Réservations fantômes
La semaine dernière, un article sur rvtravel.com portant sur des réservations d’emplacements de camping auxquelles des caravaniers ne donnaient pas suite, attira mon attention. Ce n’était pas la première fois que je lisais sur cette problématique en forte croissance chez nos voisins. Je vous la résume.
Depuis le début de la pandémie dont on peine encore à se sortir, le caravaning connait un engouement exceptionnel, ce qui naturellement augmente les réservations d’emplacements dans des terrains de camping. Lorsque la chose leur est permise, nos voisins peuvent réserver jusqu’à six à douze mois à l’avance pour se garantie d’une place.
Comme d’habitude, les réseaux sociaux font grand état de cette tendance, ce qui produit un effet boule de neige, de sable ou virevoltants (« tumbleweeds »), selon l’endroit où se trouve celui qui propage la nouvelle. En résulte alors un engorgement des sites web des campings dont les serveurs peinent à soutenir un tel volume. Tout ce tumulte crée chez certains une panique de ne pouvoir trouver un emplacement lors de leurs prochaines vacances.
Malheureusement, cette réalité virtuelle peine souvent à se matérialiser. Des gestionnaires de camping, des bénévoles dans les parcs d’état ou nationaux et de nombreux caravaniers bien sûr constatent avec stupéfaction que même si le camping affiche complet, de nombreux emplacements demeurent inoccupés.
Des sites de réservations gouvernementaux et d’autres privés constatent qu’un nouveau phénomène prend beaucoup d’ampleur. Des caravaniers, n’ayant pas encore fixé leur destination de vacances, choisissent de réserver un emplacement dans deux, trois ou quatre campings situés à des endroits différent, juste au cas où, le moment venu, une direction leur plairait plus qu’une autre. Dans certains cas, la météo dictera leur choix final. Si du mauvais temps s’annonce pour la première destination ou qu’un feu de forêt menace de bifurquer vers la seconde, ils opteront pour la troisième ou la suivante inscrite dans leur carnet de réservations.
Une des causes favorisant cette attitude s’explique du fait que plusieurs campings gouvernementaux, même s’ils facturent des frais liés aux réservations, ceux-ci sont si peu élevés que plusieurs vont préférer ne pas annuler leur réservation pour conserver jusqu’à la dernière minute la possibilité de réorienter leur choix. Quand viendra la période des vacances, ces caravaniers gourmands décideront alors de l’endroit où ils iront. Malheureusement, ceux qui ne prennent pas la peine d’annuler ne savent pas qu’ils mettent ainsi en péril le budget de fonctionnement des parcs qu’ils laissent tomber.
Durant des mois, leurs réservations ont conduit le camping à afficher complet pour longtemps et là, à la dernière minute, ces inconscients annulent, laissant trop peu de temps au camping pour afficher et combler la disponibilité de l’emplacement auquel ils ont renoncé. Pas de location, pas de revenus. Déjà limité dans son budget, le camping continue de payer son personnel, de veiller à l’entretien du terrain et d’assumer ses frais récurrents et les taxes qui lui sont facturés.
Certains poussent même l’impudence jusqu’à réserver trois emplacements contigus pour, à la date limite pour demander remboursement, ne garder que le terrain du centre et annuler des deux autres. Ils n’hésitent pas à se vanter de cette stratégie qu’ils voient comme l’opportunité d’une plus grande intimité puisque le camping ne pourra probablement pas louer ces emplacements à la dernière minute. Cette attitude d’un nombrilisme affligeant en dit long sur la possible allégeance politique de ces caravaniers.
Ici au Québec, cette façon de faire serait probablement inconcevable. Cependant, on sait tous que ce qui frappe les États-Unis aujourd’hui finira, un jour ou l’autre, par traverser notre frontière. Si, chez nos voisins, les mesures encadrant les réservations laissent place à certains écarts de conduite, ici, nos caravaniers témoignent dans l’ensemble d’un respect et d’une conscience sociale qui fait apparaître l’égocentrisme états-unien comme une valeur à l’opposé des nôtres.
Une simple recherche sur des sites web de camping québécois et sur celui de la Sépaq (qui, à sa façon, gère un réseau équivalent aux « State et National Parks » de nos voisins) m’a permis de constater deux modes de fonctionnement.
Tout d’abord des campings privés vont autoriser une annulation à condition qu’elle soit faite rapidement, plusieurs jours, voir même quelques semaines à l’avance. Toutefois, dans l’annulation d’un séjour d’une nuit ou deux, il est possible qu’aucun remboursement ne soit accordé. Pour les séjours plus longs, un montant variable, qualifié d’administratif, sera déduit du remboursement. Pour ma part, je ne connais pas de caravanier qui, sachant qu’il devra payer la totalité de ses réservations, oserait réserver dans deux ou trois campings différents, pour deux jours à 50 – 60 $ la nuitée simplement pour se garder plus de choix. L’importance du déboursé et son caractère irrécupérable constituent à mon avis, un frein efficace aux réservations simultanées.
