Les piquets de tente. Quel sujet dénué d’intérêt, non ? Soyons honnêtes. Qui, parmi vous, a déjà passé quelques minutes à réfléchir sur le choix des piquets de tente ? Non pas qu’il y ait matière à en faire une thèse de doctorat, mais tout de même, compte-tenu de la performance et du prix de l’article, qui varie beaucoup d’un modèle à l’autre, une courte réflexion s’impose. Après tout, une fois enfoncés dans le sol, on veut les oublier et qu’ils fassent le travail, non ?
D’entrée de jeu, clarifions tout de suite une chose. Les piquets ne servent pas seulement à ancrer la tente au sol. Bien sûr, placés aux quatre coins de la tente, ils préviennent que celle-ci ne devienne un objet volant plus ou moins bien identifié, mais ils servent aussi à tendre la toile afin de lui donner la forme idéale et à faciliter l’utilisation des fermetures éclair. Comme tous les campeurs devraient aussi le faire, beau temps mauvais temps, ils servent à stabiliser l’abri, surtout par journée de grand vent, alors qu’ils servent d’ancrage aux haubans. Ces haubans, d’ailleurs, n’empêchent pas seulement la tente de s’envoler, mais en augmente aussi la solidité et préviennent qu’elle ne s’effondre lors de bourrasques soudaines et brisent alors l’armature ou déchire la toile.
Ces piquets jouent le même rôle avec les abris cuisine, les bâches et les auvents. Certains peuvent même servir à ancrer au sol la laisse de Pitou ou Minou, fixer l’abri soleil sur la plage ou même amarrer le petit bateau au bord de l’eau. Avec un peu d’imagination, on peut même y trouver des usages moins communs comme celui d’ancrer le hauban d’un poteau de corde à linge ou d’un abri moustiquaire dénué d’armature. Tu parles d’un objet pratique !
Compte-tenu de ses fonctions nombreuses et des conditions d’utilisation qui peuvent varier, il est facile de comprendre qu’il en existe de plusieurs types. En effet, le piquet peut être appelé à jouer le même rôle, mais dans des situations très différentes. Par exemple, si l’usage prévoit la présence du véhicule à proximité, la taille et la masse sont de moins grandes considérations que si l’on fait de la randonnée en montagne ou du cyclotourisme, par exemple. La nature du sol a aussi un impact important sur le choix du piquet. Le sol peut être dense et compact, comme dans le cas d’une pelouse ou d’une prairie, ou dur et à la granulométrie variée comme dans le cas du gravier, avec la présence de nombreuses roches, ou à l’inverse très meuble comme dans le cas du sable ou de la neige.
Achat – Des critères à considérer
Voici donc les principaux critères à considérer lors de l’achat de cet accessoire : la taille, la forme, le matériau, la visibilité, la durabilité, la masse…et le prix. Passons rapidement en revue chaque facteur afin d’en comprendre l’importance et le rôle.
La taille fait référence ici à la longueur du piquet. Si des piquets de 10 cm sont forcément plus légers, compacts et moins dispendieux, leur résistance et surtout leur capacité d’ancrage sont clairement moindre, surtout dans un sol meuble. Un standard semble se dessiner entre 15 cm et 20 cm pour un usage courant alors que des piquets hors normes de plus de 25 cm sont clairement pour un usage particulier.
La forme jouera tout à la fois un rôle sur leur résistance à l’impact et à la flexion, ainsi que sur leur capacité à retenir la tension appliquée dans le câble. À frapper dessus avec un marteau ou une roche, il est évident qu’un piquet en forme de V ou d’étoile aura moins tendance à se déformer qu’un piquet du même matériau de forme cylindrique. Un piquet en forme de spatule, de V ou de pelle augmente la surface de contact et par le fait même la rétention dans un sol meuble comme le sable ou la neige. Des vrilles et des perforations sont aussi des détails de conception qui ont fait leurs preuves afin d’augmenter la résistance à l’arrachement.
