Plein sud !

Quand la douanière nous a donné le feu vert, nous avons dû nous retenir pour ne pas crier de joie, de peur de semer le doute. Nous nous sentions presque aussi exaltés que les protagonistes de El Norte atteignant enfin la frontière américaine. Pour être honnêtes toutefois, il faut préciser que notre arrivée a été bien moins dramatique que la leur. Pas d’égouts, pas de rats, pas de méchants douaniers nous pourchassant avec des mitraillettes. Il nous a suffi, non pas de mentir, juste de rester flous quant à la date de notre entrée en Baja California l’hiver prochain, et le tour était joué. Nous voilà donc aux États-Unis quatre semaines plus tôt que prévu, ce qui nous donnera presque un mois de plus que les six mois réglementaires.
Ce n’est pas que nous étions malheureux à Osoyoos. Au contraire, nous avons beaucoup aimé notre dernière semaine dans cette petite ville du sud de la Colombie-Britannique qui nous avait un peu déçus en juin. Bien sûr, son centre-ville reste plutôt banal et sa population est toujours vieillissante (en un mot, il y a trop de boomers comme nous). Mais son site autour d’un lac environné de montagnes est bien joli et la lumière d’automne rehausse sa beauté naturelle.
Tous les jours, on partait du splendide camping amérindien, le NK-Mip, pour aller passer un moment dans un des charmants cafés du centre-ville. Les jours «thé», nous nous arrêtions au New Leaf. Les jours «café», nous préférions le Jojo’s Café, pour lequel j’ai une affection particulière, ne serait-ce que parce qu’il porte le nom de ma chère petite sœur.
Il suffit d’une demi-heure pour se rendre du camping à la Main Street. Du coup, notre marche quotidienne était faite. C’était, je le répète, très agréable. Mais je ne suis pas certain que nous aurions aimé répéter le même rituel pendant un mois encore.
Ce départ met un point final à un séjour de cinq mois dans l’ouest du Canada. Si le Yukon nous a déçus, la Colombie-Britannique, au contraire, nous a enthousiasmés. Le Nord excepté, nous avons tout aimé de cette province. L’île de Vancouver, Victoria, Vancouver, la région de Kootenay, la vallée de l’Okanagan, tout nous a plu. Nous avons aimé tellement l’Okanagan que, si nous étions jeunes, nous songerions à nous y établir.
Nous voilà pour l’heure dans l’État de Washington, plus précisément à Wenatchee, une agréable petite ville de 32 000 habitants, où nous avons renoué avec la marche en montagne. La première journée a été éreintante. Pépé et mémé étaient un peu rouillés. Mais le deuxième jour déjà, la forme est revenue.
Ici, l’automne est magnifique. Il n’est pas aussi coloré qu’au Québec, mais il fait beau et la température, qui avoisine les 25 degrés, est pour ainsi dire idéale.
Le carnet du caravanier
Je ne sais pas si vous avez lu la très intéressante série de chroniques de mon ex-voisin de bureau à La Presse, Patrick Lagacé, consacrée à ces nouveaux outils qui sont en train de changer nos vies. Je suis d’autant plus sensible à ce sujet que je n’aurais pas entrepris un voyage d’un an et demi sans l’internet, le courriel, Facebook, Skype ou FaceTime. L’ordinateur et nos deux tablettes sont aussi indispensables que notre autocaravane.
Sans ces nouvelles technologies, je me sentirais bien isolé après un an de pérégrinations. Il n’y aurait pas de blogue. Nous ne pourrions voir les enfants et les petits-enfants. Impossible de lire La Presse Plus, Le Monde, L’Équipe, le Corriere de la Sera ou El Pais. Il nous aurait fallu emporter une tonne de livres alors que nos iPad nous donnent accès à plus d’ouvrages que nous sommes capables d’en lire. Nos iPod nous permettent d’écouter autant de disques que si nous étions à l’appartement. Grâce à la Toile, nous pouvons tracer nos itinéraires, choisir nos campings, repérer les Walmart, connaître les prévisions de la météo, acheter des livres, faire des recherches sur Wikipédia, consulter les dictionnaires, faire des réservations, et j’en passe.
Il arrive parfois que nous retrouvions débranchés. Certains campings, en effet, n’offrent pas le Wi-Fi et ils sont trop isolés pour qu’on puisse utiliser un point d’accès. On y reste rarement plus d’une journée ou deux, car j’ai vite l’impression d’être au bout du monde.
Je suis si accro à l’internet que j’ai acheté cette semaine un nouveau point d’accès, celui de Verizon, qui offre le réseau le plus étendu aux États-Unis. Je ne voulais pas revivre les sempiternelles frustrations que m’avait causées le bidule de Straight Talk l’hiver dernier.
Dépendance? Sans doute. Reste qu’on vit une époque qui n’est pas sans problèmes et sans soucis, tant s’en faut, mais qui à certains égards est formidable!
Lise vous fait ses amitiés. On se revoit samedi prochain.
Paul, tu me fais plaisir. Enfin quelqu’un reconnaît être accro à Internet, tout comme moi. Je me sens moins embarrassé de l’avouer. Je me vois difficilement voyager comme je le fais aujourd’hui, sans être connecté, non seulement pour communiquer avec famille et amis, mais aussi pour s’informer et réserver hôtels, campings, avions, etc…Époque troublée certes, mais ô combien stimulante. À bientôt. Daniel
Salut Paul
Nous avons aussi acheté un nouveau point d’accès de Verizon l’an passé, mais même si nous l’avons configuré pour qu’il se paye automatiquement via la carde de crédit, ça n’a pas fonctionné. J’ai donc du faire des payements manuellement. C’était une carde de crédit canadien le problème que Verizon m’a dit.
Paul, comme les douanes canadienne et américaines s’échangeront bientôt les données d’entrée et de sortie, si ce n’est déjà fait, et que les ÉU accumulent tous les jours dans les six mois qu’on soit ou non tout le temps en territoire américain (les escapades au Canada ou au Mexique comptent aussi dans les six mois), vous pourriez vous voir refuser l’entrée aux ÉU éventuellement pour avoir excédé le temps alloué. Mieux vaudrait demander officiellement une extension au séjour pour éviter une mauvaise surprise.