Projet tabletté
Le 4 octobre dernier, je publiais sur ce blogue un billet intitulé Nouveau virage. J’y annonçais que Michelle et moi avions choisi de nous départir de notre équipage (Alto F-2114 et GLK 250) pour nous orienter vers autre chose sans toutefois apporter plus de précisions sur le sujet. Il n’en fallait pas plus pour partir le moulin à hypothèses et à rumeurs.
Le 6 décembre, je publiais un nouveau texte coiffé du titre Première brique dans lequel je faisais part de l’acquisition d’une Tesla Model Y, un élément important de notre nouveau projet. Dans ces deux textes, je m’étais engagé à vous révéler en primeur les détails de notre nouvelle aventure lorsque celle-ci deviendrait un peu plus structurée.
Aujourd’hui, il est temps de respecter cette promesse. J’aime mieux vous prévenir tout de suite : la conclusion risque de vous étonner, mais pour cela, il vous faudra encore patienter une semaine ou deux pour obtenir un portrait complet de la situation. Je commence…
Depuis des mois, je m’interrogeais sur le futur du caravaning et de celui des véhicules automobiles. Comme plusieurs autres, préoccupés par la question, j’arrivais à la conclusion que cet avenir allait reposer sur l’énergie électrique et, conséquemment, qu’il fallait déjà se préparer à tourner le dos aux combustibles fossiles. Épuisement éventuel de réserves pétrolières, accroissement de la pollution, gaz à effets de serre, impacts sur la santé… je vous laisse discourir sur les causes de ce virage.
Il ne m’intéresse pas de jouer au devin et d’élaborer un quelconque échéancier pour sa concrétisation. Par contre, ce dont je suis absolument certain, c’est caractère inéluctable de cette transition énergétique.
Pendant des mois, j’ai analysé les opportunités, étudié des moyens techniques, consulté des experts pour valider la faisabilité d’un projet qui permettrait de voyager dans une caravane et son véhicule tracteur en mode entièrement électrique sans aucun apport issu de carburants fossiles. Deux questions me harcelaient :
- Était-il possible de vaincre les difficultés inhérentes au projet et de trouver des compromis tout en conservant intact le caractère agréable du caravaning ?
- En plus d’être avantageux au plan environnemental, voyager de cette façon pouvait-il s’avérer plus économique ?
Parallèlement, en misant sur la puissance des moyens de communication que procure l’internet, cette expérience pouvait devenir en un exceptionnel outil de sensibilisation et de partage, presque en temps réel, de renseignements fiables et validés sur ce qui sera bientôt la nouvelle réalité. Sur papier, l’ambitieux projet s’annonçait prometteur.
Dans les jours qui suivirent mon billet annonçant le nouveau virage, sans grands indices, quelques lecteurs clairvoyants identifièrent avec précision les principaux éléments du projet, me laissant ainsi bouche bée. Tant en ce qui a trait au choix de la voiture que de la marque et du modèle de la caravane, ils avaient tout bon.
La caravane envisagée était bien une Alto, modèle A-2114, qui profiterait de modifications comparativement à la version actuellement fabriquée par Safari Condo. Son créateur, Daniel Nadeau, fut d’ailleurs le premier — après Michelle, bien sûr — avec qui je discutai du projet. Réceptif, mais quand même un peu dubitatif, il accepta malgré tout de collaborer à ma folie.
Sa plus grande crainte résidait toutefois dans la difficulté d’insérer la construction de cette caravane modifiée dans son calendrier de production déjà débordé par la demande et qui, en même temps, était sérieusement mis à mal par la pandémie. Mesures sanitaires strictes, employés devant s’absenter du travail pour cause de prévention ou de maladie, difficultés d’approvisionnement en pièces et accessoires… la liste des embuches devenait un défi quotidien de taille.
En optant pour une Alto A-2114, je misais sur la plus aérodynamique des caravanes sur le marché. Elle était même encore plus fluide sur la route que tous les autres modèles d’Alto, pourtant bien cotés à cet égard. Non seulement affichait-elle un devant en V dont la partie supérieure était inclinée, mais sous son châssis, une membrane d’aluminium cachait toutes les aspérités pour diminuer les turbulences néfastes à la circulation de l’air. Mieux encore, ne rencontrant aucun obstacle, l’air compressé sous la caravane à vitesse de croisière aidait à la soulever légèrement, allégeant ainsi le poids supporté par les pneus.
Rendues inutiles, les bonbonnes de propane seraient remplacées par deux batteries LiFeP04 totalisant 540 ampères/h, assurant ainsi une réserve de 3,5 kW/h. Sur le toit, où il était possible d’installer des panneaux solaires pour un total de 1 100 watts/h de puissance, il était prévu pour le début de s’en tenir à deux panneaux de 330 watts chacun, quitte à augmenter leur nombre si le besoin s’en faisait sentir.
À l’intérieur le frigo fonctionnerait sur courant continu (12 v) alors qu’un onduleur Victron de 3 000 watts répondrait aux besoins appareils sur courant alternatif, notamment une plaque double à induction pour la cuisson des aliments. Quant à l’eau chaude et le chauffage, deux éléments à utilisation ponctuelle, ils profiteraint de l’excellent système Combi 6 fabriqué par Truma.
