Mes aventures à travers le monde…
La Jordanie (1)
Permettez-moi un court rappel pour vous dire que, dans les mois qui viennent, nous allons partir à travers le monde et je vais vous raconter quelques magnifiques expériences de plein air et camping que j’ai vécues dans le cadre de mon travail ou pour notre seul plaisir. Pour mes prochains blogues, nous irons au Moyen-Orient, dans deux destinations vraiment exceptionnelles: la Jordanie d’abord, puis sa voisine, la mystérieuse Palestine où j’ai campé chez les Bédouins.

En ouverture de programme, dès le premier jour de randonnée, la Jordanie remplit ses promesses. En beauté grandiose. En dépaysement éblouissant. En accueil sympathique et en chaleur.
Pourtant, la journée a commencé d’une bien drôle de façon. Après une courte nuit à l’hôtel, voilà que je suis aiguillé au mauvais endroit pour le départ et que mon groupe part sans moi ! Je m’empresse de le rejoindre en taxi et de rattraper le bus sur l’autoroute pour finalement sauter à bord et continuer de m’engager de plus en plus profondément dans le désert, jusqu’au minuscule village de Dana. Nous y sommes au point culminant en altitude de la Jordan Trail, un long sentier de randonnée qui fait plus de 600 km de part en part du pays et qui se franchit en 44 jours. Nous nous contenterons de 80 km en 5 jours, jusqu’à Pétra. Une expédition qui débute et se termine en auberge puis en campement d’inspiration bédouine alors qu’entre les deux, nous dormons sous la tente dans des campements hyper bien organisés, dans des décors spectaculaires.
En sentier

À 1 500 mètres d’altitude, nous dominons l’extraordinaire vallée de Dana avant de nous engager dans une descente de 1 400 mètres sur 14 km de distance. La Jordan Trail s’enfonce jusqu’à une altitude négative de 50 mètres sous le niveau de la mer.
À chaque instant, le panorama nous en met plein la gueule. Cette vallée imposante nous fait traverser 4 écosystèmes différents par leur végétation et leur géologie. Nous croisons quelques bergers sur leur âne suivi de leurs chèvres bêlantes. Quelques campements bédouins très peu exotiques avec les toitures de leurs abris recouvertes de toiles de plastique. Outre cela et quelques hirondelles, c’est le calme absolu qui se reflète dans l’immensité.

Dès le matin, la chaleur s’impose puis, après avoir cassé la croute sous les pistachiers, le soleil sort l’artillerie lourde pour élever la température au-delà des 30 degrés. Pantalons et chandails longs sont de mise pour lutter contre cette chaleur. Le rythme de la marche et les pauses aux rares points d’ombre permettent de compléter le premier jour de marche sans autres dommages que les ampoules aux pieds et les ongles noircis. Le plus gros de la randonnée reste à venir. On s’en reparle.
Retour sur la rando
Me voilà enfin rendu à l’autre bout du sentier après six jours d’une aventure qui va marquer les jours qui me restent. Il n’y a rien que je déteste plus que cette obsession narcissique cherchant à « dépasser ses limites », à « aller au bout de soi-même » et autres. Bien avant de m’engager dans ce trekking sur la Jordan Trail, je savais que je serais confronté à l’inconnu. Je savais que j’irais où je ne suis jamais allé, dans tous les sens du terme. J’en ai parlé à la blague. J’ai refusé d’y penser. Mais je voulais le faire.
Avant d’aller plus loin sur ce terrain, il me faut d’abord parler de l’extraordinaire découverte de la Jordanie et des images des mille-et-une beautés qui ont occupé mon horizon depuis une semaine. Avec un super groupe de 11 autres marcheurs, journalistes et pourvoyeurs en tourisme d’aventure, nous avons foulé les pistes millénaires des grandes caravanes de marchands qui voyageaient autrefois chargées d’épices, de sel, de soie et de toutes les richesses du Moyen-Orient. Les vallées monumentales (wadi) rendues verdoyantes par les crues saisonnières traçaient le chemin du millier de chameaux à la fois qui enjambaient les cols et les passages vertigineux.

Aujourd’hui, ce sont les marcheurs, les bergers, leurs chèvres et quelques cavaliers sur leurs mulets qui suivent leurs pas. Durant le trekking, alternent les très longues descentes puis les passages au fond des wadis asséchés et les ascensions aussi soutenues qu’escarpées. Pendant tout ce temps, des paysages ahurissants ne cessent de nous éblouir. Toujours saisissants. Jamais pareils. Sculptés, peints puis érodés par la pluie et le vent. Marqués des empreintes des chercheurs d’eau.
À dire vrai, je ne crois pas que les mots arrivent à rendre justice à cet environnement désertique où seuls quelques Bédouins arrivent à vivre avec leur famille dans des campements sommaires. Cette forme de splendeur m’a fasciné par ses dimensions irréelles, son renouvèlement constant et l’incroyable faculté d’adaptation de ceux qui l’habitent, animaux et humains.
Des conditions difficiles
Quant à la randonnée elle-même, disons qu’elle s’est avérée extrême à cause de la chaleur torride que nous avons subie avec des journées qui ont toutes joué dans les 40 degrés Celsius. Conditions exceptionnelles et inhabituelles en ce début mai. Nous étions d’ailleurs le dernier groupe à faire ce circuit de 80 km en mai, avant avant que les activités ne reprennent en septembre, la chaleur étant insoutenable en été. Je pense donc que je n’aurais pas eu à vous expliquer ce que je vais vous raconter si nous avions fait cette rando plus tôt.