Les voyages forment la vieillesse

Il y a quatre ans, au terme de notre premier voyage dans le Sud-Ouest, j’avais écrit un carnet dont je reprendrai ici, si vous le permettez, de larges extraits, car je ne saurais dire mieux.
Si le corps vieillit inexorablement, l’esprit en revanche peut rester jeune. Et une des bonnes façons de le garder alerte, c’est justement de voyager. On dit souvent que les voyages forment la jeunesse. Ils forment aussi la vieillesse, qui s’en prive de moins en moins. Jadis, on disait que partir, c’est mourir un peu. Je dirais plutôt l’inverse, justement.
J’ai parfois plaisanté, au cours de ce périple comme lors du précédent, sur l’âge vénérable des caravaniers, ce qui m’inclut, bien entendu, puisque j’ai dépassé le cap des 70 ans. Mais il faut leur accorder le mérite de voyager. Certains sont même très mal en point, mais ils continuent de sillonner l’Amérique.
Il y a quatre ans, deux couples en particulier m’avaient beaucoup touché. Je me souviens d’une vieille dame qui passait dans son fauteuil roulant poussé par son mari. Puis d’une autre dame, accompagnée et encouragée par son compagnon, qui traversait péniblement un camping à l’aide de deux cannes. Peu à peu, j’ai cessé de voir les rides, la démarche hésitante, le pas peu assuré, les têtes chauves ou grises pour découvrir des gens qui s’efforcent de profiter du temps qu’il leur reste.
Les voyages nous sortent de notre routine, font travailler nos neurones, nous dépaysent, nous plongent dans l’inconnu. Surtout si l’on ose sortir du Québec trop familier. Surtout si on ne va pas toujours au même endroit, entouré des mêmes gens. Il est bon, quand on en a l’envie et le loisir, de faire face à des situations nouvelles, parfois problématiques, de jongler avec les solutions, de parler une autre langue, de rencontrer des inconnus, de découvrir d’autres paysages et d’autres mœurs.
Pour la vie de couple, le voyage constitue aussi un défi exigeant mais stimulant, notamment dans une caravane de huit mètres. Lise et moi avons de nouveau relevé le défi, cette fois pendant plus d’une année et demie. La proximité nous a rapprochés sans devenir promiscuité. Certes, nous avons dû faire çà et là des ajustements ; il y a eu des périodes plus tendues. Mais au final, nous en ressortons encore plus proches l’un de l’autre et prêts pour de nouvelles aventures.
Quelles seront-elles? Nous ne le savons pas encore. Le difficile, c’est de démêler nos intérêts multiples et divergents. Nous aimons le caravaning, certes. Mais nous aimons aussi louer des appartements et vivre parmi les gens de la place, comme nous l’avons déjà fait à Paris, à Nice, à Rome ou à Rieti, dans la campagne romaine. Nous aimons l’Amérique, mais l’Europe occupe une place privilégiée dans notre cœur. Nous aimons la nature sauvage et la campagne, mais nous nous plaisons dans les villes. C’est pourquoi un jour, on songe à retourner à Paris ou à Rieti. Mais le lendemain, on se dit que ce serait fantastique de refaire les canyons. Et le surlendemain, on a envie de découvrir le Colorado ou Terre-Neuve. Alors, laissons retomber la poussière.
En attendant, nous pouvons nous fermer les yeux et repenser aux coups de cœur que nous avons eus pendant ce long voyage et qui nous nourriront encore longtemps. Ils ont été nombreux. Notre plus belle surprise a été la Vallée de la Mort. Comme je l’ai dit dans l’interview accordée à Camping Caravaning (numéro de mai), je ne m’attendais pas à ce que ce soit si beau ; j’en suis encore émerveillé. Nous avons aussi adoré, bien entendu, les canyons de l’Arizona et de l’Utah, notamment Bryce Canyon et Monument Valley. Mais ils sont tous magnifiques. Ensuite, nous avons craint d’être blasés. Mais non! Nous avons tellement adoré la vallée de l’Okanagan que nous avons songé à nous y établir. Nous avons été heureux dans les Rocheuses. Puis, nous nous sommes pris d’affection pour le désert de la Californie, un autre lieu béni des dieux.
