Pensacola, la fin du voyage
Comme prévu, le 5 avril avant midi, nous reprenions la route pour notre étape ultime en Floride avant de revenir au pays. Située à l’extrême ouest de la Floride, Pensacola est en effet la dernière ville de l’état avec vue sur le golfe du Mexique avant l’Alabama. À la mi-journée, nous arrivions au Pensacola Beach RV Resort qui, comme la plupart des campings du Panhandle n’est pas, à proprement parler, situé au cœur de la ville, mais plutôt sur l’île Santa Rosa débutant à la limite de Destin pour venir mourir dans la baie de Pensacola.
Pour désigner la catégorie de camping à laquelle appartient le Pensacola Beach RV Resort, nos voisins ont inventé l’expression « park and play resort ». Elle signifie qu’après avoir installé le VR sur son emplacement, on peut trouver à proximité plage, activités nautiques ou autres, boutiques, restaurants, bars ou cafés, sans qu’il soit requis d’utiliser sa voiture. Évidemment, il s’agit là d’un strict argument de marketing puisqu’aux États-Unis tout déplacement de plus de 100 mètres — quelquefois moins — se fait presque toujours en automobile, une valeur importante de la culture sociale du pays.
Existant depuis plus de 20 ans, ce camping a rapidement atteint un niveau de popularité enviable, notamment grâce à des travaux aussi coûteux que majeurs pour l’amener à son « standing » actuel (une visite de leur site web vous permettra de voir des photos de son évolution au fil des années).
Les emplacements, sur dalles de béton, permettent une mise à niveau parfaite du VR, sont très profonds et d’une largeur conçue pour accueillir les plus gros équipages. Situé sur le côté nord de la Via de Luna, les caravaniers qui y séjournent peuvent profiter d’une plage privée pour s’ébrouer dans les eaux calmes, chaudes et peu profondes de la lagune. Quant aux installations et leur propreté, la qualité de l’accueil et des services, impossible de formuler un reproche, tout est impeccable.
Pour l’après-midi, nous avions planifié une visite du Pensacola Lighthouse and Museum, un phare vieux de 150 ans ayant aidé des milliers de bateaux de pêcheurs ou de commerçants à retrouver leur chemin vers le port. Malheureusement, la pluie et le brouillard se mirent de la partie pour effacer l’horizon et rendre toute photo impossible. La visite fut donc retirée de notre agenda. En guise de consolation, nos jambes nous remercièrent de ne pas les avoir obligées à grimper les 177 marches menant au sommet du phare.
Depuis longtemps que l’on nous parlait de Fort Pickens, jamais l’occasion ne s’était présentée d’aller le visiter. Le changement de plans imputable à la météo créa une opportunité exceptionnelle qui permit de corriger la situation. Une occasion que nous n’avons pas regrettée, loin de là.
Aujourd’hui désaffecté, Fort Pickens avait à l’origine comme mission de protéger la baie de Pensacola contre d’éventuels envahisseurs étrangers. Pourtant, la seule fois où ses canons furent utilisés, ce fut contre des citoyens du pays, dans un combat opposant les forces confédérées et celles de l’union.
Parlant histoire, en arrivant à Fort Pickens, je vous suggère fortement de vous arrêter au centre d’interprétation et d’y visionner le document vidéo qu’on y projette. En une vingtaine de minutes, ce que vous apprendrez sur sa construction, son architecture et la vie de ceux qui y résidaient rendra beaucoup plus agréable et significative la visite que vous effectuerez par la suite.
Fort Pickens occupe une position stratégique qui permet de contrôler toute la circulation maritime de la baie de Pensacola. Pour s’y rendre, il faut d’abord se procurer une passe du NPS (National Park Service) à la guérite d’entrée et rouler plusieurs kilomètres sur une route serpentant le Gulf Islands National Sea Shore, une zone protégée, sous autorité du gouvernement fédéral.
On peut également y trouver un camping où passer quelques jours, cela même si l’égout n’y est pas disponible à chaque emplacement il est donc prudent de s’y présenter avec les réservoirs septiques vides. Les réservations sont conseillées si l’on veut s’assurer d’une place. Malgré cela, en dehors de la haute saison, la chance peut sourire au caravanier s’y présentant à l’improviste.
À l’heure du souper, notre choix se porta sur le Hemingway’s Island Grill, un restaurant fort agréable, à moins d’un kilomètre du camping, tout juste avant de s’engager sur le pont qui mène à Gulf Breeze. Comme plusieurs restaurants de la région, le Hemingway’s Island Grill a fait des fruits de mer et des poissons sa spécialité, sans toutefois renier le steak. Pour ma part, j’optai pour la prise du jour, un poisson excellent, cuit à la perfection. Après une longue journée, la soirée fut de courte durée et l’air salin s’avéra le plus efficace des somnifères.
Le lendemain matin, notre appétit nous mena au Native Cafe, à une dizaine de minutes de marche à l’est du camping. Cet endroit à la façade colorée de rouge et de jaune est reconnu comme un des lieux préférés de la population locale. Rempli à craquer, il fut quand même facile d’y trouver une table pour deux après seulement quelques minutes d’attente. Une fois rassasiés, l’avant-midi se résuma en une ballade sur la plage, réputée pour la blancheur de son sable, et se termina sur la jetée de 450 mètres ou de nombreux pêcheurs tentaient leur chance dans les eaux du golfe.
