Petit air de violon
La semaine dernière, j’avais rédigé mon billet à la fin de la première journée de notre descente vers la Floride. Aujourd’hui, je reprends donc ce sujet, là où je l’avais laissé, alors que nous avons atteint l’état du soleil promis, un soleil qui s’est toutefois fait plutôt rare ces derniers jours.
J’ai lu cette semaine beaucoup de commentaires soulignant le piètre revêtement de la I-88, mais surtout de plusieurs segments de la I-81. Ne l’ayant pas trouvée de si mauvaise qualité que certains d’entrevous, après réflexion, j’ai réalisé que mes mauvais souvenirs dataient du temps où je conduisais une autocaravane que Michelle avait baptisée Mammouth.
Il est vrai que malgré sa suspension à air, à bord de ce mastodonte, les secousses d’une simple fissure sur l’asphalte pouvaient sembler des crevasses tant les assiettes, verres, casseroles et autres objets placés dans les armoires dansaient une rumba endiablée à chaque ombre d’un cahot. Lorsque les fissures se multiplient, les clunks, keclunks provenant des essieux et les ding, dong dans les armoires n’ont rien de reposant. Aujourd’hui, rouler en automobile a complètement changé mon confort. Je tiens donc à m’excuser auprès de tous ceux qui, après s’être fiés à ce que j’avais écrit, se sont fait un peu bardasser dans leur autocaravane.
Comme prévu, nous avons respecté le trajet annoncé dimanche dernier. Tant sur la I-64 que sur la I-95, ce fut le calme plat : pas de vent, pas de pluie, que du temps, encore frais, mais beau. Dimanche donc, après avoir roulé environ 900 km, nous avons jeté l’ancre dans le stationnement d’un restaurant Cracker Barrel à proximité de l’autoroute à Roanoke Rapids pour la nuit. Notre sommeil fut bercé par le bruit répétitif de la circulation sur la I-95, ce à quoi nous sommes habitués. Il en fut autrement lorsqu’en laissant lourdement retomber sur le sol les conteneurs qu’elle venait de vider, une benne à déchets sonna le réveil dès 6 h le lendemain. Qu’à cela ne tienne, plusieurs centaines de kilomètres s’allongeaient devant nous.
En fin d’après-midi, lundi, nous approchions de Jacksonville en pleine heure de pointe. J’optai alors pour maintenir le cap sur la I-95 plutôt que de contourner la ville par la périphérique I-295 ouest, ce qui aurait entraîné un détour d’une trentaine de kilomètres. Je craignais que trop de banlieusards en route vers leur foyer n’encombrent cette voie de contournement. Bien m’en pris, car, à peine nous avons pris conscience que nous traversions la plus dense des villes de la Floride. Le réaménagement de la I-95 des dernières années a vraiment été pensé en vue d’optimiser la fluidité de la circulation. Mission accomplie ! Une halte routière située à la borne 302 marqua notre point d’arrêt pour la nuit.
Pour le lendemain, j’avais réussi à dénicher trois nuitées au Wekiwa Springs State Park, un peu au nord d’Orlando, à une dizaine de kilomètres de la I-4. Malheureusement comme c’est souvent les cas pour tous les parcs d’état de la Floride, les jours de weekend sont impossibles à réserver.
En me présentant à l’office à l’entrée du parc, j’abordai cette situation qui me semblait un problème de taille avec le préposé à l’enregistrement des visiteurs. Celui-ci me conseilla de me rendre à intervalles réguliers sur le site reserveamerica.com pour détecter toute éventuelle annulation pouvant libérer un emplacement. Rien n’y faisait, peu importe l’heure du jour, le site affichait toujours que le parc était complet.
Lors d’une de mes visites sur le site, je constatai que seulement 53 emplacements y étaient répertoriés. Pourtant, je savais que les deux boucles pour campeurs comportaient 30 emplacements chacune. Bien sûr, la récente installation d’un réseau d’égout avait pu amputer d’un ou deux le nombre total d’emplacements, mais sept, cela me semblait beaucoup. Je fis donc le tour des boucles. En oubliant les endroits assignés aux « campground hosts » et ceux pour personnes handicapées, j’étais toujours à deux ou trois du compte.
