Bien préparer son véhicule pour l’hiver permet de le protéger contre l’effet dévastateur du gel de l’eau, la prolifération de bactéries et moisissures de toutes sortes et l’accumulation d’une charge indue sur la toiture en raison des chutes de neige ou de la formation de glace. Tout cela pour préserver l’intégrité de son véhicule, conserver le plus possible son investissement et, enfin, s’assurer d’un départ aisé, le printemps venu.
À moins que vous ne passiez la saison hivernale dans un endroit chaud, deux options s’offrent à vous : entreposer le véhicule à l’extérieur ou à l’intérieur. L’extérieur s’impose pour la plupart des propriétaires en raison de son cout moindre alors que l’intérieur est habituellement réservé aux chanceux possédant un garage chauffé suffisamment grand. Bien entendu, l’entreposage intérieur élimine quelques précautions à prendre, comme celle d’enlever la neige. Toutefois, une panne d’électricité qui mettrait hors d’usage le système de chauffage et qui ferait descendre la température du garage sous la barre du 0 °C pendant plus de 24 heures pourrait avoir des conséquences catastrophiques si le véhicule n’a pas été préparé en conséquence. On pense ici au gel de l’eau dans la plomberie, tout particulièrement. Il existe tout de même une autre option, située à mi-chemin, qui consiste à garer le véhicule à l’extérieur, mais sous un abri. Quoi qu’il en soit, les raisons de préparer le véhicule pour l’entreposage se ressemblent, à quelques différences près.
À quel moment préparer le véhicule pour l’hiver ?
Hormis la réponse évidente ayant trait à l’arrêt de son utilisation, il ne faudrait pas s’inquiéter outre mesure lors des premières gelées de l’automne. En raison de la masse thermique importante du véhicule, seules les périodes où la température tombe sous zéro pendant plus de 24 heures sont à craindre. Votre véhicule n’est pas un plant de tomate ! Une nuit de gel suivie d’une journée plus chaude ne causera vraisemblablement aucun dommage.
L’eau : ennemi no 1
L’eau a la fâcheuse habitude d’augmenter de volume lorsqu’elle passe de l’état liquide à l’état solide. Cette augmentation de volume entraine l’éclatement des tubulures et tuyaux, le bris des joints et même la détérioration du réservoir du chauffe-eau. Des dommages importants sont donc à craindre si l’eau résiduelle gèle dans le système. La prolifération de bactéries peut, quant à elle, causer des problèmes d’odeurs nauséabondes qu’il sera difficile d’éliminer par la suite et qui accélérera la détérioration des matériaux (joints de caoutchouc, résine…). Deux approches s’offrent au propriétaire : l’une consiste à souffler de l’air dans les tubulures afin de purger l’eau et l’autre, à introduire un liquide antigel dans le système.
Souffler de l’air dans les tubulures et tuyaux
● Pour réussir cette opération, il faut d’abord se munir d’un petit compresseur à air. À faible pression (environ 75 lb) et un petit débit. Il faut toutefois s’équiper d’un adaptateur (une valve de vélo fixée à un filet mâle) qui se visse sur l’entrée d’eau du véhicule et sur lequel on introduit l’extrémité du pistolet à air.
● On ouvre ensuite une valve à la fois, par exemple, le robinet d’eau froide de l’évier et, par petites pulsations, on injecte de l’air. Il faut éviter de pomper de l’air de façon continue, car une trop grande pression d’air risque de causer des bris. On procède de même avec tous les autres sanitaires : lavabo de la salle de bains (un robinet à la fois), douches intérieure et extérieure…
● Pour ce qui est du chauffe-eau, après avoir vidangé le réservoir, il faut activer la valve de dérivation afin d’éviter de pousser de l’eau dans le réservoir à nouveau. Ainsi, l’eau s’évacuera de la tuyauterie (eau chaude et eau froide) seulement, sans pouvoir entrer dans le réservoir.
