Mutation
La semaine dernière, un article de La Presse portant sur l’industrie du camping a attiré mon attention. Voulant en savoir plus, je me suis rendu sur le site de l’Association des terrains de camping du Québec. Ce site corporatif fourmille de données statistiques intéressantes qui tracent un portrait évolutif du camping chez nous.
Premier constat, l’industrie se porte bien. Voilà du moins la conclusion à laquelle en arrive la Direction des connaissances stratégiques de Tourisme Québec qui dans un rapport rédigé en novembre dernier, compare l’évolution du camping de 2011 à 2012 sous différents angles : ressources disponibles, achalandage, répartition par types d’usagers…
On y apprend que le nombre d’emplacements offerts par les 848 (836 en 2011) terrains répertoriés atteignait près de 113 650, en hausse de 1,4 % sur l’année précédente. Durant la même période, l’achalandage progressait de 2,8 %. On constate donc que la demande pour des terrains augmente encore plus rapidement que l’offre.
Exprimé différemment, cela signifie que nous sommes de plus en plus nombreux à rivaliser pour obtenir un emplacement sur un camping et, si la tendance se maintient, les choses ne feront qu’empirer. Bien sûr, il s’agit de la réalité perçue par le caravanier en moi, car, pour l’exploitant d’un terrain de camping, la nouvelle est plutôt réjouissante et porteuse de bonnes affaires.
Autre point important de l’étude à souligner, une augmentation de 3,7 % du nombre de campeurs saisonniers. Bien que l’étude ne s’attarde par sur les causes de la progression du nombre de sédentaires, il n’est pas insensé de penser que l’augmentation du prix du carburant y joue un rôle déterminant.
Serait-il possible également que cette tendance à la sédentarisation comporte un effet pervers désavantageant les caravaniers voyageurs ? L’hypothèse n’est pas dénuée d’intérêt. La rareté des emplacements sur les terrains de camping pourrait inciter les voyageurs à modifier leurs habitudes et à devenir eux-mêmes saisonniers, simplement pour avoir la certitude de trouver un emplacement.
Nous nous retrouverions alors en présence d’une variante du vieux slogan de la saucisse Hygrade, plus fraîche parce que plus de gens en mangent et parce qu’ils en mangent, elle est plus fraîche. Dans ce cas-ci, des caravaniers deviendraient saisonniers parce qu’un grand nombre de leurs semblables le font et que la diminution des places pour voyageurs qui en résulte incite à devenir saisonnier pour se garantir d’un emplacement. Ce faisant, le nombre de places pour voyageurs continue de décroître et…
Dans une telle perspective, il apparaît improbable, dans un avenir prochain, d’assister à un assouplissement de certaines normes jugées excessives par les caravaniers voyageurs. Citons comme exemple, le refus de certains campings d’accepter une seule nuitée durant les weekends.
Puisque l’accroissement de la popularité du camping progresse à un rythme plus rapide que la création de nouveaux emplacements, il ne faudrait pas se surprendre d’être confronté à des engorgements de plus en plus fréquents en période de pointe. Conséquemment, la réticence, voire l’opposition farouche de certains propriétaires de camping à l’émergence d’autres ressources accessibles aux caravaniers nomades devient difficilement justifiable.
Loin, comme certains semblent le penser, de constituer une menace pour les terrains camping, la tolérance ou la création de ressources diversifiées répondant à des besoins spécifiques d’une clientèle éclatée serait profitables à tous. C’est ce que les Français ont compris puisque dans leur pays existe une cohabitation pacifique et harmonieuse entre, par exemple, les terrains de camping et les aires pour camping-cars. Axés sur une clientèle aux attentes et besoins différents, ces deux types de ressources sont en mesure de mieux définir leurs champs d’action respectifs et de se doter d’une personnalité aussi forte que distincte.
Certes, il serait difficile de demander à l’Association des terrains de camping du Québec d’amorcer une telle réflexion puisqu’elle dépasse leur champ d’action et leur mission professionnelle. Une réserve similaire s’applique aussi à la FQCC qui, à titre de partenaire de l’industrie du camping au sens large, n’a pas le mandat ni l’autorité pour activer un tel dossier.
C’est plutôt à Tourisme Québec qu’incomberait la responsabilité d’assumer une telle initiative, car, ne l’oublions pas, le camping-caravaning moderne a largement dépassé la simple activité de plein air pour devenir une activité de tourisme importante. Au-dessus de la mêlée, à l’abri de contraintes corporatistes ou de conflits d’intérêts, ce ministère, par sa mission même, possède l’autorité nécessaire pour enclencher une véritable réflexion globale sur l’avenir du camping.
Tourisme Québec pourrait ainsi amener, la FQCC, Camping Québec, l’Association des villages-relais, l’ACVRQ et peut être aussi d’autres associations ou clubs de caravaniers, sans oublier certains ministères ou organismes concernés autour d’une même table pour cerner la nouvelle réalité du camping-caravaning et développer un ensemble de ressources harmonieuses et complémentaires dignes du XXIe siècle.
Bonne suggestion et observations très justes. Mais comment Tourisme Québec obtient-il ses mandats?
Il serait très étonnant que Tourisme Québec prenne le leadership .Depuis un quinzaine d’années Tourisme Québec délégué ses responsabilités aux différentes associations,quelles soient touristiques,hôtelières ou de camping.
La FQCC au contraire pourrait initier ce projet mais celle-ci a toujours jouer au Ponce pilate lorsque vient le temps de prendre des décisions pour améliorer les conditions des campeurs.Un exemple frappant est la déréglementation de la Loi et le règlement sur les établissements touristiques.
Les gouvernements qu’ils soient Libéral ou du parti Québécois n’ont jamais reconnu l’importance du Tourisme.Tourisme Québec n’est même pas un ministère .Pensez vous que le gouvernement est intéressé à revoir sa Loi et son règlement .C’est utopique de penser cela.Ceci est mon opinion
Bonjour, je crois aussi que la FQCC devrait initier la démarche et ainsi obtenir un statut privilégié dans le dossier. Il vaut mieux s’impliquer que de se faire organiser. Ce dossier n’est pas une priorité pour le Gouvernement, il a d’autres chats et matous à débattre, mais de commencer à lancer l’idée serait selon moi une belle initiative de la FQCC.