Un vieux moulin tournant trop vite
Lundi dernier, sur le site de l’agence de presse Reuters, un journaliste, Timothy Aeppel, publiait un article sur la situation de l’emploi en Indiana. On sait que cet état, surtout la région d’Elkart, connait une croissance fulgurante grâce aux usines de véhicules récréatifs qui tournent à plein régime. Bien que le journaliste traçait un parallèle entre la progression de l’emploi et le message politique de Donald Trump, ce sont surtout d’autres éléments de l’article qui ont retenu mon attention.
Citant un employé ayant travaillé dans une fabrique de VR pendant plus de douze ans et qui y avait laissé sa santé principalement à cause de la pression exercée sur les travailleurs et un environnement de travail inadéquat, Aeppel affirmait que, pour la majorité des travailleurs de cet état, le problème n’était pas la difficulté de trouver un emploi, mais de que celui-ci en soit un de qualité.
Son enquête révélait aussi qu’un grand nombre d’entreprises de véhicules récréatifs qui avaient fait de Elkart la capitale du VR — environ 85 % des VR nord-américains sont fabriqués dans la région immédiate de cette ville — avaient encore recours à la méthode des incitatifs à la production pour payer leurs employés. Ces derniers dont le salaire de base était très peu élevé pouvaient espérer doubler et plus celui-ci grâce aux primes reliées à leur rapidité d’exécution.
Cette méthode de travail, digne des années 50, représente en soi une incitation au travail bâclé. Produire plus de pièces ou s’acquitter de ses tâches avec la plus grande rapidité possible conduit automatiquement à tourner les coins ronds. La quantité de ce qui est produit prend donc inévitablement le dessus sur la qualité.
Le journaliste notait également que, contrairement à ce que l’on rencontre dans le secteur de l’automobile et dans d’autres usines modernes, hautement mécanisées et aux technologies sophistiquées, la fabrication des véhicules récréatifs se fait encore à l’ancienne. Les techniques utilisées ressemblent beaucoup à ce qui se fait en construction domiciliaire. Pis encore, très souvent vétustes, les lieux où se fait l’assemblage évoquent plus des ateliers de fond de cour que des usines utilisant les plus récentes avancées technologiques.
Un autre point abordé dans l’article concernait les conditions physiques de travail. Dans des hangars sans climatisation, l’été, la température peut facilement devenir suffocante, ce qui, avouons-le convient mal à un rythme de travail constamment axé sur l’accélération de la production. Consciente des effets de la chaleur et des dangers de déshydratation qui peuvent en découler, la direction des ressources humaines de Thor, le géant des véhicules récréatifs, a d’ailleurs promulgué une fermeture systématique d’usine lorsque la température y dépasse 44 ºC.
Les conditions physiques de travail, le régime de production imposé, les primes associées à la vitesse d’exécution et les techniques utilisées favorisent un manque de précision dans l’assemblage des VR. Un accroissement des tâches automatisées pourrait sans doute améliorer les choses, mais il faut cependant reconnaître qu’en matière de VR, l’automatisation de la production est très difficile à réaliser. Ainsi, pour un même modèle de véhicule récréatif, la très grande variété des aménagements intérieurs et des accessoires qui y sont installés constitue un frein majeur à son implantation. On peut même dire que, contrairement aux automobiles, chacun des véhicules construits diffère du précédent et du suivant. La diversité des bordereaux de fabrication qui accompagnent chacun en témoigne.
Le dernier point soulevé par l’agence Reuters découle de tout ce qui a été dit précédemment. Les travailleurs n’arrivent pas à se faire à la cadence imposée et aux efforts physiques requis. Voulant améliorer leur sort, ils changent souvent d’emploi. On mentionne même dans l’article que certaines usines affichent un taux de roulement du personnel de 100 %. Un problème qui se traduit par deux conséquences néfastes pour l’industrie.
Tout d’abord, un taux de roulement aussi élevé indique combien l’expertise résultant de l’expérience dans l’exécution d’une même tâche est fragile, pour ne pas dire inexistante. Dès qu’il commence à être le moindrement familier avec ce qu’il faut faire, l’employé quitte son emploi. L’autre élément négatif concerne la difficulté pour ces entreprises de mettre en place des programmes de formation pour ses employés. À quoi peut-il servir de faire de la formation en cours d’emploi, si les travailleurs quittent à la moindre occasion ?
