Navarre, la suite
Je reprends mon récit là où je vous avais laissés la semaine dernière alors que nous venions d’arriver au camping Emerald Coast RV Resort.
Une fois installés donc, nous nous sommes rendus au Johnny Huston’s Grille & Bar qui nous avait chaudement été recommandé pour la qualité de ses hamburgers et sa bière très froide. Certes, le service y est moins rapide que dans les chaînes spécialisées, mais ce qui est servi vaut bien une légère attente. La préparation du hamburger, ou d’un autre met, débute toujours après la commande, un gage de fraicheur, d’une température idéale et surtout d’une cuisson respectant le gout du client.
Une fois rassasié, pourquoi pas visiter un peu la région en commençant par le Navarre Beach Sea Turtle Center, un établissement dont la mission Giving Sea Turtles More Tomorrows, n’a vraiment pas besoin d’une traduction pour être comprise. Belle occasion d’en apprendre sur les tortues, mais surtout de s’imprégner d’une lenteur qui convient tellement bien au rythme de vie de la région de Navarre. Bien sûr, on peut s’attarder à volonté au centre de conservation des tortues, mais pour nous qui, quelques semaines plus tôt avions visité un endroit du même genre dans les Keys, la visite fut assez rapidement exécutée. Cela nous laissa plus de temps pour nous familiariser avec un autre aspect culturel et même sociologique du nord de la Floride : l’importance de la présence militaire.
Nous avons donc mis le cap sur l’Air Force Armament Museum Foundation Aircraft Tour, un musée dont l’accès gratuit s’avère fort instructif sur les différentes armes de guerre utilisées par les soldats américains. Dans l’édifice, mitraillettes, munitions, grenades et même une bombe nucléaire (désamorcée, je vous rassure) de type Fat Boy, comme celles utilisées sur les villes de Hiroshima et Nagasaki au Japon, dans les années 40. Tout autour de l’édifice, plus de 29 vaisseaux aériens, dont plusieurs utilisés durant la Seconde Guerre mondiale ou au Vietnam, dorment sagement sur la pelouse. Il ne faut pas un grand effort d’imagination pour les voir s’envoler, livrer combat ou vomir leurs mortelles bombes.
L’après-midi touchant à sa fin, en revenant vers notre camping, nous avons décidé d’arrêter dans un restaurant qui nous était inconnu, le Dewey Destin’s Navarre, une décision qui fut l’occasion d’une belle découverte. J’avoue que, même si l’on y sert de l’alcool et qu’il est réputé pour ses fruits de mer, au premier coup d’œil, l’apparence de ce resto s’apparente plus à un casse-croute qu’à un cinq étoiles.
À l’intérieur, les clients font la file pour commander leur repas comme on le ferait à la foire alimentaire d’un centre commercial. À la caisse, nous fûmes accueilli par Parker Destin dont le père et le grand-père étaient pêcheurs avant de se lancer dans la restauration. Implantés depuis des générations dans la région — Destin, la ville, tient d’ailleurs son nom d’un ancêtre de la famille — les Destins ont su conserver la passion pour le poisson et les fruits de mer de grande qualité.
Plusieurs fois par semaine, le père de Parker se rend aux quais voisins choisir ce qu’il y a de plus frais pour les clients du restaurant où il apporte sa récolte. Parker, un passionné de cuisine, prend alors un grand plaisir à imaginer et concocter de nouvelles recettes, à accueillir et discuter avec les clients et à recueillir leurs commentaires. Vraiment un type chaleureux et sympathique que ce gaillard !
Le lendemain matin, pour partir la journée du bon pied, nous nous sommes rendus dans une petite maison dont nous avions entendu parler et située à peine à quatre minutes à l’Est de notre camping. Tout petit, l’endroit propose une ambiance intimiste où la propriétaire, une autre passionnée, mais du café cette fois, propose une palette de différents cafés pouvant satisfaire le plus difficile des palais.
« Caffeinated », le nom de son commerce, ne saurait mieux décrire la réalité des lieux. À l’intérieur, plusieurs minuscules salons permettent, ici à un étudiant de venir compléter ses travaux scolaires dans une atmosphère encore plus calme que la bibliothèque de son High School, pendant que dans une pièce voisine, deux femmes discutent de leurs projets de la journée. À la caisse, un homme en route vers son travail s’est arrêté un instant cueillir son café matinal qu’il boira dans sa voiture.
