Les quatre saisons
Alors que, logiquement, il aurait été sensé, en quittant Yuma, CA de mettre le cap sur San Diego, nous avons, à la dernière minute, décidé d’orienter la boussole au nord-nord-est et de faire un crochet vers Sedona. Après tout, pourquoi faudrait-il obligatoirement toujours voyager en ligne droite?
La beauté de la ville de Sedona avec ses montagnes rougeâtres suffit à justifier tous les détours du monde. Tout dans cette ville semble harmonisé. Le revêtement des maisons des commerces et autres constructions crée un amalgame ou la pierre, le stuc et le bois cohabitent avec goût. Je ne serais pas surpris outre mesure que plan d’urbanisme de la ville impose l’utilisation des nuances et des couleurs issues des montagnes à proximité.
Certains qualifient cette ville de magique en prétendant que ses montagnes créent des vortex propices à la relaxation et à la méditation. D’un naturel plutôt pragmatique et concret, je me garderai de m’aventurer sur un terrain aussi glissant que passionné, préférant laisser aux granolas et autres amateurs d’ésotérisme le soin de pérorer sur le sujet. Pour moi, peu importe les croyances ou les religions, Sedona est avant tout une très très belle ville.
À quelques kilomètres à l’ouest de Sedona, se dresse, ou plutôt s’accroche, Jerome. Ce village, décrit comme le plus vertical de l’Amérique du Nord tient à la fois à du village habité et du village fantôme. Fondé au milieu du XIXe siècle grâce à l’exploitation minière, Jerome accueillit, dans ses meilleures années, une population qui grimpa (ceux qui ont visité ce village savent combien ce mot s’impose de lui-même) à 15 000 âmes. Aujourd’hui, moins de 500 personnes y vivent encore, artistes et artisans pour la plupart, proposant leurs créations aux touristes qui les visitent.
Accrochées à flanc de montagne, à 1 600 m d’altitude, les maisons de Jerome semblent défier la gravité. Une chose est certaine, les personnes qui les ont construites avaient le goût du risque et ne connaissaient pas le vertige. De l’entrée du village à sa sortie, notre GPS indiquait une dénivellation d’environ 300 mètres. Avec une telle pente, les policiers locaux n’ont jamais à se soucier des excès de vitesse.
J’en arrive maintenant au titre de ce carnet. Après deux jours passés à Camp Verde, au Distant Drum RV Park, en banlieue de Sedona, nous avons repris la route pour nous rendre à Bullhead City, une ville à l’extrême ouest de l’Arizona, à la frontière du Nevada, sur le bord du Colorado. La meilleure route à suivre pour s’y rendre consistait à prendre la I-17 jusqu’à Flagstaff pour, par la suite, bifurquer en direction ouest sur la I-40.
Le matin de notre départ, Camp Verde nous proposait un temps d’automne. Quelques degrés à peine au dessus du point de congélation et beaucoup de soleil. Plus nous roulions vers le nord, plus l’altitude augmentait. Nous avions l’impression de rouler vers l’hiver.
De chaque côté de la route, un long boudin de neige produit par l’activité des chasse-neige grossissait à vue d’oeil. Dans la forêt logeant la route, les branches des arbres ployaient sous le poids de la neige alors que le sol était recouvert d’un tapis blanc d’un mètre d’épaisseur. Les tempêtes de ces dernières semaines avaient imposé le blanc à toute la région de Flagstaff, ville située à environ 2 600 mètres d’altitude.
Quelques heures plus tard, nous redescendions lentement vers la plaine. Petit à petit, la neige disparaissait et nous avions vraiment l’impression de rouler vers le printemps. En arrivant à Bullhead City, moins de 200 kilomètres plus loin, nous avions rattrapé l’été et le thermomètre rougissait de plaisir en affichant 23º.
En une seule journée, nous avions vécu les quatre saisons. Je comprends mieux, maintenant, pourquoi les années si passent vite.
De la part d’un lecteur nouvellement caravaniste, curieux de savoir comment s’y prennent les « pros » 🙂
Je vois que votre parcours est parfois très spontané et circuitaire.
De quelle façon choisissez-vous vos endroits où passer la nuit? Où passer quelques jours? Vous n’avez sûrement pas souvent des réservations.
Est-ce d’abord le PassportAmerica puis d’autres ressources ensuite?
Internet vous sert-il à choisir vos points d’arrêt?
Avez-vous un petit carnet où vous avez vos adresses recueillies au fil des années?
Ou cherchez-vous seulement une fois arrivés sur place???
Aussi, de quelle façon la température influence-t-elle vos décisions? Dans mon cas, nous hésitons du fond sud du Texas à remonter plus au nord parce que ça nous prendrais plus de 20 heures de route au froid pour nous rendre à Yuma, où la température semble agréable. D’où ma curiosité.
Donc, Sedona, fin mars, ça devrait aller avec mon classe B? Avez-vous des pneus d’hiver sur votre Jeep? Répondre dans le forum si, ici, ce n’est qu’un rendez-vous dominical… et amical.