Naviguer dans le cirage
Les demandes d’information qui se retrouvent souvent sur mon écran sont fortement conditionnées par le calendrier. Ces temps-ci, plusieurs d’entre elles découlent de la période des vacances. Destinations, restrictions, arrimage et capacité de remorquage font mon actualité.
Dans un mois ou deux, si la frontière avec les États-Unis devient plus accueillante, les «snowbirds» amorceront la planification leur hiver. Je vous prédis donc immédiatement que le sujet le plus populaire portera sans l’ombre d’un doute sur la captation des émissions de télé québécoises dans les états du Sud et la recherche d’alternative à la réception par satellite.
J’aurai d’ailleurs l’occasion d’y revenir dans quelques semaines. Pour aujourd’hui toutefois, permettez-moi de vous mener en bateau sans pour autant vous en monter un. Plus précisément, il sera question de traversiers et des restrictions qui y sont associées. Toutes mes excuses si, dans les prochaines lignes, vous pouviez avoir l’impression de naviguer en plein brouillard avec un radar défectueux.
Deux paliers de gouvernement sont impliqués dans l’encadrement de la navigation et la gestion des matières dangereuses à bord des traversiers. On sait que le fédéral et les provinces se parlent beaucoup, mais on peut s’interroger à savoir sur leur capacité d’écoute mutuelle. En gros, le fédéral édicte des normes après discussions avec les provinces et, par la suite, ces dernières deviennent responsables de leur application. Et là, commencent les problèmes !
Après avoir acquis une autocaravane à Baie-Comeau, un lecteur de Matane fut stupéfait d’apprendre qu’il ne pourrait pas la ramener chez lui par le traversier qui relie quotidiennement ces deux villes. Cette interdiction lui imposait donc de se rendre à Québec pour revenir à Matane par la Rive-Sud du Saint-Laurent. Au total, un ajout de 840 km et 9h 30 de route (8 heures de retard en retranchant les 90 minutes que dure la traversée).
Le réservoir de propane fixé au châssis de son Itasca Cambria de 9 mètres affichait un volume de 68,13 litres, 3,13 de plus que la limite autorisée. Pis encore, en lui apprenant la nouvelle, le préposé de la Société des traversiers justifiait celle-ci en établissant un lien entre cette norme et la Covid. Décidément, le coronavirus a le dos large et ses mutations sont pour le moins de plus en plus étranges et surprenantes.
Si l’on oublie l’excuse fallacieuse fournie, la norme, elle, est bien exacte. Pour monter à bord d’un traversier avec du propane à bord d’un VR, la limite est fixée à 2 contenants d’une capacité totale de 65 litres. Cependant, lorsqu’un poêle BBQ fait partie des accessoires transportés par le caravanier, un troisième réservoir permet d’ajouter 65 litres de plus à la quantité autorisée. Vous avez bien compris, deux réservoirs totalisant 65 litres, mais le troisième, lié au BBQ, 65 litres à lui seul. Jamais je n’ai vu une bonbonne pour BBQ d’un tel volume. Habituellement, celles que l’on utilise pour ce type de cuisson sont plutôt de l’ordre de 22 litres et moins.
Pour épaissir le brouillard encore plus, lorsque j’ai discuté de la situation avec un représentant de Transport Québec, un employé m’avoua candidement que lui aussi peinait à se dépatouiller dans ces normes pensées à Ottawa, mais vécues au Québec. Il s’empressa toutefois d’ajouter que la décision finale d’autoriser ou non l’embarquement relevait de l’autorité du capitaine du traversier.
Par ailleurs, voici ce que l’on peut lire sur site web officiel di traversier Rivière-du-Loup — Saint-Siméon. Depuis le 2 juillet dernier, Transport Canada accepte que les véhicules récréatifs disposant d’un réservoir de propane de plus de 65 litres utilisent les services du traversier. https://traverserdl.com/informations/. Nul part ailleurs, sur les sites des autres traversées, je n’ai trouvé trace d’un tel assouplissement. Même lorsque je lui ai parlé, l’expert de Transport Québec ne semblait pas au courant. Encore la maudite Covid sans doute !
