Repos à Nanaimo
- Le soir au camping Living Forest.
Nous ne savions pas que les Colombiens-Britanniques fêtaient leur province le premier week-end d’août. C’est donc sans réservation que nous avons abouti à Nanaimo, sur l’île de Vancouver.
Au Living Forest, on ne pouvait nous donner un site que jusqu’au vendredi. Pour les jours suivants, j’ai laissé mes coordonnées. Mais la réceptionniste ne m’a guère laissé d’espoir, précisant que la liste comptait déjà une vingtaine de noms. Au centre d’information touristique, une préposée a multiplié les coups de fil pour nous, mais sans succès. Il n’y avait rien de disponible non plus à Tofino, de l’autre côté de l’île. Nous nous étions donc résignés à passer la fin de semaine sur le parking du Walmart, par 30 degrés Celcius. À l’ombre, dois-je ajouter, tout en rappelant que l’ombre est bien rare sur les stationnements asphaltés.
Mais il faut croire que notre karma n’est pas trop lourd, car les charmantes réceptionnistes du Living Forest ont fini par nous trouver un site, d’abord pour le vendredi, puis pour le samedi, puis jusqu’au mardi matin. Notre retour parmi les Walmartiens attendra.
Nous en étions d’autant plus heureux que le Living Forest est un des plus beaux campings où nous avons séjourné depuis le début de notre voyage. Il est en effet situé dans un bois de cèdres, juste au bord de la mer. Les terrains sont particulièrement grands pour un camping privé et certains offrent une belle vue sur l’eau.
Seul bémol, nous nous sommes retrouvés à côté d’un couple de corniauds, qui écoutaient la radio country du matin au soir et qui la faisaient entendre à leurs voisins. Pas une minute de silence. Heureusement, nous n’avons eu à les subir qu’une journée. Le lendemain, un couple de fumeurs, du genre à s’allumer avec son mégot, est venu les remplacer. Lise, qui a le nez fin dans tous les sens du terme, n’était pas sûre d’avoir gagné au change.
Malgré tout, ces six jours se sont bien passés. Au départ, nous n’avions pas prévu nous arrêter si longtemps. Mais ma campagne avait besoin de soigner son coccyx. Il est maintenant guéri. Et moi, après avoir conduit sur quelques milliers de kilomètres dans le Nord, je n’étais pas au top, comme on dit dans l’Hexagone. «Vieillesse maudite!» aurait lancé un ex-collègue.
Nous avons profité de ce temps d’arrêt pour lire, cuisiner et bien manger. Pour marcher aussi, mais en pépé et mémé, le temps d’aller à l’épicerie ou d’aller cueillir des mûres. Ah! les mûres. Il y en avait en abondance entre le camping et le petit centre commercial, où nous nous rendions tous les jours. Nous nous en sommes gavés et Lise en a même cueilli suffisamment pour faire six pots de confitures. Un régal!
Mardi matin, nous avons repris la route. Nous nous sommes arrêtés au Little Qualicum, près de Parksville. Assez étonnamment, c’était la première fois que nous nous arrêtions dans un parc provincial de la Colombie-Britannique.
La perle de l’Ouest compte pourtant de nombreux parcs, situés dans de magnifiques endroits. Mais côté services, ce n’est pas le Pérou. Jamais d’électricité, habituellement pas d’eau, des toilettes rudimentaires, plus d’ours que de douches. L’internet? Vous voulez rire! Souvent, il n’y a même pas une pauvre petite étudiante à l’entrée pour nous accueillir avec le sourire. Juste des enveloppes anonymes sur lesquels il faut s’inscrire ses coordonnées et glisser les 21$ demandés.
Une autre chose nous agace un peu dans ces parcs, c’est le système «premier arrivé premier servi», qui défavorise scandaleusement, il faut bien le dire, les caravaniers qui, comme nous, ne se lèvent pas à l’aube. Quand nous finissons par arriver, il n’y a habituellement plus un seul site libre.
On peut, il est vrai, faire des réservations en ligne dans quelques parcs. En principe du moins. Mais le système est si compliqué, si rébarbatif, qu’au bout d’une heure nous avons été tentés de lancer nos beaux iPad par la porte de La grande bleue. Les programmateurs devraient aller faire un stage aux USA chez Reserve America. En attendant, on a décidé de ne plus se servir de leur médiocre système.
Le carnet du caravanier
Nous avons profité de notre séjour au Living Forest pour aller faire un tour à Nanaimo. La promenade aménagée le long de la mer, le Harbourside Walkway, vaut le détour. En revanche, le centre-ville est minuscule et plutôt banal. On sent vite que la vie, comme dans la majorité des villes d’Amérique, se déroule surtout en banlieue.
Nous avons aussi poussé une pointe jusqu’à The Tea Farm. Nous étions à la recherche de Pu-Er, notre thé du matin, bien difficile à trouver depuis notre départ de Kelowna. À tel point que nous étions à sec. Pour notre plus grand bonheur, il y en avait, et du bon, à la ferme, où les propriétaires importent de thés biologiques du Japon et de la Chine.
Victor, un ex-Montréalais, et Margit, une ex-Danoise, ont également entrepris la culture du Camellia Sinensis. Ils seraient les seuls cultivateurs de thé au Canada. Pour l’instant, la production est trop jeune pour donner un premier thé canadien. Mais en attendant, on peut se rendre à leur ferme pour acheter ou déguster leurs thés importés. On peut aussi y savourer de délicieux desserts dans un décor splendide. Pour peu que vous soyez un amateur de thé, c’est un arrêt obligé sur l’île de Vancouver.
Lise vous fait ses amitiés. On se revoit la semaine prochaine, probablement à Long Beach sur le Pacifique.