● Enfin, pour terminer, il faudra tout de même prendre soin de vidanger tous les réservoirs (eau potable, eaux grises et noires) et de verser du liquide antigel de plomberie dans tous les cols de cygne (lavabo, évier, toilette, douche…)
Cette méthode, utilisée par plusieurs avec un certain succès, présente toutefois le risque de laisser un peu d’eau dans le réseau. Par ailleurs, les machines à glaçons ainsi que les laveuses-sécheuses doivent être hivernisées par des professionnels.
Pomper de l’antigel dans le système
Cette méthode est simple, peu couteuse et très efficace. En fait, les étapes ressemblent beaucoup à celles énumérées précédemment à la différence près qu’on pompe ici de l’antigel plutôt que de l’air…
● Il faut d’abord vider tous les réservoirs (chauffe-eau, eaux potable, grises et noires). Si le véhicule est équipé d’une valve à trois voies à la sortie de la pompe à l’eau, l’opération est relativement simple. Sinon, il faut ouvrir le système existant. On branche alors le tuyau auxiliaire à l’entrée de la pompe et l’on règle la valve à trois voies afin qu’elle aspire l’antigel du contenant.
● Il suffit ensuite d’actionner la pompe électrique du véhicule récréatif en ouvrant une valve ou un robinet à la fois, jusqu’à ce que l’on voie le liquide rose apparaitre. La chasse d’eau de la toilette n’a besoin d’être tirée qu’une fois et la valve de dérivation du chauffe-eau doit être activée, comme mentionné plus haut. Dans ce cas aussi, les machines à glaçons et les laveuses-sécheuses doivent être traitées par des experts.
Il est à noter qu’il faut proscrire le pompage d’antigel dans les réservoirs. Cette façon de faire utilise trop de liquides, risque de diminuer l’efficacité de l’antigel par dilution avec de l’eau résiduelle et donne un mauvais gout à l’eau potable. En fait, en suivant les étapes précédentes, un contenant d’environ huit litres devrait être amplement suffisant pour effectuer toute l’opération.
Les joints d’étanchéité
En résumé, il suffit de faire le tour du véhicule au grand complet afin de repérer des fissures éventuelles qui pourraient causer des infiltrations d’eau et de réparer les joints et les dégâts, s’il y a lieu. Les réparations doivent se faire avant l’entreposage, surtout si le véhicule demeure à l’extérieur, mais cela s’applique aussi à l’entreposage intérieur, afin d’éviter que la détérioration continue. Il est à noter que le traitement contre les rayons ultraviolets ne se fait qu’au printemps toutefois.
Les batteries
Un véhicule récréatif possède une batterie associée au véhicule moteur seulement et des batteries alimentant les équipements récréatifs. Bien que celle du moteur soit généralement moins problématique, les conseils suivants concernent les deux types.
● Le gel d’une batterie la fait gonfler, brisant ses cellules intérieures et la rendant inutilisable. Afin d’en prévenir le gel, le niveau d’eau des batteries doit être vérifié et ajusté au besoin et les batteries doivent être pleinement chargées. La batterie du moteur se recharge en roulant avec le véhicule et il suffit de brancher les batteries récréatives à un chargeur de batteries à faible intensité pendant 24 heures pour les charger à bloc.
● Ensuite, on débranche toutes les connexions et l’on applique une légère couche de graisse qui protègera les contacts de la corrosion.
● Enfin, bien que cela ne soit pas essentiel, on peut toujours retirer les batteries du véhicule afin de les ranger, surélevées sur un bloc de bois, bien au chaud dans le garage. Il est cependant important de bien noter comment faire les branchements, car plus d’un propriétaire s’est retrouvé au printemps avec un casse-tête… Il est vrai que le système électrique d’un VR fonctionne avec une tension de 12 V, mais il existe des batteries de 6 V et de 12 V. Si deux batteries de 6 V branchées en série donnent bien 12 V, il faut cependant brancher celles de 12 V en parallèle afin d’éviter de créer une différence de potentiel de 24 V à la source, ce qui ferait griller plusieurs appareils lors de la mise sous tension.
La génératrice
La génératrice, quant à elle, nécessite peu de préparation, quoiqu’elle supporte mal les longues périodes de repos.
