L’obésité routière : vous connaissez ?
Il m’arrive d’aborder sur ce blogue des sujets qui, à première vue, ne semblent pas vraiment rattachés à la pratique du caravaning. Ce sera le cas ce matin. Pourtant, chaque fois que je le fais, on peut y déceler un lien, parfois ténu, parfois plus évident, mais toujours présent, ce qui sera encore le cas aujourd’hui. Encore plus rares sont les fois où mes propos s’inspirent directement de l’actualité, dans son sens général. Mais, comme il y existe toujours des exceptions, en voici une.
La semaine dernière, les médias du Québec ont fait grand cas d’une entrevue de Daniel Breton accordée au journal La Presse. Des propos d’autant significatifs qu’ils venaient d’une personne dont l’engagement est depuis longtemps reconnu en matière de questions environnementales, ayant entre autres assumé la fonction de ministre de l’Environnement dans un récent gouvernement péquiste.
Depuis son départ de la politique active, Daniel Breton n’a pas renié ses convictions et continue de militer activement pour la cause environnementale en siégeant notamment au conseil d’administration de l’Association des véhicules électriques du Québec pour laquelle il assume avec efficacité le rôle de porte-parole.
L’entrevue en question, publiée dans la Presse, suivait de peu l’annonce du dernier véhicule électrique de Tesla, une camionnette nommée Cybertruck. Elle avait pour titre une formule aussi percutante qu’accrocheuse : Véhicules électriques : Québec appelé à ne pas encourager « l’obésité routière ». Si elle vous a échappé, vous pouvez la retrouver sur le site de La Presse en cliquant sur le lien que voici https://www.lapresse.ca/actualites/politique/201912/15/01-5253871-vehicules-electriques-quebec-appele-a-ne-pas-encourager-lobesite-routiere.php.
L’article signé par Gabriel Béland citait également deux universitaires, l’un en gestion de l’énergie aux HEC et l’autre en transports à Polytechnique. Ces deux experts s’inscrivaient en faux en ce qui concerne les subventions gouvernementales à l’achat d’un véhicule électrique.
Ainsi, pour justifier son opposition à l’aide gouvernementale, le premier déplorait que celle-ci n’apportait aucune solution à la congestion, aux accidents, au manque d’activité physique ou à l’étalement urbain.
Quant à l’experte en transport de Polytechnique, elle dénonçait le manque de cohérence de la part du Gouvernement qui, d’un côté, reconnait que la congestion routière constitue un problème de taille, mais qui, en même temps, offre de l’argent aux consommateurs pour l’achat d’une auto.
Les arguments de ces personnes me sont apparus faibles et réducteurs. Dans le premier cas, il est vrai que depuis des décennies l’utilisation grandissante de l’automobile a contribué à une diminution de l’exercice et de la condition physique de plusieurs personnes. Voilà longtemps que l’on sait qu’au lieu de marcher, plusieurs préfèrent prendre leur auto pour faire une course au dépanneur, pourtant situé au coin de la rue. Mais diable, en quoi ce comportement, en progression depuis plus de 60 ans, va-t-il s’accentuer davantage parce que les voitures fonctionneront à l’électricité ? Il faut cesser d’imputer aux véhicules électriques la responsabilité de défauts de notre société apparus bien avant que l’électricité ne devienne un substitut aux carburants fossiles. Cela fait penser au vieil adage disant qui veut noyer son chien, l’accuse de la rage.
Quant à Daniel Breton, sa pensée semblait un peu plus nuancée. Certes, il est favorable à une subvention gouvernementale pour des véhicules personnels, mais il trouve que celle-ci devrait exclure les gros véhicules (pourtant, il n’y en a aucun actuellement sur le marché, une situation qui devrait durer encore pour les deux prochaines années). Cependant, il accepterait que les entrepreneurs nécessitant une camionnette pour leur travail puissent y avoir droit. Et les caravaniers désirant diminuer le niveau de la pollution atmosphérique, pourquoi en seraient-ils privés ?
