Dommages collatéraux méconnus
En mars dernier, lorsque les gouvernements Trudeau et Legault avaient recommandé aux ressortissants canadiens de type « snowbirds » de rapidement revenir au pays, cela avait créé une onde de choc chez toutes les personnes séjournant aux États-Unis. Malheureusement, leurs propos s’adressaient aux voyageurs hivernaux comme s’ils formaient une entité homogène.
Je m’étais alors empressé de souligner sur ce blogue le manque de nuances du message gouvernemental. J’avais alors écrit que les véhicules récréatifs constituaient en quelque sorte un microcosme pouvant offrir une meilleure protection aux caravaniers que les avions, autocars ou bateaux de croisière. À l’instar des autres Québécois confinés dans leur résidence au pays, les caravaniers avaient un parfait contrôle des personnes pouvant entrer dans leur véhicule récréatif. De plus, le plein air et la dimension des emplacements de camping pouvaient facilement répondre aux exigences de distanciation physique. Le VR pouvait même permettre de se placer en quarantaine volontaire, que l’on soit en Floride ou au Québec.
Mal interprété par des lecteurs surpris et terrifiés par le message officiel, mon billet d’alors avait immédiatement attiré beaucoup de commentaires, dont certains pour le moins virulents et acerbes. De quel droit pouvais-je remettre en question ce que disaient nos dirigeants ? Pourtant, tout ce que j’aurais aimé retrouver dans les consignes gouvernementales se limitait à ne pas considérer les « snowbirds » comme une communauté monolithique. La réalité des propriétaires de condos floridiens qui se rendent sur place en avion ou en voiture est bien différente de ce que vivent les caravaniers.
Durant le trajet pour atteindre ou revenir de la Floride le premier groupe de « snowbirds » doit recourir à l’avion pour le voyage, un milieu extrêmement pathogène et propice à la contamination. Quant à ceux qui s’y rendent en automobile, ils ne peuvent que s’en remettre aux haltes routières pour soulager leur vessie, aux restaurants pour se sustenter et aux hôtels ou motels pour passer la nuit. Un manège qui, se répétant sur deux ou trois jours, ne fait que multipliser les risques d’attraper la COVID-19.
Quant au caravanier, circulant dans son univers contrôlé, pause pipi, repas et coucher pouvaient se faire sans mettre le nez dehors. Les seules occasions où il devait inévitablement mettre le nez dehors consistaient dans les arrêts à la pompe. Le port de gants légers et jetables et l’utilisation d’une carte de crédit pour payer directement à la pompe ramenaient le risque réel à tout près de zéro.
Curieusement, quelques semaines plus tard, l’affolement passé, et confronté au problème des grands nomades qui ne pouvaient réintégrer une résidence fixe puisque leur seul abri permanent se résumait à leur véhicule récréatif, les gouvernements reconnaissaient aux VR un degré de sécurité identique à celui d’une habitation conventionnelle. Par voie de conséquences, il accordait aux terrains de camping pourtant officiellement interdits de fréquentation, une dérogation leur permettant d’accueillir les nomades à plein temps à condition que ceux-ci se placent en quarantaine pour deux semaines. Le bon sens venait de triompher sur la panique.
Malheureusement, dans cette aventure et l’urgence décrétée, d’autres facteurs ont également pénalisé les caravaniers. J’en retiens deux en particulier dont l’importance fut considérable. Le premier facteur qui fit monter d’un cran la panique fut une alerte émise par les assureurs proposant une couverture médicale lors de voyages à l’étranger. Je n’aborderai pas aujourd’hui cet élément qui, selon moi, tient de la « fake news », car j’aurai l’occasion d’y revenir dans un dossier sur lequel je pioche, à paraître dans une prochaine édition de Camping Caravaning sur les assurances voyage.
Le second fut la fermeture de la frontière Canada États-Unis. Là aussi, les nuances ont pêché par leur absence puisque les autorités ont oublié de préciser que la fermeture de la frontière canadienne ne concernait pas les citoyens et résidents canadiens, mais uniquement les personnes de nationalité étatsunienne ou autres. Jamais le Canada ni aucun pays d’ailleurs ne pourrait interdire à ses citoyens le droit de revenir chez eux. Pourtant le manque de clarté a fait en sorte que plusieurs caravaniers ont craint de se voir coincés au pays du grand canard. Sous le coup de l’émotion et en bons citoyens soucieux de se conformer aux directives, plusieurs ont sur le champ choisi d’entreposer leur VR dans ce pays pour revenir en urgence comme le demandait le gouvernement.
