Nouveau-Brunswick
Baie de Fundy : La mer à savourer
Impossible de visiter la côte néo-brunswickoise de la baie de Fundy sans s’arrêter au parc des rochers Hopewell afin de voir ces fameux pots de fleurs qui constituent l’image de marque par excellence de toute la région. Ça ne se fait pas !
Regarder la marée de 13 mètres baisser et emporter la mer au large avec elle. Treize mètres, ça fait 43 pieds d’amplitude. Et il y a mieux encore ! Mais la moyenne frise les 40 pieds, ce qui représente quand même deux fois plus que les plus grandes marées d’automne survenues sur le Saguenay. En réalité, il s’agit apparemment (il s’en trouve pour contester la chose) des plus hautes marées du monde qui sont observées ici, dans la baie de Fundy. Ce mouvement marin constant et puissant a naturellement des effets extraordinaires sur tout l’environnement qui y est soumis. L’un des plus spectaculaires étant la formation de monolithes qui se découpent dans les dentelles friables des falaises de grès rouge qui composent la côte. La mer travaille fort et longtemps pour arriver à les sculpter, s’attaquant d’abord au pied de la paroi en creusant une caverne de plus en plus profonde et grande, jusqu’à ce que le plafond s’effondre et qu’il ne reste plus aux éléments marins qu’à isoler les colonnes de pierres qui encadrent ces châteaux abattus.
L’œuvre de la mer
Les piliers rougeâtres dispersés sur la plage du parc Hopewell affichent les formes les plus hétéroclites qu’on puisse imaginer, bien qu’ils présentent souvent une taille plus ou moins fine. Ils se distinguent par la chevelure de végétation qu’ils portent. Quelques conifères hirsutes sur une calotte de verdure leur ont valu le surnom de « pots de fleurs » qui les a rendus célèbres dans le monde.

Si bien que le nombre de visiteurs a augmenté considérablement ces dernières années. On venait (avant la pandémie) de tous les pays, par pleins autocars, pour les admirer et, meilleur encore, pour les côtoyer. À partir de l’anse aux Escaliers, les visiteurs ont facilement accès à la plage quelques heures avant et après l’étale, soit la période où la marée est à son paroxysme. Ils peuvent littéralement marcher sur le fond de la mer en s’avançant à pied sur près d’un demi-kilomètre vers le large, là où dans quelques heures se dressera une muraille d’eau de plusieurs étages de hauteur. Mais ils préfèrent s’approcher des monolithes vedettes comme l’Arche des amoureux, le Rocher-Percé de la baie de Fundy. On a l’a le groupe de pots de fleurs le plus photographié qui soit puisqu’on peut le voir à tout moment du haut de la paroi côtière, sur un belvédère qui est également le point de départ de l’escalier qui descend sur la rive, dans l’Anse aux escaliers justement. Trois heures avant puis trois heures après la haute marée, qui prend 6 h 13 minutes à compléter un mouvement, les visiteurs peuvent donc accéder à la plage en prenant garde de ne pas mettre les pieds dans un dépôt
de boue rouge visqueuse et collante. Tous veulent être photographiés au pied de l’Arche des amoureux et du rocher de l’Ours ainsi que, plus loin, près des monolithes massifs de l’Anse au château. On va ainsi de découverte en découverte. Les plus perspicaces apercevront même le profil d’un Autochtone, Micmac apparemment, qui se profile nettement sur la pointe du cap qui sépare l’Anse au château et l’anse Big Cove.

Pour compléter la visite, le Centre d’interprétation explique la formation des monolithes et le phénomène des marées. D’autre part, même si cela s’avère moins spectaculaire, je pense qu’il vaut la peine de voir les extrémités du parc Hopewell en marchant, d’une part, vers la superbe plage des Demoiselles et ses marais salants. À l’autre bout, la plage du Nord est encore plus belle et elle nous révèle surtout un phénomène important dans l’histoire des Acadiens, celui des aboiteaux. Le dictionnaire nous dit qu’il s’agit de : « Digues destinées à drainer les marais en bordure de la mer. » Ce qui a permis aux Acadiens qui sont revenus dans les Maritimes après la déportation de 1755 de récupérer des terres à même la mer alors que les Anglais s’étaient emparés de leurs propriétés.
La mer à table

Tant d’effluves marins et d’exercice aiguisent immanquablement l’appétit et attisent le gout des fruits de la mer. Et, heureusement, la route de la baie de Fundy livre aussi son lot d’expérience culinaire et même, gastronomique. Au menu, poissons, homard et fruits de mer :
St-Andrews : Le Rossmount Inn est une auberge de charme de haut calibre et sa table s’avère l’une des plus raffinées du Nouveau-Brunswick. La morue vapeur y est délectable.
Le lobster roll reste un grand classique de la cuisine des Maritimes. En version traditionnelle (homard, mayonnaise et légumes d’accompagnement dans un pain hotdog) il est à son meilleur chez Comeau de Pennfield. Plus raffiné, le restaurant Tides d’Alma le sert dans un pain multigrain avec des frites croquantes.

Les Anglo-Néobrunswickois ne jurent que par la friture et le casse-croute Ossie’s Lunch, de Bethel, leur assurent les meilleurs fruits de mer panés sur le continent depuis 1957, du moins sur ses panneaux néons… Et c’est vrai qu’ils sont bons !
St Johns : Le chef Axel Begner de l’Opera Bistro prépare divinement le saumon de l’Atlantique élevé dans la baie de Fundy et servi dans une ambiance détendue.
Moncton : Le Catch 22 Lobster Bar décline le homard de toutes les façons possibles, même les plus inusitées, bien que la manière la plus simple de l’apprêter, bouilli ou vapeur, s’avère la préférée des puristes. Ceux qui mangent le rouge et même le vert…
Informations :
Bay de Fundy : bayoffundytourism.com en anglais.
Parc des rochers Hopewell : thehopewellrocks.ca
Tourisme Nouveau-Brunswick : tourismenouveaubrunswick.ca