Ressac en vue ? Faudrait me convaincre !
Le monde du VR continue sa croissance à un rythme époustouflant. Chaque mois, les rapports statistiques de l’industrie affichent des records qui ne cessent d’être battus. Les grands constructeurs n’en finissent plus d’engranger des profits d’une ampleur jamais vue. Pourtant, certaines personnes commencent à s’interroger sur la pérennité de la situation. Serait-il possible que, dans quelques mois, quelques années survienne un ressac tel que l’économie du VR s’effondre brusquement ? La question mérite réflexion.
Chaque semaine, je parle avec de nombreux caravaniers, gestionnaires et propriétaires de camping, techniciens d’ateliers, fabricants ou aménageurs de VR, grossistes en pièces, journalistes et autres personnes liées aux médias spécialisés en véhicules récréatifs. Oui, je le reconnais, je passe beaucoup d’heures au téléphone ou devant mon écran d’ordinateur. Trop, comme me le souligne Michelle avec beaucoup de compassion.
Chaque fois que je parle avec quelqu’un, le sujet se glisse immanquablement dans la conversation. Certains se disent inquiets et redoutent le pire. D’autres, dont je suis, sont moins pessimistes et demeurent confiants. Une chose est sure, les véhicules récréatifs sont non seulement à la mode, mais qu’il soit caravanier non, chacun y va d’une opinion sur le sujet, positive ou non, selon son caractère et son humeur. Voici donc la mienne.
Ainsi que je l’écrivais dans les lignes précédentes, il me plait de penser que le caravaning est loin de montrer des signes d’essoufflement. Bien au contraire, je crois qu’il s’apprête à connaitre un véritable âge d’or, et ce, pour plusieurs années à venir.
Lorsque, dans les années 60, on a commencé à voir rouler des véhicules récréatifs sur les routes, nombreux étaient ceux qui les regardaient avec étonnement et même une certaine méfiance. Phénomène émergent à l’époque, ces caravanes et motorisés dont la longueur oscillait entre 18 et 26 pieds — et oui, dans ces temps anciens, les gens utilisaient encore des termes obsolètes comme pied et pouce pour mesurer les choses —, apparaissent aujourd’hui, bien petits à côté des mastodontes de 12 mètres et plus.
L’humain, étant un être qui s’adapte au changement à condition qu’on lui en laisse le temps, a fini par s’y faire et a compris que ce nouveau loisir ferait dorénavant partie du paysage récréatif. Aujourd’hui plus de 50 ans plus tard, le caravaning s’est non seulement imposé comme activité, mais il s’est intégré à part entière dans notre société moderne. De simple véhicule bizarroïde, il a mué au point de devenir un outil permettant l’émergence et la concrétisation de nouvelles valeurs comme le désir de voir du pays dans un certain confort. On s’en aperçoit facilement avec la popularité de la vie nomade, une façon de vivre qui il y a un demi-siècle aurait suscité plus de réprobations qu’autre chose. Fin des propos philosophicosociologiques pour aujourd’hui, passons au concret.
Les analyses marketing et statistiques réalisées pour l’industrie sont unanimes : des dizaines de milliers de personnes ne s’adonnant pas présentement au caravaning envisagent de se procurer un VR d’ici cinq ans. Cette donnée ne tient pas compte des intentions de ceux qui ont déjà tâté du véhicule récréatif, que se soit pour en avoir loué un ou avoir partagé un voyage avec un proche, un ami.
Parce qu’elles sont commandées et financées par l’industrie du VR, ces études ne visent qu’un objectif, identifier le nombre de ménages ou d’individus qui vont se procurer un véhicule récréatif neuf dans les années à venir. Les fabricants ne sont pas intéressés par les acheteurs de VR d’occasion, ils veulent seulement vendre du neuf et rien d’autre. Une étude qui aurait sondé indifféremment les intentions d’achat d’un véhicule récréatif neuf ou d’occasion aurait surement propulsé les pourcentages obtenus à des niveaux délirants.
Dans un contexte où les valeurs de liberté et d’autonomie n’ont jamais été aussi fortes et répandues, le télétravail et la pandémie doivent être considérés comme facteurs accessoires dont le seul rôle fut de contribuer à faire grimper d’un cran ou deux la popularité du caravaning. Confinés entre les murs de leur appartement, beaucoup de gens ont réalisé que ce qui hier leur semblait un rêve pouvait dorénavant se matérialiser, pour peu qu’ils le souhaitaient vraiment. Devant eux s’entrouvrait la porte de la liberté, d’un meilleur contrôle de leur vie.