Aujourd’hui, la frontière américaine étant toujours interdite, ils sont nombreux, maintenant que les campings sont de nouveau ouverts, à regarder passer la belle saison et à se contenter de se remémorer leurs escapades de l’été dernier. Plusieurs m’ont contacté, directement ou via le magazine, pour demander s’il existait une solution pour régler ce déprimant problème.
Dans un premier temps j’ai donc contacté les autorités frontalières canadiennes où tout ce que j’ai obtenu comme réponse fut que cette question ne les concernait pas et que je devais en discuter avec les services frontaliers américains. J’ai donc obtempéré en début de semaine, mais je suis toujours en attente d’un retour d’appel. Optimiste, j’espère obtenir une réponse sous peu que je pourrai vous communiquer la semaine prochaine pour en aider plusieurs à sauver ce qui reste de leur été de caravanier.
À suivre…
Il existe des compagnies de transport pour ramener les VR au Québec. J’ai utilisé Transport St-Hyacinthe qui est très professionnel.
Heuu…Je me permets de vous contrarier un ti-peu concernant le ou les messages du gouvernement à propos du retour au pays vs la fermeture de la frontière canadienne.
J’écoutais régulièrement les points de presse du gouvernement et ça été mentionné à plusieurs reprises que la frontière n’étais pas fermée aux Canadiens de retour au pays.
Le gouvernement le mentionnait, les journalistes posaient la question à chaque jours et le gouvernement répétait continuellement que le retour au pays était possible et souhaitable.
Le problème, le gros problème est que beaucoup de personnes n’écoutent pas les nouvelles ils écoutent de la musique à la journée. J’en ai dans mon entourage qui ne sont au courant de rien de ce qui se passe dans le monde, rien!!!!! Ils vont lire sur les réseaux sociaux toutes sortes d’affaires plus déformées les une que les autres et ils tombent des nus quand ils se retrouvent face à une réalité. Même au fin fond des États-Unis les voyageurs ont accès à internet donc aux médias québécois, selon moi il n’y avait aucune excuse pour ignorer les directives du gouvernement de revenir au pays…la frontière leur était ouverte toute grande pour eux.
Les caravaniers qui ont laissé leur VR aux States pour revenir à la presse devraient contacter leur assureur. Généralement les assureurs canadiens ne couvrent pas un VR laissé pour l’été dans les états du sud, ceci à cause de la saison des ouragans. J’ai une pensée pour les caravaniers à plein temps qui devront se trouver un logement adéquat pour l’hiver canadien. En terminant mes pneus d’hiver sur roues arrivent cette semaine – j’évite la cohue de l’automne prochain…
François Laniel,
Nous nous rejoignons sur de nombreux points. Cependant, je me souviens très bien de premier message formulé par M. Truceau incitant les Canadiens à revenir au pays rapidement par crainte que les transports commerciaux ne réduisent leurs opérations, affectant ainsi la possibilité de rentrer au pays. Il est clair que dans l’esprit du P. M. canadien ce message ne concernait pas les caravaniers qui, eux, voyagent dans leur véhicule privé.
Le jour même, à peine deux heures plus tard, un journaliste demandait à M. Legault de réagir aux propos de M. Trudeau. Celui-ci s’empressa de répondre que s’il était un «snowbird», il sauterait au plus tôt dans un avion. Encore une fois, il est difficile de qualifier ces messages de nuancés, du moins pour y inclure la réalité des caravaniers.
Dans ce contexte où le Coronavirus constituait une source d’insécurité profonde, le mal était fait; cela même si des précisions furent apportées dans les jours qui suivirent grâce aux questions des journaliste.
Les friands d’une information superficielle qui s’alimentent sur Facebook y trouvent n’importe quoi sauf des analyses rationnelles de l’actualité. Après l’avoir lu une fois, il se font une opinion et passent immédiatement à autre chose. Sur cet élément précis, je suis entièrement d’accord avec ce que vous dites.
48 remi,
Il est sage et essentiel, en effet, d’informer son assureur de toute augmentation de risque.
Toutefois dans le cas des véhicules récréatifs, la plupart des assureurs ne posent pas la question concernant la période d’utilisation hors Québec, car l’usage hors Québec d’un VR est présumé comme fréquent et la police d’assurance automobile en usage au Québec (la même pour tous les assureurs) n’exclue pas les dommages causés par un ouragan. Si votre assureur vous a posé la question concernant la période d’usage hors Québec, (parce que cet assureur ne fait pas la nuance entre une auto et un VR ou n’est pas familier avec l’assurance d’un VR) alors vous devrez rectifier la réponse, mais en toute logique cela ne devrait pas causer de problème.