Bien sûr, cet équipage aurait exigé un contrôle rigoureux de la consommation de l’énergie. Nul doute aussi que remorquer par une auto électrique aurait imposé des arrêts plus nombreux pour recharger la batterie chaque 200-250 km, nous forçant ainsi à adopter de nouvelles habitudes dans les déplacements. Par contre, ces inconvénients risquaient d’être largement récompensés par une diminution des couts en carburant puisqu’en choisissant un emplacement de camping avec prise 50A sur, il aurait été facile d’y brancher l’auto et de la recharger durant la nuit.
Mais voilà, après mure réflexion et une grande déception, j’ai, pour plusieurs considérations, mis le projet en veilleuse en espérant qu’il ne s’agira que d’un report. La semaine prochaine, je vous expliquerai les raisons ayant conduit à cette décision.
N’oubliez pas que vos questions et commentaires ne se rapportant pas au sujet de la semaine sont quand même les bienvenues. Je vous demande toutefois, afin de ne pas détourner le sujet de la semaine, de me les adresser à plaquerre@campingcaravaningmag.ca. Il me fera plaisir de vous répondre.
J’ai hâte de vous lire sur les raisons qui vous ont amené à mettre le projet sur pause. Avez-vous un plan B pour la prochaine saison?
Je crois que la raison est que la technologie est $$$$
Le pétrole n’est pas près de disparaitre, avez vous vu l’article cet semaine, en Californie, 20% des gens ayant fait le virage pour la voiture électrique, retournent au moteur a combustion.
Robert Roy,
J’ai pris connaissance de l’étude menée l’Institut des transports du campus de Davis de l’université de Californie. Cette étude a colligé des données portant sur les années 2012 à 2018, ce qui, lorsque l’on regarde l’évolution de la voiture électrique, remonte à une éternité.
Dans les raisons alléguées, on trouvait le manque de bornes de recharges, le fait que plusieurs citadins ne pouvaient s’installer des bornes au garage de leur appartement alors que d’autres n’avaient pas fait jugé utile de faire une telle installation à domicile, surtout pour les bornes fonctionnant sur 240 volts.
Il ne faut donc pas s’étonner que plusieurs des personnes consultées se plaignaient de la durée que pouvait prendre une recharge sur une prise 110 volts. De toute façon, à l’époque de cette étude, presque toutes les voitures ne permettaient pas de recharger à une borne rapide.
Aujourd’hui, la situation a bien changée. Mais, j’en conviens avec vous, il y aura toujours des résistants. Si des études du genre avaient eu lieu au début du siècle dernier, il s’en serait trouvé plusieurs à s’insurger contre le Model T de Ford et clamer haut et fort que le cheval ne serait jamais détrôné en matière de transport.
Paul Laquerre
(même si le blogue attribue ce commentaire à «admin». Vivement que le rafraichissement du site web de la FQCC soit complété !)
Quand c’est trop beau pour être vrai… Je me demande encore comment planifier un voyage dans le sud-ouest américain pour visiter la multitudes des magnifiques parcs nationaux où la plupart des campings on zéro services et à des km de toutes « civilisation » ? Avec un véhicule 100% électrique ? Pas pour moi, merci !
Claude B, c’est pas pour nous aussi l’électrique. Imagine nous quittons depuis cinq ans pour un séjour en autonomie en Arizona et en Californie et l’aller/retour est environ 10000km.
Une Tesla Y avec environ 250km d’autonomie en tirant une petite roulotte Alto je dois arrêter 40 fois pour une recharge vs 13 arrêts pour un plein d’essence.
Dans cinq où dix ans peut-être.
Bien triste nouvelle. Quand la science promet et ne livre pas assez vite.. On a pris gout a la la facilite de voyager grace a l’essence; ca prendra quelques generations a changer le modele de voyage actuel. A moins que le prix de l’essence ne monte en fleche et nous force a modifier notre rythme et la frequence de nos sorties plus soudainement. Bref, l’equilibre des couts/benefices n’a pas ete atteint bien que les deux modes se rapprochent. Je prie pour que ma camionnette dure encore quelques annees.
Quant à électrifier la caravane, pourquoi ne pas poser une toilette électrique qui produit du compost en le brûlant?
J’ai aussi lu l’article que Robert Roy mentionne sur le retour des utilisateurs vers l’auto à essence. Je l’ai lu 2 fois croyant ne pas comprendre l’article en question. Mais non j’avais bien compris avec en conclusion que le journal avait écrit un article complétement inutile et sans valeur compte tenu qu’on est au Québec et en…2021. À ce compte-là aussi bien écrire un article disant que les gens ne veulent pas de GPS dans leur auto préférant les grandes cartes routières à déplier.
Patience, on est aux balbutiements de l’électrification des transports. Années après années les véhicules s’amméliorent de même que l’autonomie et le temps de charge. On n’a qu’à penser à l’autonomie des véhicules électriques d’il y a 10 ans… un monde de différence. Le hic, le temps va manquer à certains d’entre-nous, dont moi haha pour voyager en monde électrique uniquement comme on le fait en mode à essence. Rouler oui mais voyager, oups.
Paul, avez-vous une Tesla Y à vendre?
À Michel Caron, ou notre ami Paul se cherche une GLK 250 diesel d’occasion… 🙂
Et non, mon Touareg TDI n’est pas à vendre ! 😉