Je retourne donc à l’office pour faire le point. Le préposé, fort gentil m’indique alors qu’il était commun d’omettre deux ou trois emplacements dans ceux offerts pour réservation. Les autorités du parc préféraient les garder en réserve pour un imprévu ou une situation d’urgence. L’idée me vint alors de sortir mon violon et de lui jouer mon plus bel air.
Prétextant n’avoir rien d’autre qu’une réservation pour lundi, le premier couplet de ma chanson, insista sur le fait que je me trouvais dépourvu, n’ayant aucune idée où aller pour le weekend, une situation qui m’insécurisait un peu (petite larme à l’appui). J’enchaînai par la suite que son parc était le premier que Michelle et moi avions découvert en Floride — en fait, c’était le deuxième — et que tel un premier amour que l’on ne peut oublier, nous y étions revenus plus d’une douzaine de fois depuis 30 ans (ce qui est vrai).
Plus j’en ajoutais, plus je voyais le préposé fondre de compassion. J’en étais à me demander si je n’aurais pas à lui tendre un kleenex pour assécher ses yeux. Désireux de trouver une solution à ma détresse ou peut-être de cacher son émotion, il me tourna le dos pour regarder son écran et m’accorda un emplacement jusqu’à lundi. En ce samedi matin, le soleil était à nouveau revenu sur le camping et dans notre humeur.
Si je comprend bien, face à ton pseudo-désespoir, tu auras eu un emplacement « pour une chanson ». LOL !!!
Bonjour M. Laquerre,
On prends depuis des années exactement le même chemin que vous pour descendre dans le sud à la seule différence demeurant à St-Jean-sur-Richelieu pour traverser les lignes on passe par Rouses Point au lieu de Lacolle et il n’y a jamais un chat ni d’un côté ni de l’autre.
Cette année c’est la 1ère fois qu’on faisait le trajet en VUS au lieu d’un pickup-fifth wheel et malgré ça on a trouvé que la 88 avait été refaite sur plusieurs sections ce qui est quand même une grande amélioration. La seule chose c’est sur cette route je pense, les joints de dilatation sont gossants. Ploc-ploc…ploc-ploc…ploc-ploc…C’était 10 fois pire avec la fifh mais même avec un VUS on trouve ça agaçant.
Autre grande amélioration, Binghampton. Enfinnn les travaux sont fini et c’est bien aménagé pour passer comme une balle.
Tout comme vous on a piqué à travers Jacksonville au lieu de la contourner. Même à l’heure de pointe ça a bien passé. Une fois sorti de Jacksonville on s’est dit parfait on a sauvé du temps mais…quelques km plus loin…3 accidents majeurs espacés sur 2 ou 3 km. Pas un pas deux, mais trois avec des 53′ d’impliqués. On a été quitte pour une attente de 2h30 avant de s’en sortir.
J’ai bien ris en vous imaginant presque en larme et découragé devant le préposé haha.
Bon soleil….
🙂 🙂 je vais essayer cela également, de jouer du violon!!!
Au sujet de la route, je prends toujours la 287, 78 et 81, il me semble qu’au mois de mai c’était bien..
Bonne route a tous!
En parlant de tune de violon, nous qui voyageons majoritairement sans réservation, on s’est rendu compte de ses disponibilités d’emplacements ‘d’urgences’ qu’ils gardent en cas…
Mais on sait également qu’on n’est pas souvent les premiers a en jouer.
Vous avez été bien chanceux d’obtenir le titre de premier violon.
avoir un orchestre je vous engagerais haha
sans commentaire !
On vien de decouvrir lors de notre passage au welcome center de la floride…plus de petit jus d orage..on avait l habitude de s y arreter a chaque fois que l on entraient en floride