La planche à pagaie, tout particulièrement celle gonflable, dont les chiffres de vente ne cessent de fracasser des records, est devenue un objet à la mode depuis quelques années. Cet engouement pour ce loisir durera-t-il ? Misons sur ses nombreuses qualités intemporelles.
C’est bien connu, en camping, on aime découvrir notre nouvel environnement en faisant un peu d’exercice. C’est pour cette raison que la pratique du vélo et de la randonnée sont si populaires. Mais il faut aussi ajouter à cela les sports nautiques pour découvrir les plans d’eau. Toutefois, un problème majeur vient nuire à la pratique de ces derniers : le transport de l’équipement. Vouloir transporter un canot ou un kayak vient cruellement nous rappeler l’espace restreint des coffres, la hauteur importante du toit et l’encombrement de celui-ci en raison des équipements installés (climatiseurs, antennes, panneaux solaires, etc.). C’est ici que brille la planche à pagaie GONFLABLE ! Elle se range dans un gros sac à dos qui peut être facilement placé dans un coffre de grandeur moyenne. Et ce n’est que le début de l’histoire.
Une histoire étonnamment longue
La planche à pagaie, ou planche à rame, est l’équivalent français du Stand Up Paddle (ou SUP) que l’on nomme aussi parfois un paddleboard. Si la mode nous semble récente, ce n’est toutefois pas d’hier que l’on se met debout dans une embarcation pour la propulser. Depuis des milliers d’années (oui, oui, vraiment), dans à peu près toutes les régions du monde, on note une forme ou l’autre de cette pratique.
Que ce soient les pêcheurs péruviens se tenant debout sur leur embarcation de roseaux (Caballitos de Totora) en la propulsant avec une longue perche de bambou ou les tribus africaines faisant avancer ainsi leur pirogue ou même, plus près de nous, les voyageurs et les Amérindiens se tenant debout dans leur canot avec une perche en main (poling), tous avaient découvert les avantages de cette position surélevée. Mais ce n’est que dans les années 1940 que des instructeurs de surf hawaiiens ont jumelé la planche de surf polynésienne à la position debout afin de mieux voir les vagues et les autres surfeurs. Si la planche à pagaie moderne a connu des soubresauts de popularité en 1960 puis en 1980, ce sont les développements matériels et techniques des années 2000 qui ont propulsé le sport dans la stratosphère mondaine. Et tout comme des souliers ou des vélos, il existe des planches pour toutes les variantes possibles du sport.
Ainsi, debout sur une planche, on peut surfer les vagues océaniques, descendre des rivières tumultueuses, parcourir de grandes distances en expédition (avec bagages), pêcher, faire du yoga, de la course de vitesse et…relaxer en explorant lentement les eaux calmes d’un plan d’eau. C’est sans contredit cette dernière pratique qui rejoint le plus d’adeptes.
La version gonflable
La planche comme telle est souvent rigide, mais celle qui nous intéresse ici est gonflable et par le fait même, facile à ranger et à transporter. Il est intéressant de noter que la qualité des planches gonflables a fait de grands progrès ces dernières années. Même s’il est encore impossible de produire des formes aussi subtiles qu’en composite, la planche gonflable offre une meilleure résistance aux chocs que cette dernière, ce qui en fait une alternative intéressante sur les plans d’eau où il y a présence de roches.
Quand vient le temps de choisir une planche, plusieurs critères viennent influencer notre choix. Le type de pratique, bien entendu, mais aussi notre masse. Le pratiquant moyen choisira une planche de type polyvalente au volume assurant une flottabilité suffisante, compte-tenu de son gabarit. Cette planche tout usage a un fond plat par opposition à la forme en V (coque à déplacement) des carènes de planches destinées à la course ou aux expéditions. Bien que moins rapide, elle est plus stable et facile à faire tourner.
Une planche longue est plus rapide, offre plus de volume et de stabilité directionnelle, mais est plus lourde et peut être difficile à manoeuvrer pour le pagayeur moyen. Bien que l’on retrouve des planches de 14 pi, celles de 9 à 12 pi sont les plus populaires. Une plus grande largeur assure non seulement une plus grande stabilité, mais aussi plus d’espace pour s’y déplacer et y fixer des bagages grâce aux anneaux en D ou aux cordes élastiques. Qui dit largeur dit aussi masse supérieure… Des largeurs de 30 à 34 po sont populaires. Le volume est donc lié à la longueur et la largeur de la planche, mais aussi à son épaisseur. Une planche d’environ 6 po est quelque chose de fréquent.
Si le matériau des planches comme telles est souvent du PVC (polychlorure de vinyle), celui du tapis, qui doit être antidérapant, durable et confortable est souvent du EVA (éthylène-acétate de vinyle). Ajoutons à tout cela un nez plus ou moins pointu et relevé, une queue profilée ou carrée, une courbure longitudinale (le giron) plus ou moins prononcée, des rails aux arêtes vives ou non et des ailerons de dérive simple, double ou même quadruple et on commence à comprendre tous les facteurs qui influencent la personnalité d’une planche.
La planche à pagaie gonflable est donc une embarcation polyvalente qui s’apprivoise facilement. Elle se gonfle à 15 ou 20 lb par pouce carré (psi) en moins de 10 minutes avec une pompe manuelle à double ou triple action (50 $ à 120 $) ou même une électrique pour plus de facilité et de rapidité. Elle se range dans un gros sac à dos et pèse de 9 kg à 15 kg, ce qui, comme énoncé précédemment, en fait une embarcation des plus appropriées pour un adepte du camping. Les prix sont aussi variés que les utilisations et commencent à environ 600 $ pour aller jusqu’à 1 500 $.
Outre la planche, il faudra prévoir faire l’acquisition d’une pagaie, démontable de préférence. Si l’aluminium et le plastique sont les matériaux d’entrée de gamme (environ 100 $), la fibre de verre offre un beau rapport qualité prix (150 $ à 200 $) et le carbone demeure, quant à lui, un incontournable pour la rigidité et la légèreté (250 $ et plus). La veste de flottaison individuelle (VFI) n’est pas optionnelle, mais bien obligatoire. On peut bien entendu la porter (ou simplement l’apporter avec soi, puisque le port de la veste comme tel n’est pas obligatoire). N’importe quelle veste de mousse traditionnelle fait l’affaire mais il y a aussi l’option d’une veste gonflable, que l’on peut porter à la taille dans un sac de type banane. La plupart du temps, les planches sont vendues en ensemble qui comprend une laisse de sécurité que l’on attache à sa cheville pour éviter de se séparer de sa planche, d’un sac de transport, d’ailerons et même d’une pompe. Certains inclus aussi la pagaie.
Texte et photos : Dany Coulombe
Camper au Québec 2021
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