Moteur diésel à l’avant
Question
J’aimerais savoir pourquoi on ne fabrique pas de VR avec un moteur diésel monté à l’avant comme les moteurs à essence ? Je me pose cette question depuis longtemps et personne n’a pu me répondre !
Pascal Ducharme
Réponse
J’imagine que lorsque vous affirmez qu’il ne se fabrique pas de VR avec moteur diésel monté à l’avant, vous ne parlez que des autocaravanes de classe A. Je précise ceci parce qu’il existe un très grand nombre d’autocaravanes de classe B, B+ et C qui ont recours à un diésel avant. Pensons un instant à tous les modèles utilisant la plateforme Sprinter de Mercedes et ils sont légion. Dans le cas des VR de classe C, on trouve également plusieurs marques et modèles montés sur un châssis Ford qui offrent un choix entre les deux types de motorisation.
En ce qui a trait aux autocaravanes de classe A, il est vrai que le choix est beaucoup plus restreint. Rapidement, je crois que Gulf Stream est probablement le seul constructeur qui offre encore quelques modèles avec moteur diésel avant. Leurs véhicules sont construits sur un châssis fabriqué par Freightliner nommé FRED (un acronyme qui signifie FRont Engine Diesel).
Il y a également eu le Serrano, construit par Thor Industries pendant trois ou quatre ans, jusqu’en 2013. Ce modèle reposait sur un châssis Workhorse qui n’est plus produit depuis. Son moteur avant était un MaXXforce, développé par Navistar. Il existe trois raisons principales qui ont empêché l’émergence de VR de classe A avec moteur diésel avant. Tout d’abord, il était difficile d’insérer un moteur diésel à l’avant du véhicule à moins de s’en tenir à des cylindrées de moyenne importance (respectivement 6,8 et 6,4 litres dans les modèles mentionnés ci-dessus). À l’opposé, le positionnement du diésel à l’arrière du VR, souvent sous le lit, permettait l’utilisation de moteurs d’une cylindrée supérieure à 8 litres, offrant ainsi beaucoup plus de puissance et de couple.
Le facteur bruit a également nui à la popularité du positionnement avant du diésel. En le reportant à l’arrière, le bruit devenait en quelque sorte marginal au poste de pilotage.
De plus, l’écart de prix considérable entre une motorisation avant au diésel et les VR à essence a également fait en sorte que les acheteurs ne se bousculaient pas pour en acheter. Ceux qui pouvaient s’offrir une motorisation diésel préféraient nettement les modèles à moteur arrière, avec un châssis plus robuste et beaucoup plus de volume de rangement, notamment dans les soutes sous le VR. Sans compter qu’une motorisation arrière signifie un VR dont la masse est mieux répartie, avec un rapport empattement/longueur du véhicule nettement supérieur. Il suffit pour s’en convaincre d’observer combien certaines autocaravanes de classe A présentent un porte-à-faux important à l’arrière. Conséquemment, leur tenue de route et leur maniabilité s’en trouvent compromises.
Finalement, un dernier point à ne pas négliger touche à la perception que le public a de ces deux types de véhicules. Pour plusieurs caravaniers, un VR à motorisation arrière représente le nec plus ultra en matière d’autocaravane alors que celui avec un moteur avant est perçu comme un VR de plus basse gamme. Certes, dans cette perception, il entre une part de snobisme de la part de la personne ayant les moyens de choisir ce qu’il y a de mieux.
Paul Laquerre