Cependant, lorsque M. Breton affirme que de juteuses subventions pourraient profiter à des Québécois pour des camionnettes comme le Cybertruck ou le futur Ford F-150, je trouve qu’il pousse un peu. La subvention du Gouvernement québécois est actuellement plafonnée à 8 000 $ pour un véhicule électrique. Je suis d’accord qu’il puisse trouver cette aide juteuse dans le cas d’une Kia Niro EV, dont le prix de base est 46 905 $. Si l’on additionne à ce montant les 5 000 $ ajoutés par le Fédéral, on peut dire que l’aide est est importante puisqu’elle représente près de 28 % du prix suggéré par le fabricant. Par contre, pour le Cybertruck, dont le prix projeté ajusté au taux actuel du dollar canadien et ses frais de change donne 53 800 $, reconnaissons que le jus devient beaucoup plus clairet puisque l’aide gouvernementale ne représente plus que 14,4 %.
De plus, je trouve qu’en employant le mot « juteuse » M. Breton, tout grand défenseur de l’environnement et des véhicules électriques qu’il soit s’est tiré dans le pied. Affirmer que les subventions actuelles sont juteuses — un mot souvent associé à des qualificatifs comme disproportionné ou scandaleux — est comme reconnaître qu’elles sont trop généreuses. Cela pourrait inciter le Gouvernement à resserrer les cordons de sa bourse. Je suis passablement certain que là n’était pas l’intention de M. Breton.
La semaine prochaine, je continuerai sur le même sujet. D’ici là, vos commentaires contribueront à enrichir ma réflexion et probablement y ajouter de nouveaux éléments. Je compte sur vous.
Presentement les manufacturiers perdent en moyenne $5000 par vehicule electrique vendu. Des profits sont attendus a partir de 2021 selon eux. Comme les prix de vente sont supposes baisser avec l’offre il me semble raisonnable d’offrir une subvention aux pionniers du vehicule electrique tant pour supporter l’innovation que contribuer a stabiliser les emissions polluantes. On y gagne tous en qualite de l’air et effets sur la sante bien que la congestion urbaine demeure. Mais selon certains theoriciens ( Tony Seba par exemple ) notre facon de nous deplacer sera grandement modifiee dans les centres urbains dans les 10 prochaines annees. Il est meme avance que la propriete d’un vehicule n’aura plus d’attrait d’un point de vue pratique et economique.
On pourra louer un VR electrique pour des vacances et ne pas avoir a s’en soucier au retour. Assurances, entretien, remisage, reparations seront pris en charge par la cie de location comme ca existe presentement. Et tout le temps que l’on economise sans ces responsabilites pourra servir a faire de l’exercise pour rester en forme ou encore lire les blogues de M Laquerre.
M.Laquerre, je suis plus nuancé que vous sur le fait que les commentaires des 2 experts sont « faibles et réducteurs »; au contraire, je trouve qu’ils suscitent matière à réflexion, même si je crois à la pertinence de l’intervention gouvernementale.
Sous un autre angle, je suis moi- même davantage préoccupé par l’environnement en général et le bienfait des autos électriques. Comme disait mon père, on ne peut être contre la vertu et la tarte aux pommes; cependant, je me questionne sur l’avantage si marqué des autos électriques tenant compte de l’impact environnemental de la production des batteries lithium.
Il est toujours difficile de résumer une situation complexe par une seule mesure.
Mais pourquoi donc mêler la congestion urbaine, les voitures électriques et l’oisiveté dans la même proposition.
Gardons les sujets dans l’ordre s.v.p.
La congestion, l’environnement et la santé peuvent être lié. La congestion avec l’oisiveté aussi, mais quel est le lien entre l’oisiveté et le véhicule électrique?
Aucun, mais il y’a définitivement un lien entre la santé cardiovasculaire et les véhicules à combustion et l’économie circulaire.
Attendre une solution unique qui soignera tous les maux de la société est vain, cela n’arrivera pas.