La situation actuelle de l’industrie du véhicule récréatif ressemble à une maison en flammes. La priorité consiste à éteindre le feu. Après seulement, il sera temps de réfléchir à des mesures de prévention pour éviter que cela ne se reproduise. En d’autres mots, tant que l’industrie aura le vent dans les voiles et peinera à suffire à la demande des consommateurs, il lui sera très difficile de mettre en place des correctifs. En terminant, voici un lien menant à l’article ayant conduit à ce billet: http://www.reuters.com/investigates/special-report/usa-workers-elkhart/
N’oubliez pas l’adresse courriel pour me faire part de vos commentaires ou questions s’éloignant du sujet du jour: plaquerre@campingcaravaningmag.ca.
Comme je peu le lire, on est pas près d’apercevoir de la qualité dans les produits fabriqués aux States.
Mis à part les petits VRs, avons-nous encore au Canada des fabricants sérieux dans le domaine des caravanes tractées qui pourraient nous offrir une alternative à la ‘scrap’ américaine ?
J’ai passé 5 jours chez Tiffin Motor Home en Alabama avec un ami pour réparation de son Open Road et je puis vous dire que ce n’est pas exagéré ce que le texte dit. Si la CSST entrait dans cette usine, ce serait la clef dans la porte immédiatement, pour les employés et visiteurs aucun casque de sécurité, pas de lunette protectrice, il fallait enjamber les pieces de tole et autres qui trainaient sur le plancher, un désordre total.
Nous avons visité les usines Winnebago en Iowa en 2013 et nous avons été grandement impressionnés. On a pu suivre en partie un motorisé exactement pareil comme le nôtre. L’usine était aéré, les employés ne semblaient pas avoir la broue dans le toupet, mais travaillaient à un rythme régulier. L’usine de motorisé ne semblait pas un dépotoir. Tout était classé. On nous a fait visiter plusieurs entrepôts où les armoires, les coussins, les articles de décorations étaient fabriqués et personne ne semblait souffrir. On nous expliquait que les motorisés sont fabriqués par les Amish. Cela depuis les début de Winnebago. À cette époque, les gens avaient de la difficulté à vivre avec seulement leurs terres. Ainsi, ils ont parti une usine de VR. Or, comme ils avaient toujours leur terre, le travail à l’usine commençait à 9h AM pour se terminer à 15h. Avant 9h, les employés vaquaient à leur terre ainsi qu’après 15h. Cette tradition perdure, puisque l’usine a fermé à 15h pendant que nous y étions. Une chance qu’il y a encore de bonne entreprise de VR.
Il ne faut pas oublier que la marque WINNIBEGO est la première, je crois, d’avoir construit des motorisés qui dans le temps, tout le monde appelait des motorisés »des wininbagos »; en 2017, cette Cie bâtit toujours des motorisés qui sont renommés pour leur solidité et leur qualité d’assemblage et non pas pour leur luxe.
Quelles conditions de travail horribles! Merci Estelle de ce topo sur Winnebago. Quand on changera, on y pensera!
Et c’est sans compter les appareils et équipements dis continués. Désolé ça ne se fait plus ce model-là, combien de fois on entend ça. Je suis rendu avec 3 modèles de néons différents dans ma fifth wheel
Et c’est sans compter l’arnaque des équipements qui se changeraient en un rien de temps et d’argent et que non, il faut changer le kit au complet. Exemple: une porte de plastique cheap des services d’eau extérieur. Ça serait si facile de changer seulement la porte ben non, il faut changer tout le kit au complet.
Et c’est sans compter le prix exorbitant des pièces, ils savent qu’ils nous tiennent par les…
Une porte de l’entrée électrique extérieur 50 A, encore là impossible de changer la porte faut changer le kit. Chez un détaillant 189$. Un autre détaillant 159$. Alors qu’une entrée électrique 50 A 220 V, chez Rona…4.39$ Ok, ajoutez 10$ de caoutchouc pour l’isoler et 10$ pour une tit-porte on serait rendu à 24.39$.
On se fait flouer sur la qualité, on se fait flouer sur l’entretien…Le temps approche ou je vais décrocher de ce système d’arnaque institutionnalisé.
J’ai hâte de voir Hymer arriver dans le portrait avec ses caravanes Eriba. C’est le standard de qualité en Europe. Mais la qualité a un prix, elles se vendent à plus de 30,000 $ en Europe…