Je ne crains pas que le désenchantement prenne le dessus sur les espoirs des caravaniers de la dernière heure et qu’en conséquence le marché se trouve inondé de VR achetés sans une véritable réflexion préalable. Je n’anticipe pas une chute importante des prix dans les années qui viennent.
De tout temps, il y a eu beaucoup de VR expérimentés sur le marché, mais jamais n’a-t-on vu autant d’acheteurs intéressés. Peut-être assisterons-nous à une stabilisation dans les prix demandés par des caravaniers actuellement trop gourmands, mais la croissance des prix demandés pour les véhicules neufs fera encore paraitre les caravanes usagées, mais bien entretenues, comme des aubaines à ne pas rater.
Il est toutefois possible que certaines catégories de VR usagés voient leur valeur marchande plus affectée que d’autres. Cela est tout à fait normal, car la façon de pratiquer le caravaning continue d’évoluer et certains véhicules conviennent mieux aux nouvelles valeurs. J’en veux pour preuve le nombre de fabricants américains qui, hier levaient le nez sur les VR de classe B et qui, aujourd’hui, multiplient leurs modèles d’autocaravanes de ce type.
Je termine avec un autre exemple démontrant que le caravaning est bien loin d’amorcer une courbe descendante. Regardons ce qui se passe autour de nous. Les perceptions face au caravaning sont en train d’évoluer encore plus vite que le nombre de VR en construction.
Entre l’an dernier et aujourd’hui, combien de municipalités ont compris l’importance que représentait le tourisme en VR pour leur économie locale. Des structures d’accueil légères pour de courts séjours poussent un peu partout à une vitesse telle qu’il ne soit pas insensé de penser que les municipalités récalcitrantes ou retardataires pourraient sous peu se retrouver marginalisées. On peut toujours rêver, n’est-ce pas !
Qu’en pensez-vous ?
Que dit le dicton « Chassez le naturel il reviendra su gallo »
Il restera des gens qui adhéreront au camping, c’est bien certain, mais en général, l’attrait des voyages en avions, les sorties au resto et le confort des hôtels reprendront le dessus. Selon moi la baisse des ventes des nouvelles unités sera de la partie ainsi que la pression sur l’industrie d’une plus grande offre sur l’usagé. Déjà je vois des unités 2020 en vente après seulement une année d’utilisation.
Mes prévisions, il va y avoir des VR usagers en vente d’ici deux à trois ans.
Certains accrocheront, d’autres pas. Acheter neuf? Ce n’est vraiment pas pour nous! Quand nous avons fait l’acquisition de notre premier Westfalia, j’étais sceptique, je ne voulais plus rien savoir du camping en tente. Cependant, dès ma première sortie, j’ai adoré la liberté et le confort que procuraient un VR, même petit et sans luxe aucun. En vieillissant, nous avons amélioré notre sort, un VR d’un an d’usure qui avait tout ce qu’on désirait mais beaucoup moins dispendieux qu’un neuf. Cependant, je trouve que c’est quand même du travail se préparer pour partir en comparaison de boucler sa valise et s’envoler par avion. J’imagine que quand les voyages ailleurs qu’au pays seront à nouveau disponibles facilement, plusieurs retourneront à leurs vieilles amours! Personnellement, j’ai super hâte et compte bien allier les deux, petits roadtrips en VR mais également grandes villes d’Europe!
M, Laquerre, bonjour.
J’ai pris connaissance de votre article via le petit encadré « Suivez nos blogueurs » de la récente revue. Très belle réflexion de votre part comme toujours.
Pour ma part, je partage l’opinion des lecteurs sur le blog. J’ai beaucoup pensé à ce sujet de ressac possible et je crois qu’il se produira sans aucun doute lorsque les frontières s’ouvriront aux voyages. Je crois qu’une quantité importante de personnes ont tenté l’expérience du camping au Québec mais que cet engouement est vraiment temporaire. C’est la même chose pour bons nombres de sport, Vélo, SUP, kayaks, etc. Demeurant dans la région touristique de Charlevoix, je constate que les nouveaux campeurs et caravaniers, et ils sont nombreux, quitteront ce magnifique « mode de vie » pour retrouver leurs habitudes. Certes, il y en aura pour qui la découverte du caravaning sera très agréable et demeurera une activité de choix pour eux mais ce sera une minorité et même aux États-Unis où le même phénomène semble en place. Je vois aussi que les ventes de particuliers pour des modèles de VR récents augmentent déjà. Souhaitons que la vague ne soit pas trop grande… Merci et bonne continuation M. Laquerre.