Mauvaise rencontre
Normalement, depuis le temps où je voyage aux États-Unis, il aurait été normal de faire preuve de plus de prudence, voire de méfiance. Pourtant, tel un novice qui en serait à sa première visite dans le sud de la Floride, je me suis fait prendre. Je vous raconte.
Lundi matin, notre réservoir septique demandait à être vidé. Comme d’habitude, je m’approche des valves pour les ouvrir. À cause du faible volume de notre seul réservoir (74 litres), cette corvée revient régulièrement tous les trois jours.
En m’accroupissant, je pose une main dans l’herbe. Pendant que je tire sur la manette permettant d’ouvrir la valve, je ressens une vive douleur à la main reposant sur le sol. Du coup, instinctivement, mon regard se détourne pour identifier la raison de la douleur. Horreur, une cinquantaine de fourmis rouges prennent un malin plaisir à me mordre férocement.
Même si ma main n’était au sol que depuis moins de dix secondes, continuellement sur un pied de guerre, des fourmis-soldats étaient montées à l’abordage. À n’en pas douter, leur ordre de mission leur imposait de ne pas faire de quartiers.
Avec une rapidité digne de mes vingt ans, je me suis relevé d’un bond. Un vrai décollage de navette spatiale. Faut-il préciser que, sur le champ, je passai moi-même en mode attaque, ou plutôt en mode défense ? Tant pis pour la cause de Brigitte Bardot, mon instinct de survie l’emporta sur le principe du respect de la vie animale. En quelques secondes, les fourmis qui continuaient à me mordre vécurent leurs derniers instants.
Toutefois, le mal était fait. Les sauvages petites bestioles avaient eu le temps de prélever plusieurs morceaux de ma peau qu’elles avaient remplacée par un venin irritant à souhait. Elles méritaient bien leur nom de « fire ants ». J’avais le poignet en feu. Une sensation de brûlure qui se propageait et gagnait en intensité.
Revenu à l’intérieur du véhicule récréatif, je me jetai sur le tube de calamine pour apaiser quelque peu la douleur et dresser un premier bilan du combat. Je voyais mon poignet enfler à vue d’oeil et pas moins de 26 points rouges semblaient se transformer en autant de volcans. Heureusement, connaissant ma faible disposition pour les allergies, il suffisait de me résigner et d’attendre que le temps répare les dégâts.
Pas question toutefois de rendre les armes et de laisser à ces malicieuses fourmis d’à peine deux millimètres le plaisir de raconter pendant des générations à leurs descendants autour d’un feu de camp (ce sont des fourmis qui font du camping, n’oubliez pas) comment elles avaient vaincu le méchant géant québécois.
Il y quelques années, dans Camping Caravaning, j’avais donné un truc pour se débarrasser des fourmis. Heureusement, depuis, j’avais gardé l’habitude de toujours emporter un peu de ce produit dans un sac « ziplock ». Trois ans déjà que j’avais concocté cette mixture et que je roulais toujours avec le même petit sac, était-il possible après tout ce temps qu’elle ait conservé son efficacité ? Il n’en coûtait rien d’essayer.
Bien, croyez-le ou non, après avoir saupoudré un peu du mélange sur le sol, je suis revenu le lendemain matin pour vérifier l’état du champ de bataille. Un calme plat contrastait avec ce qui s’y était passé la veille. Voulant m’assurer que les fourmis avaient disparu, en vrai téméraire que je suis, je risquai de mettre mon autre main sur le sol, prêt à réagir rapidement au cas où les fourmis se pointeraient à nouveau. Rien ne se passa : ni fourmis, ni morsures. Malgré l’importante bataille perdue la veille, j’avais de toute évidence gagné la guerre.
Sans doute, plusieurs d’entre vous ont oublié ma recette magique anti fourmis. Je vous la rappelle donc dans toute sa simplicité : de la mélasse en granules. On peut trouver ce produit dans les magasins préparant de la moulée pour les animaux de ferme, comme, par exemple, plusieurs coopératives agricoles.
Le sucre contenu dans la mélasse exerce une forte attraction sur les fourmis. D’expérience, j’ai noté qu’il suffit de moins d’une seule cuillerée à soupe dispersée sur le territoire des fourmis pour se débarrasser de toute la colonie. D’allégeance communiste, les fourmis rapportent les granules au nid pour les partager avec leurs compagnes. Malheureusement pour elles, la mélasse renferme aussi une bonne proportion de fer, ce que leur estomac ne peut digérer. Le festin se transforme alors en repas du condamné. Et, de mon côté, dans les jours qui suivent, je continue à me gratter.
J’imagine que ça pourrait fonctionner pour nous petites fourmis de jardin du Québec vos granules?
Aie, aie, aie, elles sont vraiment féroces ces fourmis…!!!!
Je ne suis pas certaine que je me donnerais la peine de retourner sur les lieux du drame pour les éliminer une fois piquée, mais dans un sens ce n’est pas fou: pas de récidive ni pour moi ni pour mes voisins.
Par contre, pour ma propre peau, la nuit surtout, j’ai utilisé du Benadryl, plus chimique; mais plus fort que de la calamine, non? En crème et plus encore en pilules que j’avais pris la peine d’acheter avant mon départ. Bon contre les noseum aussi.
Ah! que je vous plains et vous comprends.