La masse est un facteur dont l’impact est facile à comprendre. On privilégiera la légèreté lors d’activités comme la randonnée ou le cyclotourisme et ce, même au détriment de la solidité, alors que ce sera vraisemblablement l’inverse, en camping traditionnel, près du véhicule. D’environ 8 g à plus de 35 g, on parle ici d’une gamme étendue de masses. Les plus communs ont une masse d’environ 10 à 15 g. Les matériaux sont un facteur qui a une influence sur la robustesse, la masse et le prix. Si les piquets de plastiques sont généralement moins dispendieux, il faut comprendre que leur résistance à l’impact et à la flexion est souvent moindre. Mais, bonus, ils sont tout à fait immunisés contre la corrosion ! Et encore, il y a plastique et plastique. Du simple polyéthylène haute densité à l’ABS en passant par l’acétal, les performances varient beaucoup. Il y a même des piquets hybrides fait de plastique et d’aluminium. L’acier est souvent employé dans les simples piquets en forme de sardine (S), mais aussi dans les clous traditionnels en raison de son faible coût et de sa grande robustesse. Encore là, il y a plusieurs types d’acier et de revêtement protecteur. Un simple acier au carbone rouillera rapidement et tachera les housses de rangement, alors qu’un acier inoxydable sera non seulement plus résistant mécaniquement mais aussi à la corrosion. L’aluminium anodisé est un matériau de choix dans plusieurs piquets de bonne qualité. Léger et possédant une bonne résistance mécanique et à la corrosion, il est souvent profilé pour lui donner plus de robustesse. Comme pour l’acier, les alliages varient mais on retrouve le plus souvent des catégories 6000 (qualité moindre) ou 7000.
La durabilité est une qualité évidente à considérer, mais il faut la mettre en rapport avec les autres. Est-il nécessaire d’avoir un piquet super résistant si notre style de camping implique toujours de le planter dans une belle pelouse quelques fois par année ?
Évidemment, l’inverse est vrai et il peut être très frustrant, voire même dangereux, d’avoir des piquets qui se plient ou s’écrapoutillent au moment de les planter dans le sol. La visibilité, quant à elle, est probablement le facteur le moins important à considérer, mais tout de même, ça vaut bien deux ou trois mots. Si un piquet rouge ou jaune est plus visible qu’un gris métallique, seul son extrémité est visible, et dans ce cas, un hauban avec ajout de brins colorés et réfléchissants est probablement plus important pour éviter que l’on s’y enfarge.
Toutefois, comme on le verra tout de suite avec les prix, oublier dans le sol un piquet qui vaut 4 $ fait mal au portefeuille. Conséquemment, les prix sont un élément de considération non négligeable. Surtout si on pense qu’il nous faudra vraisemblablement de 4 à 8 piquets au minimum et qu’il nous arrive tous un jour, d’en oublier un, bien ancré dans le sol, à quelque part. Le simple piquet traditionnel de 15 cm en acier se détaille normalement 0,25 $ l’unité alors qu’un piquet d’aluminium profilé se vend de 1,50 $ à 4 $. Les spatules et les pelles peuvent aller jusqu’à 25 $, chacune ! De la variété, je vous disais !
En terminant, voici quelques exemples de piquets, questions de vous donner des idées. Pour l’entrée de gamme, on pense immédiatement à des sardines toutes simples en acier ou même en aluminium de chez Coghlan’s (2 $ pour 4 en acier ou 4 $ pour 4 en aluminium). Le piquet de plastique ABS de couleur jaune de Coghlan’s est un autre grand classique. Avec des longueurs allant de 15 cm (6 po) à 30 cm (12 po), les prix varient de 29 cents à 59 cents l’unité. Pour un piquet de qualité en aluminium, on pense souvent à la compagnie MSR. Leur piquet en V et ou vrillé offre un beau compromis entre légèreté, durabilité et résistance à l’arrachement. Il faudra débourser de 2 $ à 5 $ l’unité pour s’en procurer. Parmi les choix plus spécialisés, on peut penser aux spatules de MSR ou de Bulldog pour la neige ou le sable (de 2 $ à 8 $ l’unité), aux vrilles de type pieu vissé comme le Coghlan’s Ancre Twist (2,29 $), au piquet à expansion de Coghlan’s (3,49 $) ou même à l’insolite piquet lumineux à DEL de UCO (16,99 $ pour deux).
Voilà, les piquets n’ont plus de secret pour vous maintenant. Il ne reste plus qu’à faire le bon choix, les ancrer au sol… et les oublier jusqu’au moment où il faudra les déterrer lors de notre départ !
Texte et photos : Dany Coulombe
Camper au Québec 2021
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