Question de tenue de route
En décembre, dans ma chronique Testé par Paul du magazine Camping Caravaning, j’avais traité du correcteur de louvoiement pour autocaravanes Safe-T Plus. Évidemment, en faire la présentation en plein cœur de l’hiver ne pouvait être plus hors saison. Depuis, les saisons ayant réchauffé notre quotidien, j’ai reçu plusieurs commentaires de personnes qui, après avoir lu et conservé mon article, avaient fait installer cet accessoire sur le train avant de leur VR.
Je me souviens de l’un d’entre eux qui, après traversé le pont Pierre-Laporte reliant Lévis à Québec par temps de grands vents, m’avait avoué avoir eu la peur de sa vie. C’est à ce moment qu’il avait pris la décision de faire installer l’accessoire. Depuis, ses battements cardiaques ont retrouvé leur rythme normal.
Ce sujet a connu une seconde vie sur le blogue de la FQCC cette semaine. En fait, tout a commencé par la question d’un membre à savoir dans quel ordre il devrait modifier son autocaravane pour la rendre plus sure et confortable en matière de tenue de route. Il hésitait entre deux choix : poser des ballons de suspension ou installer un correcteur de louvoiement.
Évidemment, nous fûmes plusieurs à préciser que chacune de ces avenues répondait à un problème différent. La pose de ballons de suspension aurait principalement une incidence sur la douceur de roulement de son VR tout en corrigeant un éventuel déséquilibre avant arrière causé par une répartition inégale de la charge sur les essieux. Certes, l’ajout de ballons, surtout si ceux-ci disposent d’un régulateur de pression entièrement automatique, aiderait aussi à diminuer l’effet de roulis souvent ressenti sur une route sinueuse. En un mot, l’effet le plus important des ballons touchait à l’amélioration du confort.
Le correcteur de louvoiement fixé sur l’essieu avant remplit un tout autre rôle et son effet principal concerne en premier lieu la sécurité sur la route. Un autre effet, secondaire celui-là, contribue à la baisse du stress et de la fatigue du conducteur. Plutôt que de chercher constamment, les deux mains sur le volant, à corriger la trajectoire de son VR en réaction aux bourrasques latérales, il peut, souvent d’une seule main dans la plupart des cas, maintenir le cap désiré.
Le débat sur l’utilité d’un Safe-T Plus pris rapidement sur le forum une tangente inattendue, qui dévia sur la résistance des constructeurs de véhicules récréatifs à installer de série un correcteur de louvoiement sur leurs autocaravanes. Pour certains membres il fallait également reprocher cette absence aux constructeurs de châssis, principalement Ford. Il est vrai que Ford, depuis le retrait de Workhorse du secteur des châssis pour VR est devenu le seul équipementier en la matière en Amérique du Nord, du moins dans les autocaravanes d’entrée de gamme à motorisation à essence, mais aussi dans une moindre mesure à moteur diesel avant.
Or, selon moi, même si la compagnie Ford a éprouvé certains problèmes techniques sur ses châssis ayant mis au jour des failles en matière de comportement routier, la véritable responsabilité de l’instabilité des VR sur le chemin met en cause les fabricants mêmes d’autocaravanes. Après tout, ce sont eux qui déterminent les options qu’ils désirent retrouver sur les châssis dont ils ont besoin.
Les lois de la physique sont implacables. Aussi l’instabilité sur la route s’explique par des facteurs bien connus. Un premier facteur met en cause la suspension qui supporte le véhicule (ici, on parle directement du châssis). Plus la capacité d’amortir les secousses est grande, meilleure sera la tenue de route.
Le second facteur, beaucoup plus important celui-là, découle de tout ce qui est ajouté au châssis pour en faire une maison ambulante. Obsédés par la création de véhicules plus légers, mais aussi plus gros les uns que les autres, la résistance des matériaux en prend souvent pour son rhume. Murs et cloisons plus minces, longs porte-à-faux arrières, châssis dont la charge autorisée est exploitée à la limite pour éviter le recours à un châssis plus costaud, mais aussi plus lourd, toutes ces raisons ont aussi un impact sur le comportement routier de ces autocaravanes.
Un autre élément contribue à mettre à mal une notion de physique. La hauteur de plus en plus grande des autocaravanes fait en sorte que le centre de gravité de ces véhicules s’élève de beaucoup, ce qui rend les véhicules beaucoup plus vulnérables aux vents. Il est beaucoup plus facile d’affronter un vent de 30 kmh avec les pieds sur le sol que de le faire en étant grimpé sur un tabouret d’un mètre de haut. Un vent identique, mais deux centres de gravité à hauteur différente.
Il est aussi des raisons économiques justifiant la décision de ne pas installer un correcteur de louvoiement et des ballons de suspensions en équipement standard sur toutes les autocaravanes de type A ou C. La première mise souvent sur l’ignorance et l’inexpérience des premiers acheteurs. Ces accessoires n’ont aucune utilité apparente lorsque l’on salive sur un VR exposé chez un concessionnaire. Le facteur du prix demandé pour l’autocaravane dicte souvent la réponse de l’acheteur, les fabricants le savent fort bien.
Dans ces conditions, pourquoi ajouter des accessoires qui en feraient grimper le prix et rendraient le VR moins concurrentiel à celui proposé par les compétiteurs ? Cela d’autant plus qu’à priori la majorité des consommateurs n’est pas en mesure d’en apprécier la nécessité.
Cette situation fait le bonheur des ateliers proposant des solutions pour corriger les failles de plusieurs autocaravanes. Ayant un jour demandé à un propriétaire d’un tel atelier quelle était sa marque d’autocaravane préférée, j’avais été fort étonné de l’entendre me citer une marque de très bas de gamme.
— Pourquoi cette marque, lui avais-je répondu ?
— Simplement parce que cette marque, c’est du bonbon pour moi. Elle représente une partie importante de mon chiffre d’affaire, m’avait-il rétorqué.
Bonjour,
J’ai fouillé sur le site de Safe T Plus, j’ai pas trouvé ce qu´il faut installer sur mon sprinter, sûrement que ça existe. Toujours intéressante vos chroniques. Merci
J’ai cet équipement sur mon motorisé et je l’avais aussi sur mon précédent motorisé.
Un point fort de cet équipement est de pouvoir garder sous contrôle la conduite du motorisé lors d’une crevaison ou de « blow out » sur un pneu avant; ça peut vous sauver une fracture de poignet ou de doigts !
Plus ca change plus c’est pareil. On nous vend du reve certe, mais tous les extras deviennent essentiels pour rever en paix. Et c’est la qu’on se fait laver par des marchands sans scrupules. Une industrie qui aurait besoin d’une bonne correction.