L’écurie
Je sais, vous vous demandez pourquoi ce titre. Bien que cela fasse plus de trente ans que nous ayons vendu notre dernier cheval, j’ai encore souvenirs de nos balades en forêt de Chesterville à Saint-Fortunat. Je me souviens aussi de la façon dont les chevaux, sur le chemin du retour, accéléraient le pas au fur et à mesure que se rapprochait l’écurie.
Croyez-le ou non, nos chevaux de l’époque nous ont transmis leur fièvre de l’écurie. Depuis, à chaque fin d’un périple, nous pressons le mouvement lorsque sonne l’heure du retour. Nous avons beau lutter et nous conditionner à garder le rythme habituel du voyage, rien n’y fait. Immanquablement, le retour au Québec nous attire comme un aimant, avec la même intensité que nos chevaux anticipaient l’écurie.
Notre périple 2010 n’aura pas réussi à contrer la malédiction. Après nous être attardés le plus longtemps possible dans l’ouest de l’Amérique, le signal du départ vers l’est se fit entendre. Quatre jours plus tard, nous franchissions la frontière à Port Huron — Sarnia. Un trajet de près de 4 000 km parcourus au galop, comme si nous avions le mors aux dents.
Bien sûr, nous avions une bonne raison d’arriver à Toronto. Nous y avions invité nos enfants à nous y rejoindre afin d’assister à la dernière représentation du Mariage de Figaro, un opéra de Mozart, dans lequel notre fils Olivier tenait le premier rôle. Cependant, malgré notre hâte de retrouver les nôtres, le calendrier demeura immuable et continua de s’égrener à vitesse constante, tant et si bien que nous arrivâmes dans la capitale ontarienne avec trois jours d’avance. C’est bien nous ça!
La date de ces retrouvailles étant planifiée depuis des mois, j’avais pris soin d’emporter l’exemplaire de Camping Caravaning où il était question des terrains de camping à proximité de Toronto. J’avais donc, la semaine précédente, effectué une réservation au Indian Line Campground, le terrain le plus près du centre-ville.
Ce camping sous administration municipale possède toutes les qualités des parcs gouvernementaux : emplacements immenses, dont plusieurs à trois services, dans un environnement bucolique avec plan d’eau à proximité. Tout cela en milieu urbain pour une trentaine de dollars par nuitée et wi-fi en bonus. Fait inusité pour un parc gouvernemental, plusieurs des emplacements étaient occupés par des campeurs saisonniers.
La veille de notre arrivée, nous avions arrêté le compteur de kilomètres et de dépenses en traversant la frontière États-Unis — Canada. À 100 km près, l’odomètre du Jeep avait engraissé de 30 000 kilomètres tandis que notre portefeuille avait maigri de plusieurs milliers de dollars. Mais pourquoi stopper les calculs à la frontière ?
La raison en est toute simple. Lorsqu’on est nomade à plein temps, il est difficile de déterminer quand se termine un voyage puisque du moment que l’un finit, un autre commence. Comme la traversée de la frontière amène un changement de l’unité monétaire utilisée, fermer les livres à ce moment s’impose donc tout naturellement et simplifie les calculs en matière de taux de change.
Conséquemment, ainsi que je l’avais annoncé il y a quelques mois, la semaine prochaine je vous reviendrai avec une ventilation finale des dépenses encourues pour notre voyage Hiver 2009-2010.
Bienvenue au bercail, monsieur Paul!