Longue est la route
Cette semaine, j’ai vécu pour la deuxième fois de ma vie de caravanier un retour du sud en hiver. Lors de la première fois, en 2009, nous nous étions retrouvés en pleine tempête dans l’état de New York. L’accumulation au sol était tellement importante que le parechoc de notre Jeep Wrangler de l’époque jouait au chasse-neige. Quant à la caravane Alto derrière, elle donnait l’impression d’un traineau glissant dans la neige folle.
Les tonnes d’abrasifs déversés par les camions de la voirie ayant épuisé notre réserve de lave-glaces, nous avions été forcés de quitter l’autoroute pour nous diriger vers le village le plus près, dans les environs d’Albany, pour refaire le plein de ce précieux liquide.
Ce n’était qu’au moment de sortir de la voiture pour entrer au magasin que j’avais vraiment pris la mesure de l’épaisseur du tapis blanc. Ce constat nous avait incités à passer la nuit au motel le plus près, dans l’espoir qu’au matin, la tempête serait rendue ailleurs. Une décision inspirée puisqu’à notre réveil, les routes dégagées avaient renoué avec l’asphalte. La présence du soleil avait aussi ramené des conditions de visibilité exceptionnelles où la blancheur de la neige créait un contraste presque féérique sur le long ruban noir. Quelle folle idée nous avait pris de venir fêter la Noël au Québec !
Cette année, comme je l’ai expliqué dans un billet précédent, la raison de notre retour hâtif n’avait aucun rapport avec la famille. Elle était plutôt le résultat d’un conflit administratif opposant la durée de séjour permise aux États-Unis et notre intention de visiter les états du nord-ouest de ce pays au printemps.
À cause de la météo, revenir au Québec en hiver présente toujours un risque. Heureusement, de puissants outils, accessibles sur l’internet, existent pour aider le voyageur à évaluer l’intensité des zones à risques et projeter le déplacement des systèmes météorologiques pouvant poser problème.
Dès dimanche, les simulations sur la mouvance du mauvais temps montraient une longue bande de nuages s’étirant du Texas jusqu’à la Nouvelle-Angleterre. De la neige, souvent abondante figurait au menu, mais de façon assez localisée. Bien que ce système couvrait plusieurs états, sa modélisation démontrait que son axe sud-nord était beaucoup plus important que sa largeur (ouest-est). De plus, en observant les projections de son déplacement sur quelques jours, on pouvait facilement identifier des points où sa largeur semblait moins importante. Il fallait cependant composer avec une autre variable la présence de la chaîne de montagnes des Appalaches, elle aussi située dans un axe parallèle à la bande nuageuse.
Mardi matin, à six heures, à Port Orange, le réveil sonnait le début de la journée du départ. La veille, à l’exception de l’électricité, nous avions tout rangé et débranché les raccordements à l’eau et à l’égout. 45 minutes plus tard, nous étions sur la route alors que la nuit régnait encore sur le paysage.
Anticipant qu’en fin de journée, nous serions dans la région de Richmond en Virginie, il ne me plaisait guère d’emprunter, en direction ouest sur près de 200 km, une I-64 ascendante et risquer de me retrouver en pleine neige dans la noirceur. J’avais donc en réserve un pan B modifiant notre trajet de retour habituel.
Quitter la I-95 au moment là elle croise la I-26 pour rejoindre la I-77 et, par la suite, gagner la I-81, permettait de traverser la bande nuageuse plus au Sud, là où le risque de neige était moins élevé. Le pari était d’aller nous positionner le plus rapidement derrière la bande nuageuse problématique. De plus, ce trajet permettait de retrancher quelque 85 kilomètres à notre trajet.
Tout se déroula comme prévu. 1 100 km plus tard, aux environs de 18 h, nous atteignions Roanoke, VA. Après avoir hivérisé notre véhicule et soupé au resto, le stationnement d’un Cracker Barrel nous servi de halte pour la nuit. Au matin, un centimètre de neige recouvrait l’asphalte du stationnement alors qu’à quelques centaines de mètres tout au plus, le bitume avait conservé tous ses droits sur l’autoroute.
Le reste du trajet s’effectua dans le calme, sans embouteillages ni ralentissements. En matinée, quelques flocons, sans plus. Plutôt que de bifurquer sur la I-88 près de Binghamton et devoir traverser à nouveau les montagnes au nord d’Albany, NY, nous avons maintenu le cap sur la I-81 jusqu’à la frontière canadienne, aux Mille-Îles. 1 300 kilomètres plus tard, vers 21 h, nous récupérions notre appartement à Longueuil. Je dois avouer que j’étais assez fier de ma planification, mais surtout d’avoir parcouru 2 400 kilomètres en moins de deux jours. Au cas où vous vous poseriez la question, sachez que j’adore conduire.
Je vous rappelle, pour ne pas faire dériver le sujet du jour, de m’adresser vos question et commentaires s’en éloignant à l’adresse suivante : plaquerre@campingcaravaningmag.ca.
Vous aviez deux aides exceptionnels pour réussir ce périple; Madame La copilote et un campeur formidable.
Small is beautyful!
J aime bien cette route que nous avons emprunter au retour de notre premier voyage en floride il y a de sa un bon bout de temps , nous avions été impressionné par la montée sur la I.77 qui traverse les blue ridge .Bravo pour votre planification, retour au Québec en janvier sur l asphalte en deux jours !
Normalement c’est un bon 30 heures de route pour le trajet disons de ± Montréal à ± Daytona; certains le font en 2 jours comme des camionneurs payés à le faire, d’autres le font en 3 jours et plusieurs retraités non pressés comme moi prennent jusqu’à 5 jours car il n’y a aucune presse d’y arriver ou d’y revenir, il faut prendre le temps d’apprécier le temps très relaxe de la retraite.
En passant, même avec un gros motorisé de ± 40 pieds, c’est tout à fait agréable et tout aussi confortable que le « small is beautyfull », chacun ses goûts.
Quand il y a des tempêtes annoncées et que je dois me trouver à tel endroit tel jour, j’utilise les mêmes méthodes que Monsieur Laquerre. Cela m’a déjà très bien servi il y a quelques années lors d’une période annoncée de verglas pour une grande zone alors que nous étions au Texas . J’avais réussi à contourner la zone en question en utilisant les prévisions de Weather.com et Weathernetwork ainsi que Intellicast. Comme il l’écrit si bien.il faut avoir un plan B dans ces conditions. Par contre, si je me fais rattraper par le verglas, c’est arrêt immédiat et on attend que tout revienne à la normale.
Vous dites retrancher 85 km en prenant la 77 plutot que la 64, suis-je dans l’erreur en pensant que c’est l’inverse?
Anadia, non, Monsieur Laquerre est OK. La 26-77 est un peu plus courte que la 288-64, environ 55 kms.
Bye
La route mentionnée (81 – 77 – 26 -95) est ma route, plus jolie que la I-95 et moins occupée. La 64 est plus lente et il faut passer en ville pour un bout.
Bon hiver!
48remi, pour la 64,
on peut éviter Richmond en prenant la 288 qui nous amène de la 95 à la 64 tout en évitant Richmond.
Pareil lors de la descente vers le sud, on peut prendre la 288 avant d’Arriver à Richmond et elle nous mène directement à la 95.
Et bon hiver à vous aussi