L’épée de Damocles
Ces dernières semaines, la Floride a donné des sueurs froides aux caravaniers qui y passent l’hiver. À brûle-pourpoint, nous avons appris qu’une modification, apportée à la règlementation du transport de cet état, rétroactive au 1er janvier 2013, obligeait tout conducteur étranger à avoir en sa possession un permis de conduire international en plus du permis régulier émis par son propre gouvernement.
Dans les jours qui suivirent cette annonce pour le moins un peu cavalière, les bureaux de la CAA, organisme mandaté pour l’émission du PCI (permis de conduire international), furent pris d’assaut par des personnes voulant régulariser leur situation avant d’entreprendre un voyage au pays des oranges. De son côté, la FQCC recevait un nombre considérable d’appels provenant dans une grande proportion de caravaniers déjà en Floride, inquiets de se retrouver dans l’illégalité.
Des protestations émanant de toutes les parties du globe, principalement des pays de langue anglaise poussèrent les autorités de la Floride à faire marche arrière et à décréter un moratoire concernant cette décision. Prétextant un accroc à un traité international, il fut demandé aux policiers de suspendre l’application du règlement. Ce recul ne dupa personne, la véritable raison de ce virage à 180 degrés étant de ne pas nuire à une industrie touristique essentielle à l’économie de l’état, fragilisée par la récession.
Croyant la tempête passée, les automobilistes étrangers poussèrent un soupir de soulagement. Pourtant, la nouvelle norme n’a pas été abrogée, mais simplement suspendue. Elle existe toujours et, telle une épée de Damocles, elle pourrait frapper à tout instant, dès que les conseillers juridiques de la Floride auront trouvé une formulation adéquate pour ne pas contrevenir au traité international évoqué. Cela m’a amené à m’interroger sur le contenu du fameux traité ayant obligé la Floride à faire une telle volte-face.
En 1949, lorsque fut créée l’Organisation des Nations Unies (ONU) de nombreux groupes de discussions eurent à développer ou à harmoniser des normes, des règles, des conventions que les pays signataires s’engagèrent à respecter. À la suite de la Conférence sur la circulation routière, signée à Genève, le 19 septembre 1949, il fut établi que les pays dont le Canada et les États-Unis s’engageaient à l’article 25, paragraphe 2 à reconnaître ceci :
un état contractant pourra exiger d’un conducteur qui pénètre sur son territoire qu’il soit porteur d’un permis international de conduire conforme au modèle contenu à l’annexe 10.
19 ans plus tard, à Vienne, le 7 octobre 1968, une nouvelle conférence des pays participants ratifiait en ces mots, à l’article 41, une position similaire portant sur la validité des permis de conduire : les parties contractantes reconnaissent :
tout permis de conduire domestique (sic) émis dans la langue nationale ou dans une des langues nationales, ou, si non émis dans une telle langue, accompagné d’une traduction dûment certifiée…
C’est de ce dernier point dont s’est servie la Floride pour faire marche arrière. Selon le traité de l’ONU, la Floride ne pouvait exiger une traduction certifiée (ce qu’est le permis de conduire international) que pour les conducteurs possédant un permis de conduire rédigé dans une langue autre que l’anglais.
L’état voisin de la Floride, la Georgie, possède également une exigence relativement à la langue utilisée sur un permis de conduire. Cette mesure, en vigueur depuis plusieurs mois, se lit comme suit (ma traduction) : Les personnes ne possédant pas la citoyenneté étatsunienne, mais détenant un permis de conduire valide peuvent conduire dans l’état de Georgie à des fins touristiques ou d’affaires. Toutefois, si ce permis de conduire n’est pas rédigé en anglais, le conducteur doit également avoir en sa possession un permis de conduire international ou une traduction reconnue. Les non étatsuniens doivent obtenir un permis de conduire international de leur pays d’origine, avant d’entrer aux États-Unis.
