L’entre-deux
Un jour, quelqu’un déclara que l’histoire est un perpétuel recommencement. Que de sagesse résumée dans si peu de mots. Pour s’en convaincre, il suffit de regarder et d’analyser les gestes que l’on pose régulièrement, souvent d’une façon machinale.
Aujourd’hui, par exemple, je me suis rendu au terrain de camping où j’avais loué un emplacement la saison dernière. Malgré le beau temps, le camping était presque désert. Il faut dire à sa décharge qu’il ne comporte que 23 emplacements. Un camping tranquille comme il s’en trouve peu.
Toujours est-il qu’à part moi, seulement deux campeurs saisonniers s’affairaient à nettoyer leur emplacement. Impatients, ils étaient là pour racler la pelouse, ramasser des branches mortes, installer gloriette, chaises, tables et balançoire, parler aux fleurs et peut-être même leur tirer la tige pour les convaincre de pousser plus vite. Bref, exécuter des tâches qui se répètent tous les printemps.
J’ai toujours eu de la difficulté avec les changements de saisons. Même si, depuis plusieurs années, j’ai pris habitude à la douceur des hivers du sud des États-Unis, chaque fois que je reviens au Québec, j’ai l’impression de remonter dans le temps, comme si le calendrier reculait de quelques semaines.
Ainsi, il y a deux semaines, la chaleur et l’humidité qui régnaient en Floride étaient telles qu’il fallait compter sur l’aide des appareils d’air conditionné pour ramener un certain confort à l’intérieur de l’autocaravane. À peine quelques jours plus tard, de retour au pays, le mercure recommençait à frissonner et renouait avec le point de congélation au petit matin. Dans le VR, l’appareil de chauffage se réjouissait déjà d’imposer des vacances forcées à l’air conditionné. Comme moi peu friande du chauffage mécanique, Michelle préféra sortir une lourde catalogne du coffre sous lit qu’elle déposa sur les autres couvertures. Tous les deux bien emmitouflés, la chaleur humaine prit, une fois de plus, le dessus sur la froidure.
Lors qu’on y réfléchit bien, le printemps ce n’est guère plus qu’une transition plus ou moins longue, assortie de multiples soubresauts, entre l’hiver et l’été. Pourtant, immanquablement, chaque année, je trouve cette période difficile à vivre.
À chaque fois, j’ai comme l’impression d’être en présence d’un moteur dont la transmission glisse et ne parvient pas à s’embrayer correctement. Dès que le soleil commence à nous faire espérer l’été, le vent, la pluie et les gelées nocturnes s’unissent pour nous rappeler que l’hiver n’est pas encore véritablement disparu, témoignant une fois de plus de la dualité du pays dans lequel nous vivons.
Je sais bien que j’ai l’air de me plaindre, mais, en réalité, ce n’est pas le cas. La vérité est plutôt que je trépigne d’impatience. J’ai hâte que les choses deviennent claires, que la page soit définitivement tournée et que l’hiver soit vraiment derrière nous. J’ai envie que la saison de camping s’enclenche et de participer à la journée de sécurité routière organisée par la FQCC à Sherbrooke au début de mai. Dans mon esprit, cet événement constitue le premier véritable signal qu’il y aura un été.
Il m’arrive de me demander si je suis le seul à vivre un tel inconfort dans la transition de l’hiver à l’été. Si tel est le cas, je devrais peut-être songer à consulter.
L’automne est ma saison préférée. Le printemps, je pourrais m’en passer – du moins en avril.
Où est ce merveilleux camping ? Nous aimons les coin tranquille. Un camping à essayer Camping Municipal de Mont Louis.
Même si nous passons l’hiver chez nos voisins américains pour éviter les froids extrêmes, nous aimons habituellement les printemps et automnes québécois. Nous aurions toutefois pu nous passer de la dernière petite neige du 12 avril…
(Enfin la lecture des commentaires est réapparue!)
C’est ainsi les saisons québécoises 6 mois d’hiver, 2 de printemps d’été et d’automne…