Explorons la côte de Halifax à Kentville en effectuant une boucle dans le sens des aiguilles d’une montre. Kali, notre berger allemand, sera du voyage. C’est parti !
Nova Scotia… C’est la seule province canadienne portant un nom latin prononcé à l’anglaise. Avec une population avoisinant le million et un territoire somme toute assez petit (c’est la deuxième plus petite province du Canada, en superficie), on pourrait craindre que la population soit si dense que l’on se marche sur les pieds. Eh bien, il n’en est rien ! Avec ses 3 800 iles et sa longue côte échancrée baignée par quatre plans d’eau (Atlantique, golfe du Maine, baie de Fundy et golfe du Saint-Laurent), les amateurs de paysages marins sont bien servis. D’ailleurs, la plaque d’immatriculation des Néoécossais arbore fièrement le bleu de la mer et le blanc de l’écume en statuant bien justement qu’elle est la « cour de récréation maritime du Canada » (Canada’s ocean playground).
Question climat, qui dit Maritimes, dit fraicheur en été et tiédeur en hiver avec de bonnes précipitations et souvent une brise du large qui peut causer la formation d’un brouillard épais. C’est qu’en Nouvelle-Écosse, nous ne sommes jamais à plus de 63 kilomètres de la côte !
Grave Islands et Petite-Rivière
Roulant sur l’autoroute transcanadienne no 2 vers l’est, nous traversons la frontière séparant le Nouveau-Brunswick et la Nouvelle-Écosse. Un arrêt au bureau d’information touristique nous permet de jeter un premier coup d’oeil sur l’immensité des basses terres léchées par la baie de Chignecto. L’odeur de la mer, les marais, le vent… Les vacances commencent !
À notre deuxième journée de voyage, nous poussons vers le sud jusqu’au parc provincial de Graves Island, notre base pour les prochains jours. Du haut de la falaise, notre emplacement nous donne une vue époustouflante sur l’Atlantique. Le temps de nous installer et de commencer à cuisiner… et le brouillard nous envahit. Plus de point de vue ! Ce damné brouillard nous accompagnera pendant encore plusieurs jours. Ah, les Maritimes ! N’empêche, on ne peut visiter la région sans aller explorer Peggy’s Cove. Malgré notre arrivée très matinale, l’endroit est déjà envahi de touristes et de bus. Trouver un stationnement est un défi. Une fois à pied, je n’arrive pas à décoller l’oeil de ma caméra tant l’endroit est photogénique. Le phare, les maisons, les bateaux, tout y est. Et puis, ce brouillard qui va et qui vient, c’est quand même beau, ça crée une ambiance.
Rouler lentement sur la 333 nous permet de faire de petits arrêts au gré de nos découvertes. Ainsi, nous faisons la pause à Boutillier’s Cove près de Hackett’s Cove afin d’admirer trois petits hangars pittoresques. Un rien nous amuse ! Dans le coin, Mahone Bay est aussi un arrêt obligatoire. Plutôt sympathique avec ses trois églises de confessions différentes, le lieu est photogénique (encore). Mais la perle du coin reste très certainement Lunenburg, le port d’attache du fameux voilier Bluenose II. Le vieux village, la baie, les maisons colorées et bien restaurées, le tout est d’un charme à explorer lentement, à pied. À notre grande déception cependant, le Bluenose II est allé naviguer… au Québec ! Quelle malchance !
Notre prochain camping se trouve au parc provincial de Rissers Beach, à Petite-Rivière. Le camping est séparé en deux par la route. La partie adossée à la mer est bien, mais les emplacements sont serrés les uns sur les autres. Explorer la plage et faire une petite randonnée sur le trottoir de bois devient un rituel bien agréable. En longeant la côte, nous avons l’occasion de faire mille détours au gré des baies, longues et étroites, et de découvrir les nombreux phares qui montent encore la garde. Certains sont petits, d’autres imposants ; certains sont tout de bois, peint ou non, d’autres de béton, construits comme un bunker. Mais tous ont du caractère et nous donnent une raison de faire la pause pour humer l’air salin. Dans ce coin, il faut s’assurer d’explorer les phares de La Have, Port Medway et Fort Point. Nous passerons nos prochaines nuitées au parc provincial Thomas Raddall. De là, nous explorons le très joli village de Shelburne. Quelle belle découverte ! La rue historique est bordée de maisons restaurées et de musées. La baie est jolie et les touristes… peu nombreux. C’est le jour et la nuit avec Peggy’s Cove ou Lunenburg.