La façon dont la Georgie a formulé son exigence permet de comprendre pourquoi ce texte n’a pas, comme celui de la Floride, suscité une vague de protestation. Tout conducteur possédant un permis de conduire rédigé en anglais n’a pas besoin d’un permis international. Cela signifie donc que les conducteurs originaires de toutes les provinces canadiennes, à l’exception du Québec, sont autorisés à conduire en Georgie avec le permis émis par leur province.
Pourquoi alors l’énoncé de la Floride a-t-il fait scandale ? Tout simplement parce que cet état avait omis de préciser que son nouveau règlement ne s’appliquait qu’aux permis rédigés dans une langue autre que l’anglais. N’eût été cette erreur, aucun Canadien des autres provinces ne se serait levé pour dénoncer le fait puisqu’il n’aurait pas été concerné par la nouvelle mesure.
Je vous parie que, dans les prochaines semaines, la Floride adoptera une formulation semblable à celle de la Georgie. À ce moment, pour obtenir le privilège de rouler dans ces états, tout caravanier ou automobiliste québécois devra avoir en sa possession un permis de conduire international valide. Nous n’aurons pas le choix.
D’ailleurs, il ne s’agit même pas d’une question de temps puisque, à moins de faire un détour par l’Alabama pour éviter la Georgie, notre actuel permis de conduire est devenu illégal pour se rendre en Floride. En terminant, deux questions demeurent en suspens.
Si, parce qu’ils ne peuvent lire le français, les policiers de la Georgie et de la Floride exigent un permis de conduire international, combien cela prendra-t-il de temps avant qu’ils demandent un certificat d’immatriculation et une preuve d’assurance rédigés dans la langue de Shakespeare ?
Qu’arriverait-il si le Québec exigeait de ses voisins canadiens et états-uniens de détenir un permis international pour conduire sur nos routes ? Je vous laisse imaginer la tempête, que dis-je, l’ouragan, le tsunami qui en résulterait. Les médias anglophones sauteraient à pieds joints sur l’occasion pour nous qualifier de racistes, de xénophobes, de… Que voulez-vous, la réciprocité que l’on exige est toujours plus acceptable que celle que l’on doit subir.
Je vous laisse sur cette pensée, car je dois aller me procurer un permis de conduire international puisque, dans une semaine, je partirai pour la Floride, ramener mon autocaravane qui a passé l’hiver au chaud, à Daytona, FL.
Et dire qu’en plus du coût pour 2 personnes (un couple) ce sera un irritant supplémentaire de devoir en faire la demande à chaque année.
Je suis de l’avis de Paul Laquerre, je pense bien qu’a courte échéance la Floride va récidiver. Je suggère alors que différents organismes tel que la FQCC, le CAA et autres commencent a faire pression sur le gouvernement du Québec pour que la SAAQ offre au moins l’option d’obtenir un permis de conduire bilingue. Déjà la Nouveau Brunswick et l’Ontario ont des permis de conduire bilingue.
Et voila, avec notre entêtement à vouloir être différent, qui en paie le prix, et bien c’est nous les québecois, quand va t’on arrêter de se tirer dans le pied?
Tout à fait d’accord avec Jacmat et Robert, tant l’énoncé de PL à l’effet que le QC exigerait un permis international, il ne faut pas charier à ma connaissance on est encore Canadien et bien loin de changer de nationalité si on se fie aux nombreux sondages.
Il est vrai que pour «donner» une contravention il faut savoir à qui la donner … mais, de là à ne pas être capable d’identifier un nom, une adresse ainsi qu’un numéro de permis c’est pas fort. Il me reviens en mémoire la polémique de l’office de la langue française pour qui «ON-OFF, ENTER» etc doit être traduit. Pourquoi ne pas opter pour un « accommodement raisonnable», non mais c’est une farce cette histoire.