À l’heure du dîner, un restaurant, toujours à distance de marche du camping, le Red Fish Blue Fish, nous ayant été fortement recommandé, fut notre choix. Des tables avec parasol disposées sur une pelouse artificielle d’un vert très soutenu offraient une vue exceptionnelle sur les eaux de la baie. À proximité, des dizaines des vacanciers engagés dans un tournoi de volley-ball sur sable prouvaient bien que l’on vient à Pensacola Beach pour s’y amuser et profiter des loisirs associés à la plage.
Visiter la région de Pensacola sans prendre la peine d’arpenter la rue Palafox constituerait presque un sacrilège. Boutiques, restaurants, cafés et bars s’y succèdent en créant une atmosphère unique. Ce que l’on nomme le Vieux Pensacola témoigne bien de l’influence espagnole et de l’héritage français des lieux. Quant aux maisons, en certains endroits on se croirait à New Orleans avec les longs balcons supportés par des colonnes en fer forgé aux multiples arabesques. D’ailleurs, des tours guidés permettent d’observer et de mieux comprendre l’influence que l’époque coloniale et l’ère victorienne ont eue sur l’architecture locale. Ces balades commentées ne se limitent pas à ce que l’on aperçoit de la rue puisqu’elles amènent les touristes à l’intérieur de maisons aux meubles d’époque ainsi qu’à l’une des plus vieilles églises de la Floride.
Notre dernier souper fut pris au Pensacola Fish House, véritable institution de la gastronomie locale. Le temps se faisant à la grisaille, nous avons joué sûr en préférant une table à l’intérieur plutôt que sur la magnifique terrasse extérieure. Situé près des quais, il n’est pas exagéré de dire ce que restaurant a un accès direct aux bateaux de pêche, ce qui devient un gage de la fraicheur des plats offerts. On ne compte plus les prix de reconnaissance que The Fish House s’est mérité ni les célébrités politiques ou artistiques qui y ont mangé. D’ailleurs, chaque les weekends, des réceptions de mariage ou autres événements du genre se succèdent dans les nombreux salons de l’établissement.
Toute chose ayant une fin, lendemain matin, nous levions l’ancre — une expression qui convient bien à cette région — pour amorcer notre retour au pays. Pourtant, malgré tout le plaisir éprouvé à découvrir Pensacola, nous en sommes repartis avec un regret, une visite à laquelle nous avons du renoncer.
Notre intention était de se rendre à la Naval Air Station, ce qui fut impossible. Les amateurs d’avion feront immédiatement le lien avec les Blue Angels, cette célèbre escadrille de haute voltige dont les performances dans le ciel sont universellement reconnues.
Sur cette base de l’aviation navale se trouve une salle un écran géant, véritable simulateur de vol qui procure aux visiteurs une expérience unique. Ce qui se déroule à l’écran donne vraiment l’impression d’être à bord de ces avions de chasse et de participer aux manœuvres exécutées lors de spectacles aériens.
Malheureusement, il nous fut impossible de pénétrer sur la base puisque nous n’avions pas été prévenus qu’en tant que non-citoyens américains, il fallait faire patte blanche et présenter son passeport. Ceux-ci, étant demeurés dans la caravane, il devenait impossible d’aller les chercher et de revenir avant la fermeture des lieux. Il nous faudra donc patienter jusqu’à un prochain voyage.
Voilà, terminé pour cette série de billets portant sur le nord-ouest de la Floride. Je vous rappelle de me faire parvenir vos commentaires ou questions ne se rapportant pas au sujet du jour en utilisant l’adresse suivante : plaquerre@campingcaravaningmag.ca.
Bravo! Toujours intéressant de vous lire sur les destinations présentées depuis quelques semaines.
Nous avons campé souvent au NP à Fort Pickens et il y avait l’eau et l’électricité, comme dans les SP. Cependant, j’ai appris que cette année, le coût a été considérablement augmenté. Alors qu’on payait autour de 25$ la nuit, il est maintenant rendu à 40$ la nuit. Est-ce que l’ouragan Michael y aurait fait des dommages?
Sylvie Pierrot,
Vous avez raison, j’ai confondu certaines caractéristiques du camping de Fort Pickens. Trois boucles offrent eau et électricité alors que deux autres sont réservées, l’une aux tentes et l’autre aux très petits VR. Dans ces deux dernières l’eau est offerte en des points précis disponibles à tous les campeurs.
Quant au prix, ils sont actuellement à 26 $ pour un emplacement standard et à 40 $ pour un avec eau et électricité.
Grand merci de me l’avoir souligné. J’ai donc remanié mon billet en conséquence.
Les billets sur les destinations parcourues ne sont pas ceux qui attirent le plus de commentaires mais moi, ce sont ceux que je préfère. J’y prends des notes et je vais voir sur internet. Il y en a pour tous les goûts et c’est parfait! Bon été, s’il peut finir par arriver!