps puisque la météo clémente peut se faire rare sur ce territoire. On trouve également ici une catégorie de voyageurs très spéciale : les collectionneurs de routes mythiques. Ceux qui couvrent leur roulotte de collants du genre : « I did the Yukon Highway » ou « I survived the Trans Alaska Highway », « I have been to Inuvik » et le fameux « Get Your Kicks On Road 66 » naturellement.
L’autre face de la médaille
Pour la partie de la population de la côte du Labrador et de la Basse-Côte qui vit le plus au sud, le tourisme n’est pas un phénomène nouveau puisque des autocars de voyageurs en provenance de Terre-Neuve traversent régulièrement pour visiter le site historique national de Red Bay. Aussi le navire N/M Bella Desgagnés déverse chaque vendredi son lot de croisiéristes à Blanc-Sablon.
Plus au nord, la route suscite un bouleversement social sur lequel on s’interroge encore. Au point de vue touristique, les entreprises apparaissent, de même que les pourvoyeurs, un parc national et des infrastructures au sein de microsociétés qui n’aiment pas les changements trop rapides, mais qui demeurent incroyablement accueillantes envers ces êtres curieux qui partent de si loin pour venir les voir en s’enthousiasmant pour leur pays. Après tout, n’est-ce pas souvent à travers les yeux des étrangers que se révèlent les beautés de notre propre univers ?
Étape par étape
Partant de Chicoutimi, on a beau rouler sur la 138 depuis Tadoussac, une route qui émerveille à chaque détour, l’aventure ne débute vraiment qu’à Baie-Comeau, alors qu’on s’engage sur la 389 en direction de Fermont. Le grand panneau signalant les fermetures hivernales marque le début officiel du périple.

Après le barrage Manic 2, la première escale survient au Camping Manic 2, chez la famille Bérubé. Un moment extrêmement agréable. Le lendemain, nous souhaitons atteindre la Station Uapishka, devant le fameux cratère météoritique René-Levasseur et au pied des monts Groulx. Naturellement, la visite du monument pharaonique qu’est le barrage Manic V s’impose comme un pèlerinage en hommage au génie québécois mis en valeur par un nouveau centre d’interprétation.


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« Manic V : Une histoire envoûtante », c’est le thème de la toute nouvelle exposition qu’accueillera le Centre d’interprétation du barrage Daniel-Johnson et de la centrale Manic V.
Depuis plusieurs décennies, les visiteurs de la Côte-Nord qui se rendaient jusqu’à la mythique centrale hydroélectrique Manic V (barrage Daniel-Johnson) par la route 389, avaient droit, avant d’entreprendre la tournée des installations, à la visite d’un centre d’interprétation devenu désuet avec les années. Mais, à partir du 24 juin, ceux et celles qui affronteront l’enchaînement incessant de courbes des premiers 214 kilomètres de la route vers Fermont, à partir de Baie-Comeau, découvriront un tout nouveau centre d’accueil qui ajoutera une dimension extrêmement intéressante à leur expérience.

L’endroit fait appel aux dernières technologies muséales tout en ramenant au goût du jour des outillages plus anciens comme la cabine téléphonique et la cabine à photos. Tout cela avec un résultat saisissant d’émotion, de simplicité et d’humanité.
Combien de fois des centres d’interprétation industriels nous ont-ils rebattu les oreilles avec des superlatifs à n’en plus finir et des comparaisons renversantes ? Ici, Hydro-Québec redonne toute la place à l’humain en nous replongeant dans la frénésie des années 1960, alors que des milliers de Québécois exilés dans le Nord, parfois avec leur famille, érigeaient l’ouvrage qui deviendra la fierté de la nation.
C’est ainsi qu’on découvre le quotidien de la vie sur le campement et au village du lac Louise ou habitaient les ouvriers. Sports, activités sociales, école… Dans une cabine téléphonique, on surprend la conversation du gars qui s’ennuie de sa blonde ou du journaliste annonçant la mort de Daniel Johnson lors de l’inauguration, en septembre 1968.
Ailleurs, des employés à la retraite racontent leur vie et leur travail à la Manic avec un support visuel d’animation très réussi. Parmi plusieurs thématiques, on voit aussi tout ce que les noms « Manic » et « Manicouagan » ont inspiré aux artistes, auteurs ou industriels. On peut également se faire photographier en cabine devant une scène d’époque et lancer la photo sur les réseaux sociaux. Présentation sur écran. Espace dédié aux enfants. Abri pour les pique-niqueurs.
La visite est complétée par un tour guidée de 90 minutes de la centrale, 4 fois par jour, et tout cela est gratuit !

Info : Tourisme Côte-Nord – tourismecote-nord.com
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Je vous recommande un petit guide de voyage très pratique, publié chez Ulysse : Explorez Terre-Neuve et Saint-Pierre-et-Miquelon, 14,95 $/guidesulysse.com
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