Si nos permis de conduire était en allemand, en russe ou encore en chinois je comprendrais mais là c’est trop, mais n’oublions pas que même en France on exige un permis international alors que le notre est écrit en français …
Pourquoi y a juste le CAA qui peut émettre un tel document, mon notaire pourrait aussi le faire et son attestation serait plus légal que le CAA, la FQCC aussi pourrait le faire et offrir à ses membres un tarif spécial, pourquoi pas?
Allez petit québécois payer c’est la solution puis après si on fait comme les vendeurs ça ne fait que plus ou moins 0,10$ par jour, calculé ainsi rien ne coûte cher et tout est accessible, pourquoi s’en priver.
Essayer de ne plus être différents, c’est ça se tirer dans le pied.
Je ne vois qu’une solution, c’est que la SAQ prenne en main l’émission du permis international. Ils ont déjà la photo. La CAA n’ayant pas des bureaux partout, ce serait au moins ça de gagné.
À plus long terme, ils peuvent concevoir un nouveau permis pour les voyageurs aux ÉU, comme celui qui sert de passeport et le faire approuver par les États concernés.
Pour ma part, j’irai peut-être revisiter le Texas, un coup mal pris. Qui sait?
Me semble en effet que c’est bien plus important que le certificat d’immatriculation soit bilingue plutôt que le permis de conduire.
N’empêche, je compte partir le 8,9 ou 10 mars pour la Georgie et la Floride. Pour trois semaines. Qu’est-ce que je fais?
Impossible de corriger son texte. Il faut lire « SAAQ » ci-dessus.
8 mars? Il est encore temps de prendre un permis à la CAA. C’est normalement rapide. Mais encore il faut trouver un bureau de la CAA qui offre ce service. Si vous passez par la Georgie, je le ferais, ne serait-ce que pour avoir l’esprit tranquille. Si vous n’avez pas le temps, je ne m’inquièterais pas trop.
Je nous trouve tellement arriéré des fois…Pourquoi pas un permis bilingue comme proposé par un de vous….mais à quel prix??? encore une raison pour augmenter notre permis…il y a quelques années le permis international émis par la CAA était gratuit….
Etant en Floride depuis novembre dernier, j’espère ne pas avoir de problèmes à mon retour….à moins de passer par l’Alabama…je verrai
Moi aussi, je suis présentement en Floride jusqu’en avril et je traverserai le pont une fois arrivé à la rivière !
Le permis international de conduire est simplement une traduction en dix langues, dont l’anglais. La traduction dans les neuf autres langues présentées est complètement inutile vu qu’elle concerne des pays où la plupart des québécois n’aura jamais à conduire de toute façon.
Pourquoi alors devoir payer et renouveler chaque année un tel document, qui ne rentre même pas dans un porte-feuille normal vu son format de mini-passeport, alors qu’il serait très simple d’avoir un permis du Québec bilingue dont la durée est de quatre années?
Avez-vous compté le nombre de mots dont la traduction est requise sur notre permis du Québec ? Une dizaine tout au plus, incluant le titre : « Permis de conduire/ Driving permit » .
les Floridiens oublient une chose importante. De nombreuses compagnies organisent des rencontres d’affaires ou offrent des voyages pour récompenser certaines personnes pour leur performance, Ces rencontres d’affaires sont limitées dans le temps et plusieurs participants en profitent pour étirer en prenant des vacances. pour plusieurs la location d’une automobile devient une nécessité. D’autres s’organisent des voyages de motocyclistes et ils louent les motos sur place. Ces gens là choisiront d’autres destinations où ils seront les bienvenus, sans devoir subir l’irritant de devoir perdre du temps pour se procurer un permis international.
Les québécois apportent environ 1/2 milliards de dollars dans l’économie de la Floride chaque année. Je n’ai pas l’intention de demander au Québec d’émettre à tout le monde un permis bilingue pour que je puisse venir sans soucis dépenser mon fric en Floride, quand même!