Tracey Miller, la patronne, met un point d’honneur à connaitre par leur nom ses clients régulier et leurs gouts spécifiques en matière de café. Chaque fois qu’une personne du coin se présente à la porte, elle l’accueille personnellement, prend de ses nouvelles et s’informe de ses proches. La relation qu’elle établit avec clients est loin d’être froide, urbaine ou simplement commerciale, bien au contraire. Tout individu franchissant son seuil sort de l’anonymat et devient une personne humaine méritant d’être traitée avec chaleur et respect. Dans un tel contexte, le café n’en devient que meilleur.
C’est lors d’un séjour sur une base militaire en Allemagne où elle accompagnait son mari militaire que Tracey s’est initiée au café. Ce fut alors un véritable coup de foudre ! Séduite par la diversité et la saveur, elle découvrait l’univers du café, une boisson n’ayant aucune mesure avec l’eau de vaisselle servie dans plusieurs restaurants de son pays. Curieuse, elle fit des recherches et s’inscrivit à des cours pour approfondir sa nouvelle passion, acheta des livres et devint barista.
De retour aux États-Unis, elle décida de créer son entreprise afin de partager ses connaissances et sa passion. Aujourd’hui, chaque jour, elle initie ses clients aux différentes variétés et moutures de café et manières de le préparer ; son commerce va bien. Je dois avouer que, grâce à elle, j’ai découvert une façon de préparer le café avec un respect et une technique rappelant le rituel du thé chez les Japonais.
Après avoir quitté le Caffeinated, nous nous dirigeâmes vers Milton, une municipalité située à une trentaine de kilomètres dans les terres. Là, nous attendait l’Arcadia Mill, une propriété-musée qui nous ramène quelques siècles plus tôt, avant la guerre de Sécession, une époque où l’esclavage était encore permis. Ce musée présente aux visiteurs des artéfacts de ce mode de vie aujourd’hui disparu. À l’extérieur, en se promenant sur cette immense propriété, on peut d’ailleurs voir des vestiges des bâtiments de l’époque et du moulin où travaillaient les esclaves. Les propriétaires, la famille Simpson habitèrent longtemps la maison principale. Ils vivaient encore lors de la grande dépression au début du siècle dernier. De nombreux objets leur ayant appartenu, des photos et des tableaux explicatifs nous plongent dans cet univers révolu. Il faut compter quelques heures pour tout visiter, surtout si l’on profite de l’occasion pour y faire un pique-nique dans cette belle nature boisée et vallonnée.
Comme notre déjeuner très léger était déjà loin, sur le retour du musée, nous nous sommes arrêtés au Ye Olde Brother’s Brewery, sur la FL-87, à l’entrée de Navarre. Un restaurant brasserie typique de cette région campagnarde, où l’on sert entre autres de la viande fumée, de la pizza cuite dans un four de brique et différentes bières brassées sur place, mais aussi d’autres provenant d’ailleurs dans le monde.
À la sortie de ce restaurant, nous étions déjà rendus dans la deuxième moitié de l’après-midi. Aussi, la décision de retourner au camping, d’y relaxer et d’en profiter, mais, surtout, de sauter le souper pour mieux digérer ce que nous avions ingurgité s’imposa d’elle-même. Cela, d’autant plus que, le lendemain matin, nous devions reprendre la route vers la prochaine et dernière étape dans le Pahhandle : Pensacola.
À suivre donc…
Encore une fois, je vous invite à commenter ce billet tout en vous rappelant de m’adresser vos commentaires ou questions s’éloignant du sujet du jour à plaquerre@campingcaravaningmag.ca.
J’aime lorsque vous écrivez sur différentes destinations. Continuez!
Merci pour ce récit et les adresses partagées! Le café et le pain, deux denrées qui ne sont pas faciles à trouver à mon goût aux USA! Quand nous irons dans cette région, nous ferons le détour, c’est certain!
Très bon commentaire sur les lieux que vous visitez, toujours hâte de vs lire
Bonjour vous deux
J’aime bien ton réçit. Est-ce qu’il serait possible de mettre les tarifs des campings que vous faites.
Merci!
Jean,
Sauf exception, je préfère ne pas indiquer le tarif d’une nuitée dans un camping dont je viens de parler. La raison en est fort simple. Les tarifs d’un camping peuvent, dans certains cas, varier du simple au double selon le moment de l’année où l’on s’y rend. Conséquemment, je suggère plutôt de consulter le site web du camping, ce qui permettra au lecteur d’obtenir le montant réel qui lui sera facturé au moment de sa visite.