Des coups de cœur, nous en avons eu aussi pour des personnes. Au cours de ce périple, en effet, nous avons rencontré des gens formidables. Nous sommes restés en contact par courriel avec plusieurs d’entre eux. Le courriel, Skype et FaceTime nous ont aussi permis de garder le contact avec nos proches. Nous savions qu’ils lisaient chaque semaine nos carnets, de sorte que nous les sentions tout proches malgré la distance.
Bien sûr, nous avons eu des pépins. Mais au fond, nous avons eu beaucoup de chance. La chance de réaliser un grand périple. Si un jour je réunis ces carnets en un livre, j’écrirai en exergue, parodiant L’Odyssée d’Homère : «Heureux qui, comme Lise et Paul, a fait un long voyage».
Lise, qui a participé activement à ce blogue, vous fait pour la dernière fois ses amitiés. Quant à moi, je tiens à remercier Camping Caravaning, qui m’a accueilli, ainsi que ses lecteurs, qui chaque semaine depuis septembre 2013, ont suivi nos aventures et mésaventures. Si nous décidons de repartir en autocaravane pour une longue période, par exemple en Europe, je demanderai de nouveau à la revue de publier mes carnets.
D’ici là, ceux et celles qui ont pris plaisir à me lire pourront continuer à le faire sur mon blogue personnel (www.paulcarnet.wordpress.com). Il y est question de voyages, mais aussi de lectures, de films, d’impressions, d’humeurs, de la vie quoi!
Au plaisir de vous y retrouver.
Merci pour tout.
Merci d’avoir partagé ainsi votre vécu. Cette façon de faire permet au lecteur de se projeter dans le voyage et de s’imaginer ce qu’il pourrait lui-même vivre s’il le faisait. C’est tellement plus précieux qu’un article sans âme qui nous décrit simplement et tout en éloges une région et ses ressources.
Malgré nos 7½ mois en caravane cette année, nous ne voudrions pas renoncer pour autant aux voyages … plus traditionnels. L’Europe tient une place importante dans nos coeurs aussi. Nous avons parcouru l’Écosse en motorisé loué en Angleterre. Et nous planifions une croisière fluviale d’Amsterdam à Budapest pour bientôt.
Bons vents! Peut-être nos routes se croiseront-elles cet été, après être passés si près l’un de l’autre sans se rejoindre en Californie.
Bonjour Mr Roux
Comme vous le savez déjà nous sommes dans le processus de devenir »full timer » .Vos récits nous inspirent et de voir des gens de votre ages apprécié comme des gamins un périple de ce genre ,bravo.
Pourquoi pas faire vos voyages plus traditionnelle,et partir de ou vous seriez rendu en vr ?
Pas obligé de partir de YUL.De cette façon vous pourriez combiné vos deux passions….
Bonne réflexion et merci encore.
Sylvie et Guy
Merci M. Roux d’avoir partagé avec nous cette belle aventure. Nous avons fait un voyage semblable en 2010-2011 avec nos deux filles, alors agées de 10 et 13 ans, et je demeure convaincu que nous leur avons offert une expérience inoubliable qui leur sera utile toute leur vie. Le Canada est l’un des plus beau pays du monde, mais pour bien l’apprécier, rien de mieux que de partir à l’aventure à l’étranger. Il ne faut pas craindre de se dépayser et de découvrir d’autres cultures. Vous nous avez donné le goût de repartir à nouveau et nous vous en sommes très reconnaissants.
Bonne route et au plaisir de vous rencontrer.
Roch Giguere
Kingston, Ontario
Nous venons de revenir de voyage alors je reprends la lecture de vos carnets. Vous avez tellement raison pour les voyages, le fait de vieillir et le couple!
Je vous souhaite longue vie! J’ai adoré vous lire, vous avez une plume incroyable!
Au plaisir de vous lire!
Merci Paul pour tes beaux textes!
Ce fut un plaisir de te lire et aussi de vous rencontrer au hasard du voyage en Basse-Californie!
En espérant vous revoir bientôt, on va vous suivre sur le blogue personnel.
Hélène et Jean