À la Sépaq, les choses sont un peu différentes. Lorsqu’une personne ayant réservé ne se présente pas au premier du séjour prévu et ne contacte pas l’organisme pour justifier son absence, elle doit assumer les frais déjà payés. De plus, au deuxième jour de sa réservation, si l’individu ne s’est toujours pas pointé, son emplacement sera mis en location, mais un jour à la fois, une procédure qui pourra se renouveler quotidiennement jusqu’à l’expiration de la réservation. Bien sûr, cela permettra à la Sépaq d’encaisser un double revenu pour cet emplacement, mais la somme ainsi engrangée apportera un léger baume aux coûts d’entretien que le parc doit absorber.
Vous qui voyagez au Québec, dans les provinces avoisinantes, aux États-Unis, avez sans doute, à l’occasion, été contraint d’annuler un séjour pour des raisons hors de votre contrôle. Je serais curieux de vous lire à propos de telles expériences. Je vous invite donc à devenir, le temps d’un billet, collaborateur invité de ce blogue. Aucun cachet bien sûr, mais beaucoup de reconnaissance.
Effet pervers du système de réservation s’il en est un. On pourrait penser qu’une telle situation causant des frustrations aux voyageurs inciterait à pratiquer le camping alternatif lorsque possible. L’époque du premier arrivé premier servi semble révolue. Liberté en VR 2.0
C’est un constat que nous avons souvent fait aux USA dans les State Parks. Se voir refuser l’entrée car complet, se trouver un autre endroit où camper, aller marcher le SP tôt le matin et dénombrer plusieurs sites inoccupés. Ce serait inconcevable pour nous ici au Québec avec les modalités d’annulation existantes dans les SEPAQ! Faudrait vraiment être au-dessus de ses affaires!
Lors de notre dernière tournée aux US début 2022, nous devions réserver à plusieurs reprises dans les parcs d’état du Texas afin de nous assurer une place, car sur le site de réservations on affichait très peu de disponibilités.
À notre arrivée à ces mêmes parcs nous nous attendions à voir beaucoup de voisins mais étions souvent presque seuls pour les quatre jours et pourtant lors de la réservation il n’y avait qu’un ou deux sites de disponibles.
Très déplaisante cette façon de faire, et oui je suis en accord avec le fait que le nombrilisme est très présent.
À Fort De Soto (County Park) plus particulièrement c’est vraiment aberrant d’avoir pu constater ce fait également ?
Le seul moyen d’arrêter ce vilain manège, c’est d’exiger le montant total de la transaction lors de la réservation et de refuser de rembourser à moins de trois semaines du début du séjour. Ça pourrait en “calmer” plusieurs…
Ok, je vais un peu magnanime… À moins de trois semaines, aucun remboursement mais un crédit de l’équivalent de 80% applicable pour un futur séjour et bon pour 12 mois seulement. Voilà, je me sens un peu moins “républicain” ! 🙂
Nous avons une réservation de camping à Gatineau du 14 août au 5 septembre. On a déjà versé un dépôt représentant la moitié du payment total. Or la semaine dernière, mon conjoint a eu un accident de moto et il sera invalide pour plusieurs semaines. Demain matin, je m’occuperai de contacter le camping pour un remboursement ou un report pour l’an prochain. Sur son site, il est inscrit aucun remboursement. Je vais donc insister car, ce n’est pas un changement d’idée par caprice.
Je viens de parler avec le propriétaire du camping. Situation exceptionnelle, remboursement exceptionnel a-t-il dit. Très conciliant et humain.
Il y a quelques années en Floride, j’avais compris que les résidents, outre la préséance d’un mois lorsque les réservations débutaient à l’automne pour l’année suivante, avaient undes prix réduits pour les « seniors » et les militaires… Certains campings leur coûtaient aussi peu que 10$ la nuit, alors que les frais administratifs pour annuler étaient de 7,50$… À cet égard, l’incitatif pour annuler n’était pas très fort pour récupérer 2,50 $… Je ne me souviens pas exactement des chiffres, mais c’était cette logique.
Par ailleurs, plusieurs étasuniens réservent des fins de semaine de 3 ou 4 nuits… Lorsque le mauvais temps se pointe, certains vont retarder leur arrivée au camping d’une ou 2 nuits. Si je me souviens bien, le système informatique n’était programmé pour annuler une seule nuit sur 3 ou 4… Ils devaient annuler au complet et prendre le risque de ne pas pouvoir réserver pour le reste de leur séjours… Je ne sais pas si le système fonctionne encore comme cela.
Il n’y a pas seulement aux USA que cela arrive. Nous, il y a quelques années au parc national Pacific Rim sur l’île de Vancouver, pendant notre séjour de 4 nuits notre emplacement n’étais pas à notre goût. A tout les matins j’allais à la réception pour demander un changement de site voyant qu’il y en avait quatres de libres dos au pacifique, site de rêve. Pas de chance, on me disais à chaque fois qu’il ne pouvait pas me les céder car il n’y avait pas eu d’annulation.
Certains états ne rembourse pas mais offre un »bon différé » J’en ai un pour le Mississippi. Je trouve que c’est pas une mauvaise méthode. N’ayant pu allez au Mardi Gras en 2021 de la Floride à la Louisiane avec arrêt au Buccaneer State Park, nous avons annulé. J’ai toujours mon »Vouchers » de 29.96. Qui sait un jour peut-être mais c’est une méthode pour éviter le »overbooking » .