Afin de vous mêler encore davantage, sachez que le traversier Sainte-Catherine – Tadoussac n’est pas concerné par la norme de 65 litres. Cependant, il est interdit de traverser si l’on emporte plus de deux véhicules moteurs sur une remorque derrière le VR ou la camionnette (VTT, motos ou motoneige). Dans un tel cas, le propriétaire doit descendre un des véhicules de la remorque et le conduire sur le traversier. Le jouet devient alors un véhicule autonome, ce qui lui permet de monter à bord. Une fois la traversée terminée, 300-400 mètres plus loin, il suffit de replacer le véhicule autonome sur la remorque pour continuer son chemin en toute légalité.
Comme vous pouvez le constater, il n’est pas simple de se retrouver dans un tel dédale administratif à plusieurs niveaux. Les décisions se prennent à Ottawa, s’appliquent dans les provinces tandis que la réponse ultime relève du capitaine.
Avant que le confinement causé par le coronavirus ne frappe, j’avais suggéré à la FQCC la mise en place d’un comité interministériel québécois qui aurait permis de discuter d’irritants pouvant toucher les caravaniers en regard des nombreux règlements auxquels ils doivent se soumettre. Certains d’entre eux sont périmés ou n’ont pas suivi l’évolution des véhicules récréatifs et des nouvelles technologies, d’autres sont carrément inapplicables.
Conséquemment, il aurait intéressant d’aborder ces points de friction et, par une discussion constructive, amener des changements intéressant pour tous.
Mais vint la Covid et tout se retrouva sur la glace. Je garde toutefois espoir que ce dossier important soit relancé prochainement et que le brouillard commence à se lever.
Si vous appelez pour savoir si vous pouvez embarquer avec votre vr sur un traversier au Quebec, on va vous répondre non, mais présentez vous a la traverse et vous n’aurez aucun problème a monter a bord, depuis 1972 que je voyage avec different vr, que ce soit Baie Comeau-Matane, Tadousac, Riviere du Loup, Iles de la Madeleine, jamais je n’ai été refusé sur un traversier de la STQ. On me demandait tout simplement de fermer mon propane.
Merci pour vos précisions sur le sujet et surtout, votre acharnement.
L’an dernier, nous sommes allés à Sept-Iles en prenant le traversier Matane-Godbout. Nous avions notre classe A avec une bonbonne de 68 litres. Il n’y a eu aucun problème. On nous a dit de fermer la valve du propane.
Oups! ce n’était pas l’an dernier, mais plutôt avant la Covid.
Le traversier entre St- Simeon et Rivières du Loup les véhicules non sont pas dans un espace clos contrairement a Matane-Baie Comeau
Bonjour, je comprends que vous n’avez jamais eu de problème auparavant, nous non plus d’ailleurs, mais l’histoire que M. Laquerre raconte c’est notre histoire. En effet, le 11 mai 2021, nous nous sommes présenté à la traverse Godbout-Matane. Nous avions réservé, et au moment de monter à bord, les préposés à l’embarquement ce sont couchés sous le VR pour voir la quantité de propane. Nous dépassions de 0.4 gallons US (permis 17.2 et notre bombonne 17,6) et ils nous ont refusé l’accès!!!!!! Et nous avons été refusé à toutes les traverses de la Côte-Nord!! Donc détour par Québec pour revenir à Rimouski.
Question: nous aimerions aller à la Baie Géorgienne. Est-ce qu’ils ont les mêmes normes sur les traversiers en Ontario?
Merci, Lucie et Pierre
Le plus ridicule est que les réservoirs et bonbonnes de propane sont construits beaucoup plus solidement que les réservoirs à essence des véhicules moteurs. J’ai eu une voiture au propane de 1985 à 1989, aucun problème que ce soit. Je sais de quoi je parle, j’étais le gérant d’un parc automobile et je contractait l’achat de véhicules convertis au propane dans les années 80…