Que la Floride distribue plutôt à leurs policiers un petit mémo disant:
nom = name
adresse = address
permis = permit
On paie assez pour qu’ils le fassent eux-mêmes.
Sinon, j’irai me procurer le permis international ou j’irai au Texas. Mais pas question de passer à un bilinguisme rampant au Québec. Vous connaissez le New Brunswick? Moi si. Oubliez ça.
Denis, tu rejoins bien ce que je pense. Je n’aurais pu mieux l’exprimer.
Je crois que la FQCC se doit de faire pression au gouvernement du Québec pour qu’il offre la possibilité d’émission de permis et immatriculation bilingue pour contourner ce problème.
À défaut de ne pouvoir avoir le poids que la FQCC lance une pétition dans ce sens.
Il faut aussi penser que les québécois ne sont pas les seuls en Floride avec un permis qui n’est pas rédigé en anglais. Il y a des nicaraguayens (beaucoup), mexicains, sud américains, européens…
Donc une solution édifiée chez nous ne changerait peut-être rien en Floride et la loi exigeant un permis international pourrait être maintenue malgré nos efforts pour angliciser le nôtre. Nous devons espérer que nos politiciens négocient une exception pour les canadiens, y compris les québécois, ou alors que les politiciens de la Floride craignent un exode des québécois et de leur argent et pensent eux-mêmes à nous exempter.
Reste la Georgie ensuite: Faudra voir s’ils appliqueront leur loi. Nous dépensons beaucoup moins dans cet État et y avons moins de levier pour négocier. Chose certaine, je ne voudrais pas être à la merci de leurs policiers.
Il me semble que l’on fait tout un plat pour $25 et 2 photos. Je quitte pour la Floride demain matin pour 8 semaines et je me suis procuré mon permis international. Ça ne prend que 20 minutes au CAA. Et de toute façon, je vais en avoir besoin en Europe l’été prochain.
Au moins, il n’y a pas de taxes à payer sur le $25 ! Petite consolation… :-)))))
Vous êtes sûrement de la ville. Les points de service pour le PI sont rares. Ce n’est pas le prix qui est le problème, mais de devoir faire un détour année après année pour s’en procurer un. C’est faisable mais un soucis de plus, sauf si on est de Montréal ou Québec.
M. Marcoux,
Là desus, vous avez raison. Au moins, il a un bureau de la CAA situé au Quartier 10-30 à Brossard et très accessible par l’autoroute 30 et ce n’est pas un détour pour prendre la 15 en direction des USA (poste de douane de Lacolle).
Un permis de coduire bilingue serait l’idéal mais en autant que ce ne soit pas Mme Marois qui en fasse la traduction… 😉
Selon le texte de la loi, les permis bilingues ne sont pas acceptés ni en Floride, ni en Georgie. Seuls les permis étatsuniens le sont, ainsi que les permis étrangers accompagnés d’un permis international.
Les canadiens anglais et les britanniques ont, pour l’instant, le même problème que nous. Votre proposition d’un permis bilingue ne solutionne donc rien, peu importe que vous approuviez ou non le traducteur. C’est ce qu’il faut comprendre.
Merci pour la localisation du bureau de la CAA. Ils vont être occupés à l’automne prochain!
😉
Très bon article qui m’a appris bien des choses. Pour ma part, j’ai pris un permis international le 14 février sous les recommandations du CAA avant de partir deux mois en Floride. J’ai appris le 15 février qu’il n’était plus obligatoire et j’ai communiqué avec le CAA qui m’a confirmé que l’obligation était suspendue. À mon retour, le CAA m’a remboursé 38$. Toutefois, antérieurement (depuis 9 ans) je ne savais même pas qu’il me fallait un permis international pour la Géorgie. Alors je crois que l’an prochain on va se faire avoir par les péquistes qui ne voudront pas faire un permis bilingue, du lèse majesté et patati et patata. Tu veux aller en Floride, alors paie ce que ça coûte ou va ailleurs car ils s’en foutent.