Nous prenons le temps de casser la croute sur la pelouse, à l’abri du seul arbre présent, et de parcourir les environs à notre rythme. Nous éliminons le parc national Kejimkujik de notre itinéraire en raison de sa situation géographique, trop loin dans les terres, et nous rabattons sur son « annexe » Bord de mer. Arrivée en fin d’après-midi, quand tout le monde est déjà parti, y compris le premier ministre Justin Trudeau qui y avait fait une petite allocution. Qu’à cela ne tienne, nous chargeons les sacs et mettons Kali en laisse. Une randonnée facile et agréable nous mène à deux chaises rouges déposées là par les employés du parc dans le cadre d’une vaste campagne visant à fournir une excuse pour s’arrêter et admirer le paysage. Seuls au monde alors que le soleil caresse doucement notre peau en descendant vers l’horizon, nous devons bien nous résigner à rebrousser chemin si nous voulons revenir avant la noirceur. Dans la même région, nous avons découvert l’incroyable plage de galets The Hawk, près de Clark’s Harbour. Les galets blancs réfléchissent si bien la lumière du soleil que l’eau en devient turquoise, comme dans les Caraïbes. L’endroit étant peu fréquenté, vous aurez deviné que nous y avons passé quelques heures.
Partout, des paysages renversants
Notre progression nous amène ensuite aux ports de pêche de Digby et Dennis Point, où nous faisons le plein de couleurs saturées en regardant tous ces bateaux osciller au bout de leur ancrage. À l’heure du diner, nous nous installons à la seule table à piquenique de la pointe Prim, devant un tout petit phare. Décidément, nous prenons gout à manger ainsi devant des panoramas dignes des plus belles cartes postales. Notre dernière escale est prévue au parc provincial de Blomidon. Arrivés en soirée, nous trouvons l’installation laborieuse en raison d’un féroce vent qui arrive du bassin des Mines, tout en bas. Il vente tellement que nos voisins quittent leur emplacement. Nous resterons donc seuls sur la butte à admirer le décor. Décidément, la chance nous sourit. Ce sera l’un des beaux campings du voyage. Du parc, nous partons explorer à pied le sentier Rodney qui longe la falaise et, à marée basse, nous descendons sur l’estran pour marcher dans la vase. Nous nous arrêtons un court instant au Lookoff d’Arlington pour apprécier la vue des basses terres, puis nous dirigeons vers le Paysage de Grand-Pré. Ce site inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO propose un village acadien reconstitué. Nous y passerons la journée, malgré une fine et incessante pluie, tant il y a de choses à voir et à apprendre.
On ne saurait terminer un voyage en Nouvelle-Écosse sans aller marcher encore au fond de la mer, sur cette boue rougeâtre si caractéristique de la baie de Fundy. C’est, semble-t-il, au parc provincial de Burntcoat Head que les marées sont les plus imposantes. Il arrive en effet que la marée atteigne plus de 16 mètres. Pour voir le mascaret, cette fameuse vague stationnaire qui remonte la rivière avec la marée montante et s’oppose au courant de gravité du cours d’eau, nous nous rendons au centre d’interprétation des marées, à South Maitland, sur les berges de la rivière Shubénacadie. Toujours accompagnés de notre berger allemand, qui est le bienvenu à l’intérieur du bâtiment d’accueil, nous nous rendons à l’extrémité d’un ancien pont pour voir le phénomène qui, malheureusement, fera un piètre spectacle ce jour-là. Pourtant, je me rappelle très bien y avoir surfé, en kayak de mer, des vagues de près de cinq mètres, il y a de ça plusieurs années… Mais comme le soleil est radieux, c’est tout de même une belle façon de terminer notre voyage !
Texte et photos : Dany Coulombe
Magazine Camping Caravaning, vol. 24 no 2, mai 2018
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