Nomade et gouvernement
Parmi les éléments avec lesquels doivent composer ceux qui envisagent de passer à un style de vie nomade, celui qui en préoccupe plusieurs touche les relations avec le gouvernement. Bien sûr, je ne fais pas allusion ici aux déclarations de revenus que nous ramène chaque printemps, mais plutôt à des questions plus administratives comme le permis de conduire, la carte d’assurance maladie.
Pourquoi m’attarder particulièrement à ces deux points ? Tout simplement parce qu’ils font appel à la notion de résidence. Or, si la résidence est un concept facile à appliquer dans le cas d’une personne qui habite une maison de type traditionnel, la situation se complexifie lorsque cette maison possède des roues et qu’elle se déplace régulièrement selon les saisons où les gouts de celui qui l’habite. Le caravanier nomade se retrouve alors dans une zone de brouillard administratif qui en rend plusieurs mal à l’aise.
Durant les quinze années où Michelle et moi avons revendiqué le statut de nomade, nous avons vécu à peu près toutes les ambiguïtés et les problèmes liés au manque de souplesse de la notion de résidence. Quand venait le temps du recensement réalisé tous les quatre ans par le gouvernement fédéral, nous ne recevions pas le formulaire, cela même si la loi fait obligation à tout citoyen de le remplir. Il fallait se présenter dans un bureau gouvernemental pour se procurer ce fichu formulaire et constater en le remplissant qu’il ne comportait aucune case pouvant refléter notre style de vie ou l’endroit (en fait les multiples) où nous habitions.
J’avais alors dénoncé cette situation à Statistique Canada, pour obtenir cette explication de génie : « Il n’y a pas de case pour les nomades parce nous n’en avons recensé aucun ». Je leur avais alors répondu qu’ajouter une case leur permettrait peut-être d’apprendre que des centaines, voire des milliers de Canadiens vivaient en nomades.
Une autre fois, au moment de renouveler notre carte d’assurance maladie, nous avions appris de la RAMQ nous faisions l’objet d’une enquête parce que l’adresse fournie se trouvait celle d’un camping et que, dans la logique administrative, on ne pouvait résider à l’année sur un camping.
Difficulté identique pour le permis de conduire alors que nous avons loué une case postale dans un bureau de poste pour le peu de courrier qui nous était adressé. Candidement, la SAAQ nous avait tout simplement informés qu’une case postale ne pouvait d’aucune façon constituer une résidence permanente. Heureusement que l’on m’avait prévenu, car nous commencions à envisager la possibilité d’emménager au bureau de poste.
De telles tracasseries constituent autant d’obstacles qui amènent plusieurs caravaniers à hésiter à opter pour une vie nomade. Ceux qui font le grand saut doivent toujours composer avec, en toile de fond, la désagréable impression de toujours vivre à la limite de la légalité, devant sans cesse recourir à différentes astuces pour contourner un système manquant de souplesse.
Désireux d’en avoir le cœur net et de clarifier ces ambiguïtés, à la fin de l’été, j’ai décidé de m’adresser au Protecteur du citoyen. Cette instance offre à la population un puissant moyen d’action face à l’appareil étatique. Souvent utilisé pour analyser des plaintes formulées par des personnes insatisfaites de services gouvernementaux ou para- gouvernementaux, le Protecteur du citoyen dispose des pouvoirs nécessaires pour enquêter auprès de chaque instance administrative de l’État et aller au fond des choses. Je frappais à la bonne porte.
Cette semaine, une réponse à mes questions m’est parvenue. Je n’ai pas encore terminé d’en analyser toutes les subtilités, mais déjà, je peux vous dire qu’elle contient plusieurs éléments utiles à qui désire s’orienter vers la vie nomade.
Compte tenu de la complexité du problème et de la nécessité de bien en expliquer la solution, j’ai décidé de revenir sur le sujet la semaine prochaine et, si nécessaire, dans l’autre, en espérant que les choses deviendront limpides pour tous. De toute façon, tout inclure dans ce billet l’aurait rendu beaucoup trop long.
Vous avez le don de retenir vos lecteurs d’une semaine à l’autre…,
Excellente idée que d’avoir eu recours à ce service. On se demande parfois à quoi servent nos députés, tous partis confondus, qui sont censés assurer la gestion de nos lois quand on voit le ridicule de nombreuses d’entre elles qui perdurent depuis des âges.
Pour les nomades qui ont de la famille, la solution semble être de donner une de leur adresses, même ils n’y habitent jamais.
Excellent sujet et à suivre !
Bon sujet Paul
On se revoit au printemps
Tes chroniques sont toujours des plus intéressantes. Cependant j’ai déjà fait affaire avec l’ombudsman de Poste Canada, pour régler un problème de sécurité relié à l’emplacement de boîtes postales regroupées. Ils m’ont donnés raison mais Poste Canada n’a rien fait alors on a tous perdus notre temps. Mais ça fait travailler des fonctionnaires…
A la prochaine.
JCB
Bonjour Paul. Qu’en est-il pour des gens qui sont nomades (durant la belle saison) et ne résident pas dans un camping? Un exemple serait soit sur le terrain d’amis, famille ou bien à quelque part au Canada et qu’ils quittent pour les E.U. l’hiver (Aztec ou autre).