Pluie, soleil et vertige

Nous devions rester à Fort Langley, en banlieue de Vancouver, plus longtemps. Mais il pleuvait depuis notre arrivée, trois jours plus tôt. Une nuit il a tant plu que les gouttes qui tambourinaient sur le toit de La grande bleue m’ont tenu réveillé de grands bouts. Les prévisions n’étaient pas non plus optimistes ; il y avait des risques de pluie presque tous les jours pour toute la semaine à venir.
Vous nous connaissez, on n’aime pas beaucoup la pluie, pour employer un euphémisme. Lise m’a dit : «Regarde donc les prévisions pour la vallée de l’Okanagan.» Sitôt dit, sitôt fait. L’icône du soleil trônait en haut de chacun des sept jours suivants. Tout au plus annonçait-on quelques risques d’averse. Le hic, c’est qu’il fallait se taper 400 bornes. J’ai dit à Lise : «Est-ce trop fou?» Réponse : «C’est fou, mais pourquoi pas!»
Nous avons décampé sous la pluie, ou plutôt Lise a décampé sous la pluie, car je suis resté bien au sec pendant qu’elle débranchait l’électricité et l’eau. Ne la plaignez pas, c’est son job. Tout comme le nettoyage de la cuvette des toilettes ou de la douche. Que voulez-vous, moi je conduis!
Bref, on est partis et on était bien contents. La pluie a cessé de tomber et les nuages ont commencé à se fractionner à mesure qu’on se rapprochait de Penticton, où nous avons passé encore quelques jours. Nous sommes maintenant à Osoyoos, où nous réglons les derniers préparatifs avant de traverser la frontière américaine d’ici une semaine. En principe, on ne devait pas revoir l’Oncle Sam avant le début de novembre, mais nous avons décidé de mettre le cap plein sud quelques semaines plus tôt. On se croise les doigts pour ne pas être refoulés aux douanes américaines.
Ce n’est pas qu’il ne fasse pas beau ici. Au contraire, le temps est splendide. La lumière d’automne met en beauté le paysage un peu aride d’Osoyoos. Mais on a bien hâte de rejoindre nos amis Lise et Daniel dans le nord de la Californie.
Les soins
Nous étions allés à Langley pour faire soigner notre Grande bleue, si confortable et si agréable à conduire, mais dont la santé est un peu fragile. Chez Traveland, on en a bien pris soin, beaucoup mieux notamment que chez le concessionnaire Leisure Travel de Kelowna. Les mécanos ont notamment réussi à redresser le fauteuil bloqué, de sorte qu’un de nous n’est plus obligé de manger à la romaine.
Ils ont été incapables toutefois de faire sortir un des deux pieds de stabilisation, qui reste obstinément bloqué. Je commence à en avoir marre de voir grimper la facture pendant que l’on cherche en vain l’origine du bobo. Aussi ai-je décidé que nous allions nous débrouiller avec un seul stabilisateur d’ici le reste du voyage. À moins de tomber sur un génie de la mécanique, ce qui paraît hautement improbable. Je me résous aussi à vivre avec une génératrice bipolaire, qui fait parfois teuf-teuf au lieu de se mettre en marche.
À Penticton, c’est le conducteur, en l’occurrence moi-même que nous avons tenté de guérir. Depuis deux mois en effet, je souffre de vertige paroxystique positionnel bénin. Le VPPB, puisqu’il faut l’appeler par son nom, est un «vertige rotatoire, souvent violent et d’apparition rapide mais de durée brève», peut-on lire dans Wikipédia. Il surgit à la suite d’un changement de position de la tête. Il peut être accompagné de nausées, mais ce n’est pas mon cas. Il peut aussi provoquer des troubles d’équilibre lors de la marche, mais ce n’est pas davantage mon cas. Je ne me sens pas étourdi non plus quand je conduis. Ouf! Trois fois ouf!
Le mot «bénin» est rassurant. Le médecin que j’ai rencontré a d’ailleurs été clair sur ce point : «Ce n’est pas dans la tête, c’est dans vos oreilles», a-t-il précisé deux fois plutôt qu’une. Ça m’a rassuré de savoir que mon cerveau n’était pas en train de ramollir.
Le mal est bénin donc, ce qui ne l’empêche pas d’être incommodant et désagréable. Certains jours, il disparaît presque. Mais quand je crois être sur le point de m’en débarrasser, il revient me faire des coucous effrontés.
On dit que le VPPB disparaît souvent de lui-même. Mais il peut s’incruster. C’est pourquoi je suis allé voir une physiothérapeute cette semaine. Elle a répété les tests que le médecin m’avait déjà fait passer pour aboutir, on s’en doute, au même diagnostic. Elle m’a aussi conseillé d’ajouter un oreiller pendant mon sommeil et montré un exercice à faire trois fois par jour. Il devrait m’aider, espère-t-elle. Je l’espère aussi. Mais pour être honnête, je ne déborde pas d’enthousiasme. Cela dit, le moral reste bon.
Lise vous fait ses amitiés. On se revoit samedi prochain.
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