Le problème toutefois existe pour l’automobile, car la plupart des assureurs ont des restrictions quant à la période d’usage hors Québec d’une auto et plusieurs chargeront une surprime pour une période excédent 8 semaines et certains ne couvriront pas plus de 6 mois. Il faut donc discuter des cas particuliers avec notre assureur. Ce n’est pas le risque d’ouragans qui inquiète l’assureur mais le fait qu’il devra assumer le coût des blessures corporelles hors Québec notamment aux USA alors qu’au Québec c’est la SAAQ qui couvre le volet blessures corporelles.
Assurances suite…
Il est certain que si votre intention est de laisser votre VR à l’année aux USA c’est une autre problématique qu’il faut discuter avec votre assureur, mais ce n’est pas le propos ici, puisque nous discutions de l’ordre émis en toute urgence par le gouvernement qui a occasionné une situation hors contrôle pour le caravanier.
Antoine
Autant avec Aviva que Desjardins j’ai toujours eu 180 jours d’assuré pour hors du Québec avec mes vr.
Dans mon cas, l’assurance du vr spéciiait très clairement que c’était pour un usage hors Canada de MAX 180 jours. Donc très important de vérifier avec votre assureur pour ne pas avoir de mauvaise surprise.
Bye
Je peux confirmer que laisser un VR en Floride plus de 6 mois doit être assuré par une Cie Américaine et pour ça, elle doit être immatriculée américaine. Je voulais laisser laisser en Floride ma FW immatriculée au Québec et ma Cie la SSQ m’avait dit qu’après 6 mois ma FW n’était plus assurée et que je devrais la faire assurer aux USA. Mais pour assurer un VR aux USA, il doit être immatriculé USA. L’année d’ensuite j’ai vendu ma FW au Québec et j’ai acheté une FW usagée en Floride et immatriculée Floride, je l’ai assuré au minimum par la Cie Progressive et elle demeure en Floride. Informez-vous à votre Cie d’assurance si vous laissez votre VR plus de 6 mois en Floride car vous pourriez avoir une mauvaise surprise lors d’une réclamation d’assurance. Peut être ici, il pourrait y avoir une exception à cause de la nature temporaire de la covid mais vaut mieux vérifier avec sa Cie du Canada. On est toujours bien assuré jusqu’à ce qu’on réclame car il y a toujours des petites lignes avec des exceptions. Il y a beaucoup de Québécois qui laissent leur VR immatriculé Québec aux USA plus de 6 mois et qui ne le déclare pas à leur Cie d’assurance canadienne, ils risquent beaucoup surtout si elle reprend la route par la suite. Quand je vais aux USA en voiture plus de 2 mois annuellement, je dois aussi informer mon assurance car il y a une charge supplémentaire.
Vaut mieux prévenir que guérir comme avec la covid. 🙂
J.C. Bélanger, quelle adresse as-tu fournie pour la plaquer ? L’adresse du terrain de camping p-e ?
PPour ceux qui ont laissé leur VR aux USA our un retour rapide au Canada il existe des solutions simples
1- Prenez un vol en direction ou vous avez laissé votre VR soit motorisé ou vr tracté avec son tracteur Plusieurs compagnies aériennes offrent des vols direction USA et c’est facile de faire une réservationé
2- Il y plusieurs transporteurs qui pourront ramener votre VR au Canada, sans doute plus dispendieux que la solution no 1
A Norman Berthelette: Je reçois chaque année mon renouvellement d’immatriculation (car aux USA c’est payable annuellement comme une voiture au Québec) au Québec que je paie par internet et je pose le collant lorsque je vais en Floride. Voilà..
À J.C. Bélanger, donc pas besoin d’avoir une adresse américaine pour plaquer une roulotte achetée aux USA !
A Normand Berthelette: C’est ça qui est ça.
Pierrôt parti en auto le 8 mars, moi en avion le 12 mars, c’est avec soulagement que nous avons atteint notre VR entreposé en Floride et s’y sommes sentis tout de suite en sécurité. Nous, ce ne sont pas MM. Legault et Trudeau qui nous ont fait revenir plus vite mais l’annulation de toutes nos réservations les unes après les autres en Floride et jusqu’à la Nouvelle-Orléans! Aussi, la pression de nos proches qui ne comprenaient pas que nous continuions notre voyage malgré tout mais en Georgie. On sentait TELLEMENT la désapprobation. C’est ce que Pierrôt disait également, nous sommes citoyens canadiens, on ne peut en aucun temps nous interdire l’accès au pays et cela même si on revient en pleine pandémie. Si c’était à refaire, savoir ce que je sais présentement, je serais demeurée au sud de la frontière pour en profiter d’avantage!