Le poids des mots
Ces dernières semaines, j’ai souvent discuté avec des caravaniers, mais aussi avec des exploitants de terrains de camping Français, de camping et de caravaning. Cela m’a conduit à mieux saisir les différences importantes dans la façon dont ces activités se pratiquent en Europe et en Amérique du Nord, particulièrement au Québec. Dans quelle mesure, ce qui se passe sur le Vieux Continent pourrait-il se transposer chez nous et influencer nos pratiques? Voilà une question intéressante à se poser.
Une première différence apparaît tout d’abord dans la perception même de ce que sont le camping et le caravaning. Alors qu’ici, on mélange allègrement ces deux concepts, en les utilisant indifféremment pour désigner deux réalités pourtant fort différentes, en France, pays où les mots sont définis et compris avec une plus grande précision, camping et caravaning réfèrent à deux choses bien distinctes. Depuis le temps que je tente de faire reconnaître cette différence par mes écrits (éditoriaux, articles, forums…) je dois dire que je me suis senti réconforté de voir qu’au pays de Jeanne d’Arc, ma vision des choses trouvait un écho familier.
Dans une perspective européenne, le camping, peu importe qu’il soit en tente, en caravane ou en autocaravane, est essentiellement un loisir en soi, tandis que le caravaning tient plus du moyen pour répondre à des objectifs plus «touristiques» ou de découvertes.
On pratique le camping, mais on se sert du caravaning pour visiter. Le premier constitue une activité de plein air à caractère bucolique, conviviale et agréable. Le camping se marie particulièrement bien avec la notion de vacances. Le second, le caravaning, devient un outil permettant de voyager à moindre frais, de cuisiner ses propres repas sans nécessairement avoir à toujours recourir aux restaurants, de dormir chaque soir dans son lit et d’échapper à la corvée des valises qu’il faudrait autrement vider et remplir à chaque arrêt. Dans le cas du caravaning, les mots escapades et voyages s’harmonisent parfaitement et revenaient souvent dans les conversations.
En Europe, ces concepts sont partagés et compris de tous: caravaniers ou exploitants de campings. Chacun comprend que les besoins des campeurs et des caravaniers sont différents tout autant que leurs attentes et leur demandes en matière de services. La frontière est claire et respectée. Les campings s’adressent alors à une clientèle bien ciblée et ne se sentent nullement menacés par la multitude d’aires de camping-cars qui parsèment le territoire francais et toute l’Europe. À besoins différents, réponse différente.
Chez nous, le passage du camping au caravaning s’est effectué sans que s’installe une véritable réflexion sur cette évolution. Les choses demeurant floues, les territoires et champs d’action ne se sont pas précisés ce qui a généré déception et frustration tant chez les caravaniers que chez les propriétaires de camping. Les premiers réclament plus de liberté pour jouir au maximum de l’autonomie de leur autocaravane, tandis que les autres voient une clientèle importante passer devant leur porte sans s’arrêter. Voilà qui permet peut être de mieux comprendre le climat tendu, voire même conflictuel dans lequel chacun se retrouve.
Faudrait peut-être relire Boileau qui disait que ce que l’on conçoit bien s’énonce clairement et que les mots pour le dire arrivent aisément.
Et qu’en serait-il de ceux qui demeurent six mois dans une caravane de parc ou même dans leur caravane ou leur motorisé « stationné » dans un « Resort et donc sans voyager? Ils font du camping ou du caravaning? Il faudrait peut-être une troisième terme.
Pour répondre à ClaudeL: Lorsqu’on reste sur place six mois, on fait du camping, même dans un motorisé ou dans une caravane de parc.
Je ne suis pas entièrement d’accord avec l’hypothèse que les tensions mentionnées viennent essentiellement d’une question de mots ou de concepts non acquis. Je crois plutôt que c’est une question de mentalité. Au Québec on s’attend que le consommateur soit docile et qu’il vienne s’acquitter de la facture, prime en plus, sans rechigner. Ça explique d’ailleurs aussi pourquoi tant de nos concitoyens s’accommodent depuis si longtemps de la corruption dans notre économie. Chez-nous on apprend le taxage dès la petite école, quoi. Donc il faut corriger les caravaniers délinquants pour donner l’exemple.
UGFPT,
Dormez vous avec votre casserolle et un carré rouge sur votre pyjama ?
:-)))))))))))))))))
@Claude Barette
Je n’ai pas l’habitude d’utiliser un blogue comme un forum, mais je ne peux résister de vous répondre.
Même si je ne porte ni carré rouge ni casserole je suis assez vieux et intelligent pour savoir pertinemment bien que nos jeunes sont justifiés de nous brasser la cage. Ils sont un vent de fraîcheur qui souffle sur les effluves malodorantes de nos sociétés post-modernes.
N’écoutez-vous pas les nouvelles?
J’espère que votre cage est bien brassée! :))))