Ainsi, il serait avisé de faire fonctionner périodiquement le moteur du véhicule (de là l’intérêt de laisser les batteries en place !) et la génératrice, une bonne vingtaine de minutes en prenant soin d’allumer une chaufferette ou le ventilateur du climatiseur (seulement le ventilateur, pas le climatiseur !) afin de créer une demande énergétique. De cette façon, on prévient l’accumulation de « vernis » à l’intérieur du moteur en raison de l’évaporation d’essence, ce qui pourrait obstruer le carburateur. On retarde du même coup la formation d’oxydes sur les brosses et têtes de bougies. Bien sûr, il est toujours possible de verser un additif chimique dans l’essence afin de prévenir la formation dudit vernis, mais démarrer le moteur demeure encore la méthode la plus appropriée pour s’assurer d’un départ aisé au printemps.
Le climatiseur
Si le véhicule est entreposé à l’extérieur, il serait indiqué d’installer une housse spécialement conçue pour protéger le climatiseur. Bien adapté à sa taille, il préviendra les infiltrations de neige ou de pluie qui pourraient causer la formation de rouille sur l’arbre du moteur électrique et ainsi l’empêcher de fonctionner au printemps.
En vrac
● À l’extérieur, le propriétaire veillera à limiter l’accumulation de neige ou de glace sur la toiture afin d’éviter les surcharges de poids. Une accumulation de plus de15 cmà20 cmdevra donc être enlevée soigneusement, au début avec une pelle puis, près de la surface, avec un balai afin d’éviter d’endommager la toiture ou les appareils qui s’y trouvent.
● Le véhicule devra aussi être placé de niveau. De cette façon, une position prolongée n’induira pas de déformations àla structure. Ilfaudrait toutefois se retenir de sortir les vérins hydrauliques, car le piston exposé pourrait se corroder et, par la suite, abimer les joints, ce qui causerait des fuites d’huile. Si déposer le véhicule sur des chandelles constitue l’idéal, les affaissements de suspension et la déformation permanente des pneus ne sont pas réellement à craindre pour un entreposage de quelques mois.
● L’installation d’une housse sur le véhicule en entier peut être tentante, mais il faudra veiller à ce qu’elle ne ballote pas au vent, car le frottement risquerait d’abimer sérieusementla peinture. Enfait, il est plus avisé d’installer le véhicule sur une bâche au sol, question d’éviter que l’humidité n’aggrave la corrosion du dessous. Une application d’antirouille tous les deux ou trois ans est d’ailleurs très efficace pour maintenir l’intégrité des systèmes et des structures sous le véhicule. Enfin, on peut entrouvrir une entrée d’air (comme un ventilateur de toit, pourvu qu’il soit placé sous un capuchon d’aération) afin d’éviter que l’humidité et les odeurs désagréables s’accumulent à l’intérieur. Il faut toutefois s’assurer que l’eau ne trouvera pas ce chemin d’accès…
● Un entreposage à l’intérieur élimine évidemment les problèmes d’accumulation de neige. On peut également laisser le véhicule reposer sur ses vérins hydrauliques, car les risques de corrosion sont alors moindres. De plus, l’ouverture d’une entrée d’air est moins risquée.
Somme toute, la préparation du véhicule pour l’entreposage pendant la saison hivernale nécessite un peu de temps et de connaissances. C’est toutefois une opération essentielle ! Il est bien sûr possible de demander à son réparateur préféré de le faire à votre place. Il faudra alors compter de 60 $ à 80 $ pour le travail, dépendamment des appareils. Il reste enfin à se poser la question fondamentale : où entreposer le tout ? Que ce soit à l’extérieur ou à l’intérieur, il faut considérer l’espace requis et la sécurité de l’endroit choisi. Une fois le véhicule bien entreposé, il ne reste qu’à s’installer près du feu pour planifier les sorties de la prochaine saison…
Texte et photos : Dany Coulombe
Magazine Camping Caravaning, vol. 17/no 7, octobre-novembre 2011.
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