Au départ, la mission d’un parc est de préserver la nature pour les générations futures. Le parc national Banff, créé en 1885, visait à protéger les sources d’eau sulfureuse de son territoire. C’était il y a 127 ans. Puis, en 1911, le Canada s’est doté d’un organisme chapeautant plusieurs parcs : Parcs Canada.
Premier service de parcs nationaux du monde, Parcs Canada continue à protéger le patrimoine historique et naturel du pays 100 ans plus tard grâce à des pionniers visionnaires du siècle dernier. Son réseau s’étend à 42 parcs nationaux, 167 lieux historiques nationaux et 4 aires marines nationales de conservation. Tous les ans, plus de 20 millions de visiteurs fréquentent les parcs et sites historiques du Canada, ce qui représente pour bien des localités du pays un moteur économique important, sinon essentiel. « Au Québec, Parcs Canada joue un rôle important dans le développement de l’industrie touristique. On compte plus de quatre millions de visiteurs dans les parcs et les lieux historiques de la Belle Province, dont plus d’un million aux Fortifications de Québec », peut-on lire sur le site internet de Parcs Canada. L’an dernier, le centenaire de Parcs Canada a été souligné d’un océan à l’autre par des activités spéciales : concerts, initiation au camping, expositions…
Les débuts du camping à Parcs Canada
Si l’on fait encore du camping, quelques décennies après avoir dormi sous une petite tente ou à la belle étoile, c’est bien souvent parce qu’on a eu la piqure en vivant de belles expériences dans un des magnifiques territoires de Parcs Canada. Qui n’a pas de merveilleux souvenirs du parc de la Mauricie (sauf durant la saison des moustiques !) et surtout du parc Forillon, à voir danser les baleines au large de la Gaspésie ? Plusieurs baby-boomers mordus de camping ont aussi fait un voyage initiatique d’un océan à l’autre, avant d’entrer à l’université, par exemple. Ils ont peut-être été témoins du phénomène des grandes marées à la baie de Fundy ou eu le coup de foudre pour les Rocheuses au parc Banff et au lac Louise, qui sait ?
Bien que le camping rustique était pratiqué dès les années 1800, le premier terrain de camping officiel du Canada a été inauguré en 1916 au parc national Banff. Toutefois, c’est surtout après la Seconde Guerre mondiale, quand on commence à trouver sur le marché de l’équipement de qualité et des véhicules récréatifs (VR), que ce type d’hébergement devient àla mode. Parcs Canada améliore son offre dans les années 1970, soit en augmentant le nombre et la qualité des services dans des parcs existants (électricité, eau…), soit en ajoutant des terrains dans des parcs qui n’en avaient pas. La popularité du camping est à son comble dans les années 1980, 1990.
Le camping de nos jours
« Parcs Canada offre une qualité de camping exceptionnelle, souligne Ed Jager, directeur – expérience du visiteur de Parcs Canada. Les emplacements sont reconnus pour être très vastes et en pleine nature, ce qui fait que souvent les terrains n’ont pas d’installation comme des piscines, par exemple, puisque c’est l’accès à la nature qui prime. On trouve la plupart du temps un pavillon ou un amphithéâtre pour des activités d’interprétation. Nous visons un marché d’amateurs de plein air qui cherchent des expériences de nature uniques. » Il rappelle aussi que les chiens sont admis en laisse dans les parcs nationaux du Canada, « mais il vaut mieux vérifier avec le parc où l’on veut aller, au cas où il y aurait des secteurs où ils sont interdits pour protéger certaines espèces animales en péril ».
Quant aux tendances, M. Jager remarque que les gens qui ont campé plus jeunes continuent à aimer cette activité, mais le font avec plus de confort. Parcs Canada s’adapte à la demande : de plus en plus d’emplacements sont réservés aux véhicules récréatifs.
« Il y a aussi des campeurs qui viennent avec des tentes, mais qui choisissent des secteurs avec électricité pour brancher tous leurs appareils, par exemple pour recharger leurs téléphones et ordinateurs », raconte M. Jager, amusé. Certains parcs offrent internet sans fil, mais ce n’est pas une priorité dans les plans de développement, dit-il, car selon un sondage récent parmi les visiteurs, seulement de 35 % à 40 % de ceux-ci veulent ce service. « Bien des gens utilisent d’autres options, comme des téléphones cellulaires donnant accès à Internet. Parmi les projets, le prêt-à-camper se développe, continue Ed Jager. Les gens veulent profiter de la nature, mais pas nécessairement s’équiper, notamment les Néo-Canadiens qui n’ont jamais fait de camping. On voit déjà la demande pour d’autres formules dans certains parcs qui offrent des yourtes ou des chalets, par exemple, comme les parcs de la péninsule de Bruce, Forillon, Fundy, la baie Georgienne… »
Pour réserver, cliquez…
Le système le plus utilisé, en 2011, pour réserver un emplacement de camping dans un parc a été le site internet du Service de réservation de Parcs Canada (www.pccamping.ca). Plus des deux tiers des quelque 111 000 réservations de camping d’avant-pays ont été effectuées par ce moyen accessible 24 h sur 24, contre 31 % par le service téléphonique (1-877-737-3783) en fonction de 7 h à 19 h (heure locale du parc). Instauré en 2006, le site de réservation par internet connait une popularité croissante depuis : 50 % en 2006, 55 % en 2007, 60 % en 2008, 66 % en 2009, 64 % en 2010 et 69 % en 2011. Les dates de lancement des réservations de camping varient selon les parcs, le volume de réservations et les fuseaux horaires. Par exemple, on peut réserver dès le 15 mars pour la réserve de Pacific Rim (Colombie-Britannique), le 2 avril pour le parc Jasper et le 3 avril pour Banff et Lac Louise, le 12 avril pour le parc de la Mauricie et le 13 avril pour Forillon.
Avant-pays ou arrière-pays ?
« Les parcs nationaux proposent deux types de terrains : en avant-pays, accessibles en voiture ou à 5 ou 10 minutes de marche d’un stationnement, et en arrière-pays, loin des routes et en pleine nature, en camping de longue randonnée », explique Ed Jager.
Parcs Canada compte 28 parcs nationaux offrant du camping d’avant-pays dans 85 terrains totalisant 11 279 emplacements, dont Banff et Lac Louise (14 terrains, 2 484 emplacements), Jasper (12 terrains, 2 484 emplacements), la Mauricie (3 terrains, 651 emplacements), Fundy (5 terrains, 620 emplacements), Forillon (3 terrains, 377 emplacements) et Kouchibouguac (2 terrains, 343 emplacements). « Les parcs nationaux du sud du Canada ont tous des terrains d’avant-pays, sauf le parc de Pointe-Pelée qui n’offre pas de camping individuel, car il est trop petit, précise M. Jager. La plupart d’entre eux donnent aussi accès à des terrains en arrière-pays » pour le camping sauvage et le canot-camping par exemple, au parc national de la Mauricie où quelque 200 emplacements sont accessibles autour d’une douzaine de lacs, après plusieurs heures de randonnée pédestre ou de canot. Les 14 parcs nationaux où le camping en avant-pays n’est pas offert sont situés dans le nord du Canada (Nahanni, Monts-Torngat, Ivvavik, Mont-Revelstoke…).
Par Anne Marie Parent
Photos : Parcs Canada
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